| 40.000. Il faut tenir compte des ‘ventes de masse’ du supplément hebdomadaire faites par les militants. |
L'observation suivante s'impose à propos de Nord-Matin: A la suite de graves difficultés financières, la coopérative ouvrière qui gérait ce journal a été dissoute. Le quotidien a été repris par le groupe Hersant qui possède déjà l'Auto-Journal (Paris) et une chaîne de petits journaux régionaux comptant une dizaine de titres.
Citons encore les modestes organes régionaux comme Le Nord Littoral, quotidien édité à Calais. Tirage: 20.000 exemplaires, environ 18.000 vendus; Le Courrier Picard (Amiens); L'Aisne nouvelle (Saint Quentin).
Il n'est pas possible d'énumérer toutes les feuilles hebdomadaires locales, comme La Bailleuloise; l'Indicateur des Flandres (Hazebrouck) qui paraît depuis plus de cent ans; Le Journal des Flandres (Bergues), 4 à 5.000 numéros; L'abeille de la Ternoise (St. Pol sur Ternoise); L'avenir de l'Artois (Béthune); l'Indépendant (St. Omer); L'Observateur d'Avesnes; Le Courrier de Fourmies. Enfin, le journal polonais Narodowiec (Lens).
En fait, la plupart de ces petites publications sans tendance politique bien définie ne présentent pas un grand caractère d'originalité et se contentent souvent de démarquer les quotidiens.
Nous ne manquons pas de revues; presque toutes sont économiques ou professionnelles.
La Gazette du Nord, hebdomadaire (format 21-27) donne des informations économiques et les annonces légales, ainsi que Le Nord Industriel (Lille).
Terre du Nord (Lille) est une revue culturelle éditée par la Société de Géographie. Elle est rédigée en grande partie par des professeurs de la Faculté des Lettres.
Nord-automobile, mensuel de l'Automobile-Club du Nord de la France, a un fort tirage.
Actualités Industrielles du Nord, le trimestriel du C.E.R.E.S. (Comité d'Etudes Régionales Economiques et Sociales); l'hebdomadaire Nord Agricole (tirage 26.000); Le Syndicat Agricole (50.000); L'Agriculture du Pas-de-Calais (Arras, 35.000).
Je n'entreprendrai pas de décrire par quel processus compliqué la presse d'après-guerre a pris l'aspect et obtenu le statut qu'elle a actuellement. Qu'il suffise de rappeler qu'à la libération, la Société Nationale des Entreprises de Presse (S.N.E.P.) eut la haute main sur la gestion d'une grande partie des journaux français: ceux qui, contraints et forcés, avaient ‘collaboré’ avec l'occupant. (Peu d'organes se sabordèrent, même en France libre quand elle fut envahie par les Allemands en 1943).
Donc, à la libération, de nouveaux titres virent le jour, ou sortirent de la clandestinité, de nouvelles sociétés, aux mains des résistants, furent créées. Avant que de devenir leurs propres gestionnaires, ces sociétés d'édition furent pendant de nombreuses années tributaires de la S.N.E.P. tant pour la location des locaux que du matériel, sans oublier la fourniture du papier, qui était contingenté.
La moyenne d'âge élevée des lecteurs prouve que les journaux, ceux du Nord de la France en particulier, ne parviennent que difficilement à intéresser les jeunes générations. Ce symptôme est inquiétant. L'introduction des techniques audio-visuelles dans la plupart des foyers a faussé toutes les données traditionnelles et tend à créer une mentalité nouvelle. Un détail révélateur: il y a quelques années une pénurie passagère de papier-journal nous avait contraints de réduire le nombre des pages. Nous avons rogné sur les informations et surtout sur les bandes dessinées, les horoscopes etc. - c'est cette dernière initiative qui nous valut le plus de reproches de nos abonnés. (Il est vrai que le même phénomène s'est produit au ‘New York Herald Tribune’, (édition européenne), un peu avant sa fusion avec le ‘New York Times’). Rapportons encore ce résultat d'un récent sondage pratiqué par l'I.F.O.P. (Institut Français d'Opinion Publique): 58 pour cent des Français ne lisent jamais de livres!
Ces quelques considérations justifient un certain désenchantement. Où sont nos brasseurs d'idées, nos polémistes de jadis, nos Veuillot, nos P.L. Courier? En fait, la presse d'opinion est condamnée. Aucun journal ‘engagé’ n'a une large audience chez nous: il faut servir