Expo David Wicress (photo G. Michel).
Patrice Pion (photo C. Lemaire).
n'est pas tout-à-fait l'art abstrait. Les mots d'ailleurs n'ont pas grande importance. Ce qui compte, c'est cette recherche passionnée, tendue, libératrice, parfois, comme un coup de poing, des rapports essentiels entre les formes et les tons, le mariage original des dunes et des vagues, l'accord profond des bleus et des verts marins. Comme tant d'autres, Wicress a subi la fascination des plages du Nord. Une matière volontiers riche, une construction dépoullée et d'autant plus efficace sont bien près de lui en livrer le sécret.
Faire vivre le minéral, c'est à ce rêve têtu que s'adonne, depuis cinq ans, Patrice Pion, autre exposant de la Galerie 28. Sous ses doigts naissent des paysages cosmiques devenus, pour peu de temps encore, les derniers refuges des hantises d'évasion humaine. ‘Ame fertile’, ‘De givre et de gel’, ‘Stèle spatiale’, ‘Monde perdu’... Les titres habillent pudiquement une réalité qui nous projette un instant vers des mondes futurs ou révolus - on ne sait trop - mais nous ramène aussitôt au plus dense d'une vie intérieure avide de pureté. Une pureté qui peut conduire au silence, à la mort, ou à la préhistoire.
La Galerie Nord, 29 place Louise-de-Bettignies, est superbement installée dans l'ancien hôtel du Bon Bouillon, l'un des édifices ‘classés’ du Vieux-Lille. C'est dans ce cadre privilégié de l'époque hispano-flamande que sont présentées, pendant la saison, des manifestations artistiques parmi les plus audacieuses de la ville.
‘Les Fêtes de l'été’, séries d'aquarelles et des pastels d'Eugène Leroy, ont été accueillies avec perplexité, pour ne point dire avec fraîcheur, par la critique locale. Peut-être a-t-elle voulu y rechercher d'abord des formes identifiables, plutôt que de se laisser acapter par un foisonnement lyrique de lignes, de couleurs ardentes et d'objets à peine ébauchés. ‘Bribouillis... géniau?’ demande l'un, tandis que l'autre affirme ‘Sûrement plus qu'un coloriage.’ Une spontanéité trop vive, en tout cas, ne facilite certainement pas la ‘compréhension’, qui appelle un minimum d'accord et d'adhésion.
Leroy parti, Lempereur-Haut a fait installer ses ‘Orphisme’ dans la Galerie Nord. Curieux destin artistique que celui de ce septuagénaire qui a suivi sa route en quasi solitaire, seul détenteur d'un style abstrait aux exigences extrêmes, étroitement lié à la mathématique. Epoux de l'ancienne présidente de la commission de l'Education à l'Assemblée nationale française, aujourd'hui maire adjoint de Lille, Lempereur-Haut laissera une oeuvre rigoureuse et personnelle,