A la louange de la Catholique & chaste Poësie, & au mespris de l’heretique & deshoneste.
FAictes, mon Dieu, que ma Lyre d’yuoire,
Et de mon Lut les doux-bruyans accors,
Mes doigts ioüeurs, ma voix, tous mes effors
Tendent tousiours à vostre honneur & gloire.
Reueillez vous, gentile chanterelle;
Entre lacez, d’vn gracious fredon,
Le Haut, Moyer, le Bas, & Graue ton;
Chantez à Dieu quelque chanson nouuelle.
Accordons nous, par vn plaisant melange
Des Luts voutez, à noz voix mariez:
Et que noz vers doucement animez,
Chantent à Dieu eternelle louange.
Arriere donc, engence des corneilles;
Qui vas tousiours ta Venus entonnant:
Ton chant vilein est par trop deplaisant
Au coeur deuot, & aux chastes oreilles.
Retire toy loing de nostre contree;
Va-t’en cacher, qu’on ne te puisse voir,
Dans les cachots du tenebreus manoir,
Estouffe là ta voix enuenimée.
Et toy, qui plein d’heretique manie,
Fais retentir l’Athée Rimailleur,
Tay toy, car ton haleine & ta clameur
Infectent l’air de leur grand’ punaisie.
Et toy aussi, toy, qui de badinage,
Et vers peruers, barbouilles le papier,
Quitte tel ieu, c’est vn trop vil metier:
Change de ton, de note & de langage.
Mais venez ça, Chrestien, & Catholique,
Qui volontiers enchantez voz ennuis
D’vn ioly chant, ce bon liuret exquis
Vous fournira subiect sainct, & pudique.
Les pleurs suyuent les Rys.
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