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Défournement dun gâteau de coke à Drocourt dans de Pas-de-Calais. Lorsque les travaux d'extension actuellement en cours seront terminés cette cokerie sera la plus importante d'Europe. (Photo J. Walet)
Berceau de la Carbochimie les usines de Mazingarbe dans le Pas-de-Calais disposent d'installations groupées sur une superficie de plus de 200 Ha. (Photo P. Walet)
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la conjoncture économique du nord de la france
françois pouille, adjoint au délégué général du comité interprofessionel social et économique du nord et du pas-de-calais (c.i.s.é.) ● lille
III. les atouts du nord
Une économie aux aspects contradictoires.
Les deux articles précédents ont mis en évidence les aspects contradictoires que revêt à l'heure actuelle l'économie du Nord de la France. Cette région, qui dispose d'une main-d'oeuvre abondante et de qualité, a fait prospérer sur son sol des activités variées. Elle bénéficie d'une très solide tradition industrielle et elle a joué un rôle de tout premier plan dans le développement économique de l'ensemble du pays. Le Nord a largement contribué, en particulier, à l'effort de redressement qu'il a été indispensable d'entreprendre après chacun des conflits mondiaux.
En dépit de la puissance de ses industries, la Région connait aujourd'hui des difficultés qu'il serait inutile de dissimuler. Il serait tout aussi vain de les exagérer. Mais ce qui retient surtout l'attention des observateurs depuis quelques années ce sont les taux de croissance relativement faibles des grandes branches de l'économie régionale, le manque d'activités nouvelles faisant appel aux techniques de pointe, le besoin très impérieux de renouveler les structures. La manifestation la plus voyante de cet état de fait, mais aussi la plus douloureuse, c'est dans le domaine de l'emploi que nous l'avons rencontrée. Dans les activités traditionnelles les progrès de productivité réalisés par les entreprises réduisent encore les besoins en main d'oeuvre d'industries qui, de nos jours, ne concourent que faiblement à la création de postes nouveaux. Il est donc certain que le Nord ne pourrait, en l'absence d'implantations nouvelles, donner du travail à tous les hommes qui vivent sur son sol. La modernisation des entreprises qui réside surtout, désormais, dans la réalisation d'investissements très productifs et dans l'amélioration des structures par la voie, notamment, des regroupements et fusions, semble bien souvent aller à l'encontre des intérêts de la population. Tout ceci justifie l'ampleur de l'effort de reconversion actuellement entrepris. Un organe spécialement compétent dans ce domaine a été créé il y a deux ans par les principaux représentants de l'économie régionale: L'Association pour l'Expansion Industrielle. Elle est à la fois, l'outil et le catalyseur des initiatives en matière d'implantations industrielles et de diversification des productions régionales. Son action fait
dès à présent sentir ses premiers résultats.
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Des inquiétudes dans l'immédiat.
C'est d'ailleurs par la création sur place d'activités nouvelles qu'il sera apporté un remède aux difficultés qui ont été évoquées. En effet les hommes et les femmes du Nord, très attachés à leur terre et à leurs traditions, sont effarouchés par la perspective d'une émigration forcée. Cette solution serait d'autant plus délicate que la main-d'oeuvre régionale, si elle est très courageuse, a généralement un niveau de
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qualification insuffisant pour pouvoir se réadapter facilement dans d'autres régions.
De l'intérieur donc, plus encore de l'extérieur, la situation de la Région est analysée avec inquiétude. Face à des peintures bien sombres et sans doute excessivement pessimistes de la situation présente, les appels à l'espoir des hommes qui travaillent au renouveau du Nord et gardent légitimement confiance en son avenir ne sont que trop peu écoutés ou mal compris. Les arguments qu'ils développent pour justifier leur attitude s'apparentent malheureusement, aux yeux de beaucoup, à des visions à trop long terme, mal adaptées aux grands problèmes de l'heure.
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Forces et faiblesses de l'économie du Nord.
