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la conjoncture économique du nord de la france
françois pouille, adjoint au délégué général du comité interprofessionel social et économique du nord et du pas-de-calais (c.i.s.é.) ● lille
II. panorama des industries du nord
Une région industrielle de premier plan.
La première caractéristique des industries du Nord de la France est leur importance. Le Nord regroupe en effet 10% de l'industrie Française. Ce pourcentage mérite d'être comparé aux chiffres cités dans l'article précédent consacré au problème de l'emploi.
8% de la population française vivent dans le Nord, qui représente 2% du territoire national.
Pour de nombreuses branches, la région occupe une position véritablement prédominante. Dans le Nord sont extraits 50% des charbons français, sont produits 33% des textiles, 60% du verre plat, 25% de l'azote sous toutes ses formes. La Région détient encore 25% de la première transformation des métaux, 25% du sucre et du papier-carton, 27% de la brasserie en termes de production.
Ces chiffres impressionnants traduisent à la fois une force et une faiblesse; avoir pu faire prospérer sur son territoire une importante proportion d'une industrie est certes une force pour le Nord. Celà montre combien le terrain était, en tous domaines, adapté au fonctionnement de cette industrie. Mais ces positions dominantes masquent aussi une
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faiblesse car les industries très modernes, dites de ‘pointe’, ne sont que très peu, voire absolument pas représentées. Ainsi en est-il de l'industrie pharmaceutique, de la construction aéronautique, de l'industrie automobile, ou de l'électronique et du génie atomique.
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Les circonstances historiques n'ont pas favorisé le renouvellement des industries.
Au cours des dernières années, ces insuffisances ont été diversement interprêtées. Il était facile - et tentant pour certains - de mettre ces faits au débit de la région et de ses hommes, et de blâmer leur manque de dynamisme. L'on est évidemment fondé, dans ce cas, à douter de l'avenir et à s'inquiéter des possibilités de redressement du Nord. Mais ce jugement ne pêche pas seulement par sa sévérité et son pessimisme. Il procède aussi d'une analyse très incomplète. De nombreuses explications historiques montrent que cette situation n'est liée ni au caractère de la région ni à l'esprit d'entreprise de ses habitants.
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Les Guerres.
Ce sont bien les circonstances historiques qui ont fait que toute une partie de l'Europe, comprenant le Nord de la France, était agitée de mouvements militaires périodiques. Le Nord, bordé par une frontière non protégée, a constitué par excellence une route d'invasion. Pendant toute la première moitié du siècle, c'eût été, compte tenu des difficultés politiques de notre continent, une erreur profonde que d'implanter dans le Nord des industries dont le pays aurait besoin en cas de conflit. Aucune activité industrielle pouvant être directement utile à la Défense Nationale ne se voyait accorder l'autorisation de s'implanter dans la région.
Au contraire, tous les efforts ont tendu à rechercher les fournisseurs de la Défense Nationale dans les régions situées loin des frontières. En outre, pendant la guerre de 14-18, à la différence du dernier conflit mondial, des efforts considérables ont dû être menés pour maintenir le potentiel de guerre de la nation. Les gouvernements de l'époque se sont donc attachés à renforcer puissamment les industries de la couronne parisienne et de régions autres que le Nord.
En même temps, l'appareil industriel régional a été en grande partie détruit. Les hostilités étant terminées, les Pouvoirs Publics et les chefs d'entreprise ont eu une préoccupation essentielle: reconstruire les usines exactement comme elles existaient en 1913. Et dans leur volonté de faire renaître ce qui avait été anéanti, ils ont un peu oublié que les années s'étaient écoulées et ils ont perdu de vue l'évolution qui, dans d'autres pays du monde, s'était produite. Sans même s'en apercevoir, les pouvoirs publics et les chefs d'entreprise ont perdu pratiquement 8 années d'évolution, de 1913 à 1921.
Dès cette époque, la région a incontestablement pris un retard. Elle a laissé passer la chance de recevoir une partie de l'industrie aéronautique ou automobile, les implantations qu'on avait réalisées ailleurs étant justifiées par leur existance même.
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et les périodes d'après-guerre
Après une guerre, d'autre part, les industries dites traditionnelles doivent faire un effort considérable pour alimenter la nation en produits de première nécessité: ceci a joué de la même façon après chacun des deux conflits mondiaux. Les houillères, les industries textiles ont eu une préoccupation unique: chauffer et vêtir la population, apporter à
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la nation l'énergie indispensable. Il n'était pas question de s'interroger sur leur mutation.
