Ons Erfdeel. Jaargang 12

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être flamand en france
roland dauchy
chef du service de politique étrangère de ‘la voix du nord’
lambersart (flandre française)

L'actuelle constitution française a contribué à enrayer le processus de dégradation qui menaçait l'existence même de la nation. En revanche, les pouvoirs dont dispose maintenant l'Etat sont tels qu'il est devenu, en quelque sorte, ce ‘monstre froid’ dont parle Nietzsche dans son ‘Zarathustra’.

A l'heure du ‘remembrement’, des grands ensembles, des concentrations de tous genres (avec ce que cela implique sur le plan humain), Paris se goberge et finit par confondre gloire et gloriole, grandeur et prétention, culture et outrecuidance. Or, des mouvements centrifuges, qui existaient à l'état latent, tendent à se manifester de plus en plus fortement. Quelles que soient les causes de ces phénomènes, il convient de souligner qu'ils prennent naissance dans le peuple et que les intellectuels suivent le courant. Mais, ce qui n'est souvent que manifestations folkloriques, sursauts de l'esprit du terroir qui ne veut pas mourir, prend une signification tout autre quand il s'agit, par exemple, du Pays Basque, de la Bretagne et surtout de la Flandre.

Les vicissitudes politiques, la frontière tracée à travers notre plaine, n'ont pas détruit les racines qui alimentent le tronc commun. Le ‘particularisme’ flamand est resté vivace. Dans les cahiers de doléances

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déposés au début de la Révolution de 1789, nos ancêtres osèrent signer des pétitions pour le rétablissement de certains droits et usages en vigueur au temps des ducs de Bourgogne. C'était du ‘wishful thinking’ avant la lettre. D'une façon générale, le régime républicain n'a jamais fait montre de beaucoup de sollicitude pour ses acquisitions septentrionales et a choisi peu de nos hommes pour présider aux destinées de la France. Au cours des deux guerres mondiales, la Flandre a souffert plus que n'importe quelle autre province.

La reconstruction, suivie de la reconversion industrielle, n'ont pas ramené l'opulence d'autrefois et le nombre élevé de chômeurs commence à émouvoir quelque peu le gouvernement central. Cependant, certaines omissions ne sont pas fortuites. C'est ainsi qu'à la radio nationale, lors d'une enquête récente sur les langues, dialectes et patois parlés dans l'hexagone, on a mentionné jusqu'au ‘chti-mi’... mais pas un mot concernant le flamand (le néerlandais). Cet ostracisme s'explique quand on se rappelle les mesures prises dans le passé contre l'emploi de cette ‘langue vernaculaire’. Gageons que les fêtes du tricentenaire de l'annexion de Lille ne sont pas joyeuses pour tout le monde.

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Alors que des enseignants prodiguent leurs efforts pour relancer l'occitan, le basque, le breton, etc., la langue savoureuse que parlaient nos pères a tendance à s'étioler. Il s'agit là d'une menace grave contre notre patrimoine héréditaire. Cela est d'autant plus regrettable que le monde estudiantin témoigne d'un intérêt grandissant pour la culture néerlandaise.

Etre Flamand, c'est aussi une façon de sentir, de vivre, d'agir. Les frontières n'ont pu empêcher la continuation d'une certaine osmose. Il importe maintenant de raffermir ces liens culturels. C'est d'ailleurs l'une des raisons d'être de ‘Ons Erfdeel’. La prise de conscience est faite. Le cheminement de l'idée européenne, les prochains développements du Marché Commun sont autant de facteurs favorables à de nouvelles structures ethniques, selon les affinités naturelles.

Solidaires, forts de leurs traditions, pénétrés de leur rôle à jouer au carrefour de l'Europe, les Flamands de France remueront les consciences oublieuses.