Il est difficile, en effet, de dégager nettement les forces et les faiblesses de l'Economie du Nord de la France. Les unes et les autres se confondent ou du moins, ainsi qu'ont tenté de le montrer les développements consacrés aux industries régionales, les faiblesses procèdent des forces. En celà, d'ailleurs, le Nord de la France se rapproche beaucoup des autres zones de l'Europe du Nord-Ouest. Ces régions, en effet, ont donné un développement prodigieux aux activités textiles, métallurgiques et minières qui ont servi de base à l'industrialisation du continent. C'est à partir de ces grandes branches, et gràce à leur prospérité, que se sont organisées les infrastructures, dessinés les courants d'échange, ancrées les traditions industrielles que nous connaissons aujourd'hui.
Mais la pression des besoins et les impératifs des politiques nationales n'ont pas permis d'implanter dans ces régions les industries modernes qui auraient pu prendre le relais des activités traditionnelles, ou les compléter, surtout dans le domaine de l'emploi.
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Un environnement exceptionnel...
S'il connaît les mêmes problèmes que ses voisins de l'Europe du Nord-Ouest, le Nord bénéficie aussi des mêmes atouts. Quels sont ces atouts? Ils sont liés essentiellement à la position géographique et à l'histoire économique de ces régions. Un document récent, Le Livre blanc, établi par l'O.R.E.A.M. - Organisation d'Etude d'aménagement de l'aire métropolitaine du Nord - décrit très clairement ce qu'est la position de la Région dans l'Europe du Nord-Ouest. Il la résume d'ailleurs en rappelant qu'elle se trouve ‘au coeur de l'un des ensembles économiques les plus denses et les plus productifs du monde’ et que ‘dans une Europe où les échanges vont s'intensifier, la Région du Nord, voie de passage naturelle, va retrouver un avantage prépondérant’.
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...par sa démographie.
Des considérations démographiques permettent, avant tout, de fonder des affirmations de cet ordre; 65 millions d'hommes vivent dans un rayon de 300 à 350 kilomètres autour de la Région. Cette concentration d'habitants, et donc de consommateurs, est tout à fait remarquable. Il est vrai que ce cercle de 350 km de rayon englobe des zones urbaines qui comptent parmi les plus puissantes du monde: la région parisienne, Londres et ses banlieues, l'ensemble Ruhr-Dusseldorf-Cologne, le Ranstadt Hollandais, sans oublier toutes les grandes villes Belges. Chacune, parmi les importantes agglomérations qui entourent le Nord, dispose d'équipements de très grande qualité et représente un centre d'influence pour l'ensemble du continent.
La population de ces régions progresse à un rythme très appréciable et très régulier depuis un siècle. La partie française de cet ensemble ne vient pas, force est de le reconnaître, au premier rang sur le plan du dynamisme démographique. Les populations qui montrent le plus de
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vitalité sont, en Belgique, celle des Flandres et de la Province d'Anvers, en Allemagne, celle de la Ruhr. Le développement du Ranstadt témoigne de l'heureuse croissance démographique de la Hollande au cours des dernières décennies.
Pour l'ensemble, si la progression de population enregistrée depuis 100 ans se poursuit toujours à la même vitesse jusqu'à la fin du siècle, en l'an 2.000 on ne comptera plus 65 millions d'habitants dans un rayon de 350 Km autour du Nord, mais 100 millions.
La population concentrée autour de la Région du Nord est bien loin d'être isolée du reste du monde: son équipement portuaire est prestigieux: Rotterdam, Londres, Anvers, Le Havre, Rouen, Dunkerque et Amsterdam sont tous situés à moins de 350 Km de Lille eux aussi. Ces ports offrent à leur arrière-pays un accès sur la mer la plus fréquentée du globe. Les grands fleuves, d'autre part, constituent pour chacune de ces zones une voie de liaison avec les diverses zones du Continent Européen.
En dépit des difficultés qu'elles peuvent rencontrer, toutes ces régions, dans lesquelles le Nord de la France est étroitement inséré, consituent un ensemble économique dont les perspectives d'avenir sont très prometteuses.
L'on estime en effet que l'Europe du Nord-Ouest ne représente qu'un peu plus de 15% de l'ensemble du territoire de la Communauté Européenne. Sur ce territoire limité vivent 30% des habitants de cette même Communauté, qui réalisent 40% de sa production industrielle.
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La région, de périphérie devient centrale.