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ont fortement contribué à maintenir les structures anciennes.
Les structures de l'industrie régionale, du fait de circonstances tout à fait aléatoires, ne sont donc pas celles qui auraient été souhaitées dans un monde moins troublé.
De nos jours, la menace d'une guerre européenne est écartée. En outre, les conceptions stratégiques sont complétement transformées. Les armes modernes et les techniques de subversion sont aussi menaçantes pour les villes de l'Ouest ou du Sud de la France que pour Lille. Les considérations de défense ne devraient plus avoir d'incidence sur les problèmes d'implantation. Mais l'inertie est telle, dans ce domaine des concepts, que les responsables de la Défense Nationale ne voient toujours pas dans la Région du Nord une zone bien favorable à l'implantation d'industries utiles en cas de conflit.
Aujourd'hui, le Nord souffre incontestablement de n'avoir pu saisir en temps voulu les chances offertes par les techniques et les industries nouvelles. Les activités en place ne peuvent plus répondre à elles seules à la demande d'emploi provenant de la population régionale.
Mais la situation des industries ne peut être étudiée uniquement sur un plan global. Pour prendre une vue correcte des faits actuels, il convient d'observer au moins les activités prédominantes, c'est-à-dire les charbonnages, les industries textiles et la sidérurgie et, dans une région dotée d'une importante façade maritime, les ports. Ceci ne doit pas faire oublier les autres branches, et en premier lieu, l'agriculture dont le rôle économique est important et qui s'appuie sur des industries agricoles et alimentaires puissantes et pleines d'avenir.
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Une agriculture à productivité élevée
L'agriculture emploie plus de 100.000 personnes, chiffre très voisin des effectifs totaux des houillères. Par son chiffre d'affaires, de 3 Milliards de francs par an, elle se situe en très bonne place parmi les grandes branches régionales.
Sur le plan technique, la situation de l'agriculture est excellente. Ses rendements sont très élevés en blé, en betteraves, en pommes de terre, en production laitière; tellement élevés qu'ils peuvent diffic'lement être améliorés et que le Nord perdra nécessairement dans l'avenir son avance dans ce domaine.
Ceci pose un premier problème à cette agriculture pourtant très dynamique: celui de la rentabilité des exploitations, compte tenu de la hausse constante du prix de la terre et du niveau élevé des charges, fiscales notamment, auxquelles il faut faire face. D'autres difficultés existent, plus profondes, liées au morcellement considérable des terres: la région compte 300.000 propriétaires pour 55.000 exploitations.
Les productions devraient, estiment les personnalités compétentes, être diversifiées. Aux spécialités traditionnelles que sont le blé, la pomme de terre et la betterave, devraient s'ajouter l'élevage, la production de fruits et légumes et même la culture des fleurs. En fait, ces voies nouvelles ne pourront être explorées sans tenir compte de l'équilibre global du marché européen des produits agricoles.
Cette présentation en quelques grands traits de l'agriculture du Nord est bien loin d'en décrire toute la richesse et toute la variété. Elle vise surtout à rappeler que le Nord n'est pas, comme on le pense souvent, une région exclusivement industrielle.
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L'Agriculture du Nord s'appuie sur des industries alimentaires puissantes.
L'agriculture trouve d'ailleurs d'intéressants prolongements dans les industries alimentaires. Dans ce secteur, dont les fabrications sont très hétérogènes, le Nord occupe une position notable pour bien des produits: 19% du sucre raffiné en France sont produits dans cette Région où la culture bettéravière est solidement implantée depuis Napoléon.
Les Brasseries, situées principalement dans la métropole Lille-Roubaix-Tourcoing-Armentières et à Valenciennes, produisent 27% des bières françaises. Le Nord est encore fort bien représenté dans les domaines de la Conserverie de Poisson, le rôle prépondérant dans ce secteur de Boulogne-sur-Mer étant bien connu. A cela s'ajoutent les nombreuses huileries, biscuiteries, confiseries, raffineries de chichorée, conserveries de viande et industries du lait qui complètent l'éventail des productions régionales.
Cette branche connaîtra vraisemblablement dans l'avenir, des développements importants.
