Et l'enseignement du néerlandais?
L'arrêté du 14 septembre 1970, paru au Journal Officiel le 29 septembre 1970, accorde enfin au néerlandais le même statut qu'aux autres langues européennes pour l'obtention du baccalauréat. Une certaine discrimination subsiste au niveau de l'enseignement supérieur mais il est permis de penser que la construction de l'Europe et une suffisante présence du néerlandais dans le secondaire devraient tendre à l'effacer.
Mais précisément, malgré un intérêt croissant qui se manifeste dans la multiplication des cours privés, le (faux) départ d'un cours au laboratoire de langues du Port de Dunkerque, et l'ampleur que prend le cours de néerlandais en Faculté de Lille (plus de 120 étudiants) il semble que le néerlandais éprouve quelque peine à s'implanter dans le secondaire, encore que là aussi il y ait quelques exemples encourageants (C.E.G. de Bergues enparticulier).
Il n'y a rien là qui puisse étonner pour qui connaît l'inertie des structures reponsable du manque de professeurs licenciés (la Faculté de Lille ne délivre toujours qu'un simple certificat de néerlandais) et des difficultés d'un recrutement qui atteindrait nécessairement l'effectif des sections d'anglais, d'allemend, d'espagnol et d'italien existantes, quoique la croissance du nombre des élèves puisse pallier pour une part cet inconvénient.
Force est pourtant de constater qu'une certaine inertie des esprits explique elle aussi que le néerlandais n'ait pas dans les établissements secondaires de la région la place que la raison lui assigne... Il est facile à quiconque de vérifier par quelques questions posées au hasard dans la rue, à quel point les gens du Nord ignorent ce qu'est le néerlandais. Rares sont ceux qui savent qu'il constitue la langue de culture de la Hollande biensûr, mais aussi de la Belgique non francophone, soit d'environ vingt millions d'habitants de l'Europe riche; rarissimes ceux qui connaissent sa vitalité culturelle et le fait que le néerlandais ait reconquis l'élite flamande, ce qui n'est pas sans conséquence pour son intérêt futur dans la région; introuvables ceux qui mesurent l'extension réelle de l'aire linguistique néerlandaise, laquelle comprend, outre l'Afrique du Sud un secteur important de l'Allemagne.
Deux causes à cette ignorance: d'une part l'écran que constituent les luttes linguistiques belges rendues scandaleuses par une information unilatérale qui oublie leur arrière-plan social et répand la croyance en l'emiettement de patois flamands absurdement hostiles à l'universalité de la langue française; d'autre part le complexe de d'infériorité voire de culpabilité des ‘Nordistes de langue flamande’, complexe issu de la guerre (les Boches du Nord) et de l'école (le fameux signe) et qui reflue sur le néerlandais.
Qu'il me soit permis d'ignorer et d'abondonner à leur évolution normale ces sëquelles d'un passé que tout permet de croire révolu... Quelles raisons peut-on avoir de souhaiter au néerlandais la place qui lui revient? J'en vois de trois ordres: scolaires, économiques, humaines.
L'enseignant que je suis ne verrait que des avantages à proposer aux ruraux souvent déjà bilingues, une langue qui est la langue de culture de leur dialecte et qui leur donnerait accès à une agriculture très évoluée qui rencontre et parfois résoud les mêmes problèmes