Longtemps considéré, à juste titre dans le cadre national, comme une région phériphérique, le Nord occupera, dans l'ensemble européen, une position centrale. II pourrait être tentant, évidemment, d'affirmer que le Nord ne sera plus, désormais, que la partie Sud d'une zone d'intense concentration démographique. Mais ce serait faire peu de cas de la Région Parisienne et des données politiques et sociales qui lui confirent tout son poids.
Le rôle du Nord est donc logiquement appelé à se modifier dans l'avenir pour tenir compte des orientations nouvelles que connaîtront les mouvements d'échanges et de l'adaptation des activités économiques à un espace de dimensions élargies. Ceci devrait notamment favoriser l'implantation et le développement de services modernes qui sont très insuffisamment représentés à l'heure actuelle dans le Nord, comme dans beaucoup de régions d'Europe, mais dont la présence sera indispensable dans un proche avenir.
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Le Marché Commun modifie les conditions de la concurrence.
Dans le cadre d'un Marché Commun véritable, en effet, deux mutations très profondes peuvent être attendues: tout d'abord, et c'est la conséquence logique de l'Union Douanière, le Commerce avec les pays voisins, d'exceptionnel devient courant; les marchandises circulant librement, les entraves aux exportations et aux importations étant abolies, le choix des consommateurs doit pouvoir se porter indistinctement sur des biens provenant de tous les pays de la Communauté. Quant aux producteurs, ils ne regardent plus seulement vers un marché national puis vers quelques marchés étrangers bien déterminés. Ils sont très rapidement poussés à envisager immédiatement l'ensemble du marché européen, avant tout parce que leurs concurrents eux-mêmes le font et viennent proposer leurs produits sur leur propre terrain. A cela s'ajoute également le fait que, pour bien des productions contemporaines, l'échelle des entreprises de taille même nationale, dans les pays qui sont les nôtres, et l'étendue des marchés qu'elles sont accoutumées de satisfaire sont devenues tout à fait insuffisantes.
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L'ensemble Sucrerie-Papeterie de Corbehem (Pas-de-Calais) avec, au premier plan, la centrale thermique à haute pression de la papeterie.
Une vue de la darse V du port de Dunkerque. (Photo Desrumeaux, Malo-les-Bains)
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Il importe donc que se constituent des unités industrielles puissantes, non pas parce que de la taille résulte nécessairement la rentabilité, ce qui est bien loin d'être démontré. II importe que se constituent ces unités industrielles puissantes parce que les dimensions en hommes et en capitaux doivent être adaptées à l'ampleur des actions à entreprendre pour distribuer massivement des produits qui, en raison de l'accélération du progrès technique, sont très rapidement désuets et ne peuvent être vendus que pendant un très faible nombre d'années. Ces articles à renouveler fréquemment sont élaborés avec des équipements qui eux-mêmes doivent être remplacés de plus en plus vite, en raison de leur obsolescence, phénomène économique lié, lui aussi, très directement, aux progrès des techniques. Le cadre du Marché Commun, dans la mesure où il engendre des conditions nouvelles de concurrence et où, en même temps, il ouvre la voie à une coopération entre firmes de pays différents, s'avérera particulièrement favorable à cette mutation vers des entreprises qui soient véritablement de classe européenne par leur dynamisme et leur rentabilité.
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Au moment ou le Nord repense ses structures.
Ceci concerne toutes les Régions de la C.E.E. Mais cette évolution intéresse tout particulièrement le Nord du fait de sa forte densité industurielle et de sa place dans les échanges internationaux. D'autre part, une Région dont les structures économiques sont remises en question, une Région où les besoins de rénovation et d'adaptation se font sentir avec une acuité très grande se trouve certainement au bon moment pour aborder une transformation totale de son horizon économique. Et. ici encore, le Nord peut s'orienter utilement vers les Régions voisines de l'Europe du Nord-Ouest, parce que celles-ci connaissent les mêmes problèmes et s'apprêtent à opérer les mêmes mutations.
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Comment le Nord peut-il jouer ses atouts?
La question qui peut se poser, compte tenu de cet ensemble de données qui dessinent l'environnement de l'économie de la Région du Nord, est de savoir, évidemment, de quelle manière peuvent être utilisés tous ces atouts.