Ses progrès seront favorisés par les travaux que mènera la CERTIA, Centre d'Etudes et Recherches Technologiques des Industries Alimentaires, de création toute récente.
Son rayonnement dépassera certes le cadre de la Région. Mais les professionnels du Nord seront bien placés pour tirer profit de cet organe de recherche, seul de son genre en Europe.
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Les Charbonnages se sont engagés dans la voie de la conversion.
L'une des caractéristiques du paysage dans le bassin houiller est l'étroite imbrication de la campagne, des installations d'extraction et des cités minières.
Le bassin Houiller du Nord est le plus important de France. Il apporte à la Région des ressources énergétiques très considérables puisqu'à la production de la houille - 25 millions de tonnes - et de ses dérivés s'ajoute la fabrication de gaz et l'exploitation de centrales thermiques.
Avec leurs 90.000 salariés, les Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais représentent l'une des plus puissantes entreprises françaises. C'est pourquoi la conversion qu'elles opèrent est un fait économique de la plus haute importance dont la portée dépasse largement le cadre de la région du Nord.
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Modernisation.
Cette évolution se caractérise depuis une vingtaine d'années par trois grands faits:
Le processus de production a été considérablement modernisé, ainsi qu'en témoignent la réduction rapide depuis la fin de la dernière guerre mondiale du nombre de puits (une quarantaine aujourd'hui contre 144 à la libération) et des effectifs (90.000 contre 240.000) et le progrès du rendement par homme et par poste (multiplié par 2 au cours de la même période).
Le gisement, d'autre part, a tendance à s'épuiser. Certes, il n'y a pas de risque de pénurie, les réserves, toujours importantes, étant constituées de charbons maigres, les plus demandés. Le problème est plutôt social, les gisements épuisés étant tous situés dans l'ouest du
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Vue prise dans les ateliers d'une filature moderne. (Photo Equiret, Tourcoing)
Vue prise dans les ateliers d'une filature moderne. (Photo Equiret, Tourcoing)
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bassin, zone qui a été trop intensément exploitée pendant la guerre de 14-18 parce qu'elle n'était pas occupée.
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Diversification des activités.
Le troisième grand trait de l'évolution des houillères, et le plus important pour l'avenir, c'est leur orientation vers la carbo-chimie. De nouvelles activités se développent, intégrées depuis le début de cette année dans une structure juridique distincte des charbonnages de France, la Société Chimique des Charbonnages. Parmi les réalisations qui méritent d'être citées, figure la création d'un atelier d'eau lourde à Mazingarbe, pour lequel un effort d'innovation très remarquable a été effectué.
Avec la fabrication des briques à partir du schiste de lavoir et l'utilisation des cendres volantes pour les travaux publics et la construction, les houillères amorcent une nouvelle diversification de leurs activités: vers le bâtiment cette fois.
La vocation du bassin houiller ne semble donc plus être limitée à la production du charbon et de ses dérivés. Cette immense mutation sera d'autant plus rapide que les efforts des houillères seront épaulés par une politique d'implantation d'activités modernes et diversifiées dans cette zone où vit une main-d'oeuvre abondante et courageuse.
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Une extraordinaire concentration textile.
Les industries textiles, qui emploient elles-aussi une main-d'oeuvre abondante (130.000 personnes), connaissent également aujourd'hui une mutation profonde.
La région du Nord offre la concentration textile la plus importante d'Europe. Les entreprises sont regroupées principalement le long de la frontière belge, et notamment dans la métropole Lille-Roubaix-Tourcoing-Armentières.
A l'exception des industries de la soie, toutes les branches textiles sont représentées dans la Région, souvent pour une part très importante de la production nationale: 50% des produits lainiers, 98% du peignage de laine, 85% de la filature de laine peignée, 30% de l'industrie cotonnière et bien près de 100% de l'industrie linière.
Cette industrie puissante doit mener aujourd'hui une lutte sévère sur trois fronts: le marché intérieur, les marchés extérieurs, les structures internes de la profession elle-même.
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La demande intérieure progresse lentement.
