Vaast, restée inaccessible pendant plus de vingt années. Il ne fallait pas moins d'un tel cadre pour mettre en valeur les immenses tapisseries: celle de la Connaissance mesure vingt-cinq mètres carrés, les Quatre Saisons n'ont pas des dimensions très inférieures.
A travers cette promenade dans l'oeuvre grandiose de Lurçat, son évolution artistique apparaissait nettement, tout au long d'un demi-siècle de production, aussi bien dans la technique, élaborée peu à peu, que dans le choix des coloris et des symboles, imposant en définitive un style ample, vigoureux, flamboyant. Le renoncement à la finesse aristocratique des Gobelins et des Beauvais fit que Lurçat en vint à renouer avec la tradition des tissages au gros point, tel que le pratiquaient les artistes du Moyen-Age. Et c'est ainsi que le tapissier Lurçat chanta les épopées du XXe siècle avec les procédés de fabrication de ses lointains prédécesseurs.
Nous n'avons évoqué cette fois que des rétrospectives ou des présentations d'ordre historique. Précisons dès aujourd'hui que les galeries lilloises ont réouvert leurs portes, fin septembre, avec des artistes vivants, tandis qu'au palais des beaux-arts l'on célébrait le centenaire de la naissance d'un compatriote: le peintre Emile Bernard, père de l'Ecole de Pont-Aven avec Gauguin. Les deux enfants de celui qui fut aussi l'ami de Van Gogh ont découvert une plaque sur le mur de sa maison natale, 70 rue de l'Hôpital-Militaire.
Les galeries lilloises? Citons la Galerie Nord, 29 place Louise-de-Bettigniès (cinq peintres: Leroy, Lindstrom, Maryan, Pouget, Jousselin), la Galerie Mischkind, 7 rue Jean-Sans-Peur (Patrick Spriet, Jean-Lin Descamps, deux jeunes artistes du crû) la Galerie 28, rue Lepelletier, fondée par Claude Manesse et Guy Chambron, qui ont choisi comme premier exposant Baudouin Luquet, élève de Gromaire et professeur de collège technique. Ils referont certainement parler d'eux.
Jean Demarcq