Het prieel der gheestelicker melodiie
(1617)–Anoniem Het prieel der gheestelicker melodiie– AuteursrechtvrijSur le chant: Pleurez ores mes yeux.
QVand le temps fut venu en sa perfection,
Le grand Dieu eternel ayant compassion
De l’humaine nature,
Enuoya son cher filz, & tout esgal à soy,
Naistre d’vne pucelle, & faict dessoubs la loy,
Pour sauuer sa facture.
C’est le Prince de paix, qui resiouyt les coeurs,
Sortant comme vn espoux, embaumé des odeurs
De sa royalle couche,
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Pour venire deliurer ceux qui estoien couchez
Aux tenebres de mort, longuement attachez
Par l’ennemy farouche.
O nuict, heureuse nuict, n’enuie point le iour,
Reluisant plus que toy, lors qu’il vient à son tour;
Tu es plus excellente:
En ton obscure repos, esloingné de toyt bruict,
Nous voyons rayonner le soleil qui produict
La clarté permanente.
Celuy qui d’vn clin d’oeil fait esmouuoir les cieux,
Qui a fait & formé ce monde spacieux
Pour la race mortelle,
A monstré la grandeur de sa benignité,
Prenant le pesant faix de nostre humanité,
D’vne amour eternelle,
Le bon Dieu a monstré ses liberalitez,
Quand si benignement il nous a visitez
Par ce diuin mystere:
C’est le Verbe faict chair, & doux enfantelet,
Qui est ores venu sucçant le chaste laict
De la vierge sa mere.
Et comme il est venu, non pour nous condemner,
Mais par sa charité noz fautes pardonner,
Et les render appaisées;
Il a mandé du ciel la iustice & pitié,
Qui d’vne commun accord, de parfaicte amitié,
Se sont entrebaisées.
Qui ne s’esbahira de voir le ciel vouté,
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Les astres lumineux rengez de tout costé,
Et la machine ronde,
Ouvrage non-pareil de ce Dieu triumphant:
Mais qui n’admirera de le voir vn enfant,
Pour rachapter le monde.
Voicy l’aigneau de Dieu, humble, doux & courtois,
Qui semond les pecheurs de sa piteuse voix,
De courir à la crèche,
L’adorer humblement auecque les Pasteurs,
Recevoir de sa main au milieu de noz coeurs
Vne amoureuse flesche.
Vous peuples rachetez flechissez les genoux,
Esueillez voz esprits, voicy venir l’espoux:
Chantez auec les Anges,
Gloire au Deu tout puissant en ses lieux souuerains;
Et sa diuine paix soit les bons humains
Qui ayment ses louanges.
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