La demande qui s'adresse aux industries textiles est peu dynamique. Au cours des années récentes, en effet, la consommation d'articles textiles a eu une croissance très lente, liée essentiellement à l'évolution de la population. Les prévisions concernant les débouchés des industries textiles sont délicates, particulièrement pour les articles d'habillement où les éléments d'incertitude sont très nombreux: mode de plus en plus changeante, multiplicité des stades de transformation avant l'élaboration du produit fini, prolifération des fibres nouvelles, sont venues s'ajouter à l'impondérable classique que constituent les conditions climatiques.
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Des prix peu rémunérateurs, une fiscalité lourde.
Si du côté de la demande, les perspectives ne sont pas favorables, la production quant à elle est pénalisée sur 2 plans: les prix et la fiscalité.
Les prix sont insuffisants aujourd'hui parce que leur évolution depuis de nombreuses années a été beaucoup plus lente que celle de l'ensemble des prix industriels.
Depuis 1949, les prix de gros français ont, globalement, plus que doublé. Mais l'indice des prix de gros des produits textiles, base 100 en 1949, atteint aujourd'hui 160 seulement. Pour les fils et tissus, l'indice se situe à peine à 150 et sa tendance récente est plutôt à la décroissance.
Quant à la fiscalité elle effectue la consommation de textiles en France de façon nettement plus lourde que dans les autres pays du Marché Commun. Le taux de la Taxe à la Valeur Ajoutée pui pèse sur les prix français est nettement plus élevé que le taux appliqué en Allemagne par exemple.
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La situation des industries textiles sur les marchés extérieurs se dégrade.
Deux constatations rendent la situation préoccupante sur le plan des échanges extérieurs: En premier lieu, la part des exportations et des importations textiles dans les exportations et les importations totales du pays va en diminuant (de 11,3% en 1962, elle n'atteignait plus 9% en 1967). Ces articles occupent donc une place déclinante dans les échanges extérieurs français. D'autre part, les exportations de produits textiles manufacturés ont toujours été supérieures aux importations, le solde des échanges ayant toujours été positif; mais l'importance de ce solde décroit d'année en année.
Cette évolution est certes regrettable pour la France, mais elle l'est particulièrement pour la Région. Les marchés extérieurs absorbent en effet une part importante de la production de nos industries textiles: 30% environ pour les branches du peignage et de la filature de laine peignée.
La dégradation des échanges extérieurs se vérifie tout spécialement avec nos partenaires du Marché Commun. Avec eux, d'ailleurs, la concurrence est devenue très vive au cours de l'année 1967, la conjoncture médiocre ayant obligé chaque pays à compenser à l'extérieur les pertes qu'il a subies sur son propre marché.
Face à une demande intérieure stagnante, à une concurrence sévère sur les marchés extérieurs, avec des prix peu rénumérateurs, les entreprises textiles ne peuvent espérer, dans l'ensemble, des résultats financiers très positifs. Elles ne sont donc pas bien armées pour faire face aux impératifs les plus urgents de l'économie moderne: assainissement des structures et modernisation de l'appareil de production.
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Pour une politique réaliste de l'aménagement des structures:
Le Président du Groupement Régional des Industries Textiles, Monsieur Maurice Hannart, constatait récemment que ‘l'assainissement des structures se fait, pour le moment, dans le désordre et la confusion’, et ceci,
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en grande partie, parce que ‘l'élimination des moins aptes’ par le seul jeu de la concurrence se fait trop lentement. Ceci conduit donc à souhaiter pour sa profession ‘une politique positive, vraie, réaliste, énergique de l'assainissement des structures’, avec évidemment, le concours de l'Etat, mais aussi par le biais d'une ‘action décentralisée et adaptée aux divers secteurs professionnels’.
En dehors de justifications sociales évidentes, cette politique devrait ouvrir la voie à une modernisation toujours accrue des entreprises dans cette région qui restera nécessairement un foyer d'activité intense pour les industries textiles.
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Dans le Nord, une part importante de la sidérurgie française.
Parmi les grands secteurs de l'économie régionale figurent enfin la sidérurgie et la métallurgie. La sidérurgie du Nord, implantée à plusieurs centaines de kilomètres des gisements de minerai de fer, a assis dans le passé sa prospérité sur 2 éléments favorables: le charbon d'une part, et d'autre part d'importantes disponibilités en ferrailles, grâce à la présence dans la région de nombreuses industries de transformation.