La position géographique de la Région en effet est insuffisante pour apporter à elle seule un renouveau économique. Bien au contraire, les données de cet ordre ont perdu aujourd'hui de leur importance, compte tenu des facilités qu'offrent les moyens modernes de circulation: elles expliquent plus l'industrialisation passée de la Région qu'elles ne préparent son avenir.
L'avantage géographique constitue cependant l'élément essentiel d'une politique de valorisation du territoire s'appuyant sur la création d'un réseau moderne d'infrastructures de communications et télécommunications.
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Améliorer les infrastructures.
Le Nord, en effet, ne tirera profit de son environnement humain et économique dans l'Europe du Nord-Ouest, que dans la mesure où il sera bien relié avec les grands centres qui l'entourent. Les industries bénéficieront alors de deux avantages, tout à fait considérables, qui sont les facilités d'approvisionnement en matières premières et la proximité des consommateurs. Ceci vise aussi bien l'équipement portuaire que l'amélioration des liaisons ferroviaires et routières ou l'arrivée dans la Région du gaz naturel Hollandais. Les propositions de l'O.R.E.A.M. en ces matières ont été approuvées successivement, dans la Région, par la Commission de Développement Economique Régionale - CODER - et au plan du pouvoir central, par le Comité interminis- | |
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tériel d'Aménagement du territoire. La volonté d'améliorer les relations routières avec les grands centres de décision européens a été maintes fois exprimée dans la Région. Les objectifs sont, dans le sens Nord-Sud, la réalisation, déjà envisagée, d'autoroutes reliant la Région à Anvers et Bruxelles et le renforcement des liaisons avec Paris. En effet, l'autoroute A1 qui conduit à la capitale est insuffisante parce qu'elle est déjà saturée et qu'elle constitue trop exclusivement un lien entre Paris et la Métropole, ce qui est évidemment mal adapté aux besoins des autres villes de la Région.
Dans le sens Est-Ouest, la Région regarde vers la Ruhr, vers la Lorraine, et plus loin, vers le sillon Rhodanien. Le Tunnel sous la Manche devrait compléter d'une manière très heureuse cet ensemble, le Nord devenant alors véritablement le carrefour Européen que préfigure la géographie.
Ce programme peut parraitre excessivement ambitieux. Les responsables du Nord - Pas de Calais y sont cependant très fermement attachés.
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Valoriser l'équipement urbain.
C'est en grande partie grâce au réseau routier que seront valorisées les différentes agglomérations de la Région, aujourd'hui trop isolées les unes des autres. C'est aussi en facilitant les déplacements que l'on pourra tirer tout le profit voulu de la complémentarité très heureuse entre la zone côtière, avec ses ports, d'une part, et l'arrière pays industriel d'autre part.
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Renforcer les liens avec les grands centres Européens.
L'effort de rénovation des infrastructures de communication ne doit évidemment pas se limiter au domaine des autoroutes. Pour tous les autres moyens de transport, le souci majeur est également de renforcer les liaisons avec les réseaux européens. Les chemins de fer, par exemple, assurent une desserte très satisfaisante avec Paris. Il n'en est pas de même pour des lignes internationales, et pour Bruxelles, en particulier. Lille pourrait cependant jouer le rôle de gare internationale, rôle qui devrait être grandement renforcé lorsque le Tunnel sous la Manche facilitera l'écoulement du trafic vers la Grande Bretagne. Les voies navigables, qui viennent d'être améliorées grâce au canal à grand gabarit reliant Dunkerque à Valenciennes représenteront, lorsqu'elles seront rattachées au réseau belge, un atout important pour les industries lourdes. L'équipement portuaire et les transports aériens, quant à eux, ne peuvent être conçus et valorisés qu'en tenant compte de l'environnement européen.
La modernisation du système de télécommunications, enfin, constitue un élément d'un poids considérable pour l'accueil d'industries nouvelles et en même temps correspond à un besoin essentiel de la Région. De ce côté, de récentes décisions gouvernementales apportent une lueur d'espoir: le Nord a été choisi comme région pilote pour l'automatisation intégrale de toutes les formes de télécommunications (téléphone, télex, télé-information). Cette décision s'est immédiatement accompagnée de l'affectation de crédits et la réalisation effective de ce programme est attendue pour 1973.
