nie de l'écrivain roumain loan Grigorescu, il a essayé d'apporter son humble tribut et un hommage aux beautés du pays qu'ils avaient visité, et cela par la popularisation du volume ‘Poeti flamanzi’ (titre roumain de l'anthologie) et par celle de deux autres poètes belges, dont G.J. Nellens, qu'il appelle ‘un grand animateur de la poésie’.
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L'anthologie ‘Poeti flamanzi’ a eu en Roumanie de profonds échos et un double effet: premièrement, elle a attiré l'attention sur la beauté des idées et des images des poètes flamands. D'autre part, étant pourvue d'une Introduction de Karel Jonckheere, elle a ravivé l'intérêt du public pour celui-ci. Esprit concis par excellence, Jonckheere ne se contente guère dans la dite préface d'y esquisser les caractères fondamentaux de la poésie flamande. Tout au contraire, par cette esquisse même, il suscite la curiosité et la rêverie du lecteur. La préface, tout aussi bien que le volume lui-même, vous invite impérieusement à lire (ou à relire) les poèmes de Karel Jonckheere, ce grand maître de la plume. On sent le besoin presque organique de voir la manière dont ces gens des Flandres, ‘vigoureux, grands fumeurs, buveurs, débordants de santé’, guère candidats au suicide, ont su faire revivre le passé de leur pays, en le greffant sur le paysage inchangé de leurs aïeux. Le résultat est d'un doux romantisme, où perce un sain humour.
Publiés en 1965, par l'Editura Tineretului, les ‘Poèmes’ de Karel Jonckheere jouissent d'une élogieuse introduction signée par Mihai Beniuc, président de l'Union des Ecrivains de Roumanie. L'image du grand poète qu'est Jonckheere est fort heureusement complétée par un portrait (crayon) de Cik Damadian. M. Beniuc commence par l'évocation du paysage flamand, par l'image féerique de la plaine des Flandres ‘à la grasse et verte herbe, surmontée par les peupliers s'égrenant le long des canaux’, des villages ‘tapis au creux de la végétation luxuriante’, d'un monde qui semble ‘soustrait au temps et aux épreuves de la nature et de l'histoire’, un monde où le confort moderne, installé tout à son aise ausi bien à la ville qu'au village, a fait crouler la barrière qui les séparait autrefois et ailleurs.
De quelle pâte, donc, les gens habitant ce territoire, sont-ils pétris? Des hommes courageux, nous dit Beniuc, luttant pour leur liberté, se révoltant tant contre les Espagnols des siècles passés, que contre les Allemands qui les ont fait saigner si cruellement au cours des deux guerres mondiales. Un peuple auquel on n'a pu infliger des défaites. Des gens ‘travailleurs, aimant le bon manger, la boisson’, les Flamands, poursuit M. Beniuc, sont pourtant ‘taciturnes fermés, ironiques, réservés envers les inconnus’, mais, néanmoins, fidèles amis pour ceux qui leur ont prouvé leur amitié. Le passé flamand est peuplé par toute une galerie de figures légendaires. C'est, nous dit Beniuc, ‘le pays d'Ulenspiegel, Breughel, Memlinck’, le pays qui a vu naître la gloire de Rubens, de Rembrandt, le pays qui a enfanté des gens de lettres comme Charles de Coster, Verhaeren, Maeterlinck. C'est d'ici même qu'est originaire Beethoven, ajoute Beniuc, ressentant, dirait-on, une sorte de fierté pour cette pléïade.
Après cette sommaire introduction, le poète M. Beniuc esquisse à grands traits la biographie de Jonckheere, soulignant tout spécialement les différentes professions qu'il a exercées - qui lui ont facilité une profonde connaissance de la vie - et les voyages qui lui ont élargi l'horizon. Il n'en est pas moins vrai, souligne Beniuc, que les traits fondamentaux de l'oeuvre de Jonckheere ne sont ni les impressions de voyage, ni l'exotisme. L'auteur de la préface relève la grande maîtrise du poète qui a su entendre les voix du pays natal, du sang des aïeux, et l'inégalable originalité de Jonckheere à choisir les thèmes et à les traiter. Beniuc s'enflamme à juste raison lorsqu'il parle de l'humanisme, de l'universalité, de la fraternité audelà des frontières, de la haine des préjugés, car voilà bien les traits essentiels de la pensée du grand poète flamand. On mentionne, de même, le fait que Jonckheere a dédié à la Roumanie d'innombrables vers, prouvant par cela même son amitié pour ce pays.
C'est une poésie saine, dit M. Beniuc, étrangère aux vaines abstractions, et il ajoute que ces traits prouvent l'indestructible lien qui unit Jonckheere au peuple flamand, dont