Cette industrie régionale se situe, elle aussi, en très bonne place dans l'ensemble du pays: les hauts fourneaux et laminoirs de la région produisent à eux seuls environ le quart de la fonte, le quart de l'acier et le quart des produits finis laminés marchands.
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Et des industries mécaniques très variées.
Les industries mécaniques de la région sont essentiellement des industries d'équipement. Parmi leurs nombreuses fabrications, il convient de citer le matériel de chemin de fer dans les agglomérations de Valenciennes, Arras, Douai, les machines outils dans la Vallée de la Sambre, le matériel de mines à Anzin, Raismes et Douai; à Lille et dans ses environs et à Valenciennes, les équipements destinés aux sucreries et aux cimenteries du monde entier, les appareils de levage, le matériel agricole, les charpentes, les moteurs; enfin, les fonderies qui approvisionnent les industries mécaniques sont géographiquement très dispersées.
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Mais trop exclusivement orientées vers les biens d'équipement et les produits semi-élaborés.
Ces industries régionales puissantes sont trop exclusivement orientées vers l'élaboration de demi-produits et de biens d'équipement. Les produits finis - automobile, appareillages électriques ménagers - ne sont pas ou peu représentés.
Les effectifs employés par la sidérurgie et la métallurgie régionale (environ 120.000 personnes au total) ont eu tendance à décroitre au cours des dernières années. Les problèmes de plafonnement des débouchés, de prix de revient auxquels la sidérurgie doit faire face ne sont pas propres à la région. Ils affectent toutes les entreprises sidérurgiques du pays et se retrouvent chez nos voisins européens.
Ces conditions d'exploitation difficiles ont expliqué l'installation d'USINOR à Dunkerque: les minerais importés, d'Afrique et d'Amérique principalement, plus riches que la minette de Lorraine, sont utilisés sur les lieux mêmes de leur débarquement, c'est-à-dire sans frais de
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Une vue du quai minéralier du port de Dunkerque (Photo G. Desreumaux, Malo-les-Bains)
La centrale thermique de Courrières dans le Pas-de-Calais, est l'une des treize centrales des H.B.N.P.C. Elle met en oeuvre deux groupes d'une puissance universitaire de 125 Mw. (Photo P. Walet)
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transport complémentaires. L'usine progresse. Deux hauts fourneaux sont déjà en service, et la mise à feu du troisième aura lieu prochainement.
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La répartition géographique des activités est défavorable au Bassin de la Sambre.
En revanche, la répartition des activités au sein de la Sidérurgie du Nord, et pour être plus précis, au sein du Groupe USINOR-Lorraine-Escaut depuis la fusion des deux grandes firmes, se fait aux dépens de la Vallée de la Sambre, où une reconversion profonde des activités apparait inéluctable à un terme qui n'est pas très éloigné.
La mise en service, dans un prochain avenir, de la liaison fluviale à grand gabarit Dunkerque-Valenciennes améliorera singulièrement la desserte des usines du Bassin de l'Escaut, tant en ce qui concerne la réception des matières premières que l'expédition des produits finis. Si cette liaison était prolongée, ensuite, jusqu'au bassin de la Sambre, la Région de Maubeuge en retirerait certainement un très grand profit.
Il est beaucoup plus difficile de dégager des tendances générales concernant les industries mécaniques, eu égard à la diversité de leurs fabrications. La conjoncture récente n'a guère été favorable à ces industries d'équipement. En outre, les nombreuses firmes de la région qui avaient orienté trop exclusivement leurs fabrications vers la satisfaction des besoins des houillères ou de la sidérurgie, voient leurs débouchés stagner ou se réduire.
Ces industries, particulièrement sensibles à la conjoncture, attendent surtout, comme d'ailleurs les industries textiles dans une large mesure, leurs progrès futurs d'une reprise très franche et très dynamique de l'activité économique dans les pays d'Europe Occidentale.
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Dunkerque, grand port minéralier.
Le développement des activités sidérurgiques à Dunkerque représente, dans le Nord, un type nouveau de localisation industrielle à proximité des sources d'approvisionnement en matières premières importées. Il attire ainsi l'attention sur la zone littorale, qui borde la voie maritime la plus fréquentée du globe, et sur son équipement portuaire.