Il est certes important que, par un effort d'investissement soit, maintenu, et même renforcé, l'atout que confère à la Région sa position géographique. Malgré l'importance des financements qui seront requis, en dépit du caractère ambitieux que présentent les projets actuellement proposés, il faut cependant admettre que le Nord se prépare de cette manière de simples outils qui seront au service de ses industries. Cela ne suffit pas encore pour créer un pôle de développement d'activités économiques modernes, répondant aux exigences de l'avenir.
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L'enseignement et la recherche, facteurs de développement.
Les moteurs du développement sont fournis, ainsi que nous l'enseignent les économistes américains, par l'enseignement et la recherche. Tout ce que l'on peut dire au sujet de l'insuffisante qualification de la main-d'oeuvre régionale pourrait évidemment laisser croire que, sous cet angle, le Nord est loin d'être favorisé. Il est incontestable, là encore, que les circonstances passées ont joué à l'encontre des véritables intérêts à long terme de la Région. D'une manière générale, en se préoccupant de trouver vite un emploi, les habitants de la région n'ont pas consacré un temps très long à leur formation professionnelle. Au niveau des cadres, le Nord, du fait de la réputation de son paysage et de son climat, n'a pas attiré beaucoup de diplômés des grandes écoles parisiennes. Pendant trop longtemps, en outre, industriels et universitaires ont vécu dans deux mondes différents, s'ignorant presque totalement. Il n'en est plus de même aujourd'hui et les chefs d'entreprise découvrent les possibilités que leur offre leur université, en matière de recherche notamment. La collaboration étroite entre les chercheurs appartenant à l'université et ceux qu'emploie l'industrie est entrée dans les faits avec la création en 1968 de l'Association pour le Développement des Recherches Scientifiques et Informatiques dans le Nord, ADRINORD. Celle-ci facilite la conclusion de contrats de recherche liant les laboratoires des facultés et grandes écoles d'une part, et les entreprises d'autre part. En outre, elle favorise le rapprochement entre tous les chercheurs de la Région, les aide à se mieux connaître et crée à leur intention des occasions de
rencontre. Elle offre, depuis le début de 1969, un club à ses membres et ainsi les relations Université-Industrie se feront dans un cadre agréable. ADRINORD a été créée conjointement par l'Université de Lille et les Industries du Nord - Pas-de-Calais représentées par le C.I.S.E. marquant ainsi leur volonté de rapprochement. Le Nord est en effet doté d'un ensemble d'écoles et de facultés extrêmement solides, appartenant soit au secteur public, soit au secteur privé.
L'ouverture toute récente, dans la banlieue de Lille, à Annappes, d'une vaste citée scientifique donne une dimension nouvelle à l'équipement de la Région en matière d'enseignement et de recherche. Autour de cet ensemble se préparent des centres de recherche intéressant directement les industries régionales (industries alimentaires, textiles) mais dont le rayonnement dépassera très largement les limites des départements du Nord et du Pas-de-Calais.
La Région retrouvera d'ailleurs son rôle économique dans la mesure où, en tous domaines, elle sera apte à dépasser ses limites traditionnelles. Ceci est vrai sur le plan de la géographie, au moment où la création de la Communauté Européenne remet en question une frontière tout à fait artificielle. Pour celà, il est indispensable que le Nord bénéficie des infrastructures dont il a besoin, et ceci ne peut se faire sans le concours du pouvoir central. Mais aussi, il convient, dès-à-présent que les problèmes d'aménagement de l'espace et d'implantations industrielles soient abordés avec le souci de préparer cette ouverture vers notre voisin immédiat, la Belgique. Quant aux limites économiques qu'a imposées pendant longtemps une spécialisation trop exclusive dans quelques grandes branches, elles seront battues en brèche grâce à une politique de diversification des productions et de lancement constant de produits nouveaux par les entreprises de la Région. Si le Nord, en effet, demande avec force l'implantation d'industries nouvelles, il entend aussi valoriser ses activités traditionnelles. Celles-ci, au prix d'un effort d'adaptation sur le plan des structures, de la technologie ou des méthodes de management, peuvent retrouver le dynamisme et la prospérité qui ont conféré à la Région tout entière ses traditions industrielles. Et c'est finalement ce contexte économique et humain qui constitue l'atout le plus considérable du Nord pour l'avenir. Encore faut-il qu'il en soit retiré tout le parti souhaitable. |
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