Chacun des trois grands ports, Dunkerque, Boulogne et Calais, s'est donné une certaine spécialisation: Dunkerque, entouré d'une zone industrielle très dense, a vu son trafic de marchandises se développer de manière tout à fait remarquable au cours des dernières années: 17 millions de tonnes en 1967, contre 10 millions en 1960. Ce progrès est, bien entendu, imputable en très grande partie à la mise en place de l'unité de production d'USINOR, qui a justifié, à elle seule, l'ouverture d'un vaste bassin minéralier.
A l'heure actuelle, l'activité du port est intimement liée à la conjoncture économique dans les industries de l'arrière pays. Pour l'avenir, des projets très ambitieux ont été élaborés. Ils visent à ouvrir l'accès du port aux navires géants de 200.000 tonnes, dans un premier temps, puis de 500.000 tonnes. S'il est donné suite à des projets d'une telle envergure, le rôle de Dunkerque dans l'économie des transports sera plus que confirmé.
Techniquement, ces réalisations sont parfaitement possibles dans ce port placé directement sur la mer, à proximité immédiate des fonds importants et grâce aux disponibilités en terrain offertes sur place.
Sur le plan économique, c'est un nouvel équilibre entre les ports de
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Le siège Barrois dans la région de Douai est l'une des unités les plus puissantes du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais. (Photo P. Walet)
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l'Europe du Nord-Ouest qu'il faut rechercher; Dunkerque doit y trouver une place à la mesure de ses possibilités.
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Boulogne - le premier port de pèche français.
Boulogne apparaît d'abord comme un port de pêche, le premier port de pêche français. Le tonnage de poisson frais pêché en un an avoisine 150.000 tonnes, c'est-à-dire environ 35% du total national. Si l'on se réfère au chiffre d'affaires, et non plus au tonnage, la place de Boulogne est nettement moins prépondérante (22% du chiffre d'affaires national), les prix n'étant pas très rémunérateurs.
D'autre part, la production de poisson frais a tendance à stagner, et les armateurs régionaux se sentent défavorisés par rapport à leurs concurrents étrangers parce qu'ils ne bénéficient pas des mêmes aides.
Boulogne se préoccupe de diversifier ses activités. Il s'oriente vers le commerce. Pour réussir de manière satisfaisante - le site de Boulogne présentant dans l'ensemble les avantages géographiques signalés pour Dunkerque - la région Boulonnaise devra voir se développer et se diversifier ses activités industrielles.
Enfin, Boulogne est aussi un port de voyageurs. La mise en service le 1er août de cette année des ‘Hovercrafts’ reliant la France à la Grande-Bretagne permettra d'ailleurs de diminuer le temps de traversée de 55 minutes. Mais la vocation de port de voyageurs a été surtout, jusqu'à présent, réservée à Calais.
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Calais - Avenir conditionné par le percement du tunnel sous la Manche.
Dans l'avenir, l'économie de la Ville de Calais sera très profondément transformée après le percement du tunnel sous la Manche. Les ‘services’ requis par la station d'aboutissement du tunnel sur le continent devraient, dans une large mesure, prendre le relai de l'activité portuaire. En attendant que cette réalisation soit terminée, le chantier lui même doit représenter une grande affaire pour Calais dans la prochaine décennie.
Le littoral est l'une des voies par lesquelles le Nord de la France se tourne vers ses voisins Européens. Cette orientation vers les partenaires de la C.E.E. et vers la Grande-Bretagne est un élément de poids dans la grande mutation que connaît actuellement l'économie régionale.
L'objectif de l'intégration économique est profondément ancré aujourd'hui dans l'esprit des responsables de la Région. Ceci en dépit notamment des secousses que vient de connaître, avec la récente crise sociale et les augmentations de salaires qui l'ont suivie, l'ensemble du pays et particulièrement la région du Nord dont les entreprises emploient une main-d'oeuvre abondante et ont des marges bénéficiaires faibles.
Si les industries du Nord ont réclamé avec force que des mesures de sauvegarde viennent, pour quelques temps, contrebalancer le handicap nouveau qui leur est imposé, leur foi en l'Europe économique ne s'est pas estompée. Au contraire, les industries régionales veulent faire face le plus rapidement possible aux difficultés du court terme. Elles espèrent ainsi que ne seront pas compromis les objectifs plus lointains sur lesquels elles fondent beaucoup d'espoirs. Car le Nord ne perd pas de vue les atouts dont il dispose dans la construction de l'Europe. |
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