Dietsche Warande. Jaargang 2
(1856)– [tijdschrift] Dietsche Warande– Auteursrechtvrij
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Jubé et buffet d'orgue de l'Église de Rolduc.A La première livraison de notre bulletin français nous avons ajouté des dessins de la belle crypte de l'église du séminaire Rolduc, oeuvre romane des plus remarquables, et de la restauration de laquelle un architecte intelligent, M. Cuypers de Ruremonde, s'est sérieusement occupé avec intention d'y revenir dès que les fonds le permettront.Ga naar voetnoot1) Avant de parler du nouveau ‘jubé’ dans l'église de Rolduc, une création récente du même artiste - nous voulons communiquer à nos lecteurs par quels moyens éminemment chrétiens nos amis du Limbourg ont résolu d'assurer l'achèvement prochain de la restauration de leur souterrain sacré et de leur église, dont la belle nef et les bas-cotés disposés d'une manière fort curieuse ont seuls échappé à une rénovation gothique du XVIe siècle et à une mutilation du XVIIIe. Voici, puisqu'il est dit exempla trahunt, et pour qu'en d'autres localités on trouve le courage d'avoir recours à des moyens également bons, les statuts de l' | |||||||||||||||||||||||||
Association pour la restauration de l'Église et de la Crypte de Rolduc.
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Dans notre ‘partie néerlandaise’ nous donnons une description de l'église, dont la nef romane, avec ses bas-cotés, est encore à-peu-près intacte. Le transsept a beaucoup souffert; le plan du croisillon septentrional est traversé par une muraille, faisant partie d'une allée ou ga- | |||||||||||||||||||||||||
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lerie, accollée extérieurement à l'aile droiteGa naar voetnoot1) de l'édifice. De la moitié de l'autre croisillon on a disposé également en faveur d'une construction, qui détruit les proportions du transsept. Ce dernier, ainsi que le choeur, se trouve élevé de sept ou huit marches au dessus du dallage de la nef; nous l'avons fait remarquer en décrivant la crypte. Une coupe longitudinale nous fait voir qu'il n'y a point de correspondance entre la disposition du transsept de la crypte et celui de l'église. Les croisillons de cette dernière s'étendent de la 1re à la 3me travée de la nef souterraine. Le choeur a été rebati en gothique de 1500. A droite et à gauche il est divisé en deux arcades et la clôture est faite au moyen de la moitié du décagone. Ce choeur ogival n'excède pas en hauteur la nef romane; ce qui est un drawback de plus pour cette construction relativement moderne, et ce qui nous fait espérer avec plus d'ardeur encore qu'un jour ou pourra refaire le sanctuaire dans le style primitif. Voici maintenant le plan du jubé construit par M. Cuypers au fond de l'église, vis-à-vis de l'autel. Acba est le plan de la voûte supérieure, à la première travée. Aa sont les grands piliers qui flanquent l'entrée de l'église. Ddddd sont les courtes colonnes qui soutiennent les cintres surhaussés sur lesquels repose la galerie de l'orgue. L'organiste a la face tournée vers l'autel, et la niche du milieu avec les petites galeries qui l'accompagnent lui sert, pour ainsi dire, de fond de stalle. Nous ne doutons pas qu'en considérant que M. Cuypers avait à trouver l'occasion de placer une de nos ‘machines beuglantes et ronflantesGa naar voetnoot2)’ dans une église romane, on s'accorde avec M. Zwirncr ‘de la cathédrale de CologneGa naar voetnoot3)’, qui a approuvé la création de notre compatriote; création rendue bien faiblement par le crayon inexact du lithographe. Le jubé de Rolduc a été inauguré le jour de Ste Cécile de l'an 1853; les orgues ont reçues leur consécration à la fête de N.-Dame du Mont Carmel, le 16 Juillet de l'an dernier, en présence de Mgr Paredis, l'illustre protecteur de l'art chrétien dans son diocèse. | |||||||||||||||||||||||||
Fleur de l'histoire.
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jusqu'ici qu'à l'état de manuscrit du XVe siècle. Ce manuscrit est un unicum, et l'histoire littéraire des petits poëmes légendaires dont il se compose reste à faire. Jusqu'ici on n'a par rapport à elle aucun indice sûr. L'auteur néerlandais s'est servi de sources latines; s'il ne le disait pas lui-même on le verrait au premier coup d'oeil. Cependant, les miracles qu'il raconte sont, pour la plupart, autant tradition orale de tout le moyen âge, que légendes transmises par écrit d'une génération de clercs à l'autre, legendae, choses bonnes à lire. Cette fois-ci M. Oudemans publie la légende de S. Matthieu et de S. Jacques mineur. Nous ne pouvons nous refuser le plaisir d'en traduire quelques vers. S. Matthieu prêchait l'évangile dans le pays d' ‘Ethyope’, ‘appelé en thiois Moriane’. Le fils du roi Egippus et de la reine Eufemia ou Eugemia était mort. Deux sorciers, Iaron et Arfaxat, faisaient toute espèce de prodiges dans la ville de Nadaber, de sorte que le roi et le peuple leur vouèrent un culte religieux. Mais ils ne réussirent pas à ressusciter le jeune prince. Alors, pas l'entremise de Candacius, habitant de Nadaber converti au christianisme par S. Philippe, la reine eut connaissance des miracles opérés par l'intercession de S. Matthieu, et l'apôtre ‘Doen hi daer quam dedi hi saen
Tkint in ons heren name op-staen.
Doen was die conincginne blide.’
‘Quand il y était venu il fit sur le champ
Ressusciter l'enfant, au nom de notre Seigneur.
Alors la reine était heureuse,’
elle y rassembla tout le peuple pour voir ‘un dieu en figure humaine’; mais S. Matthieu leur ouvrit les yeux et leur dit qu'il n'était que l'envoyé, que le très-pauvre serviteur du Dieu de l'univers, et il engagea ceux qui étaient venus de lointains pays pour lui apporter des offrandes, à se faire baptiser et à consacrer leurs trésors à la fondation d'une église. ‘“Hier ane leghet vele bat
Dan ane mi, ic segge u dat.”
Doen si kersten waren ghedaen
Ghingen si Alle sonder waen
Die kerke met haesten maken.
Oec seggic u in waren saken
Dattie kerke ghetimmert was
In .XXV. daghen, alsict las.’
‘“C'est de bien plus d'importance
Que mon honneur, je vous le dis en vérité!”
Quand ils avaient été fait chrétiens
Ils allèrent Tous en grande hâte
Travailler à la construction de l'église.
Aussi je vous dis sérieusement
Que l'église se trouva bâtie
En XXV jours, comme le livre en témoigne.’
N'est-ce pas là un symbole touchant du dévouement universel qui concourut à la création de ces immenses monuments de la foi de nos pères? ‘Doe noemese [de kerk] matheus
Op-verstannesse, wi lesent dus,
Want tien tide daer gescieden
.IJ. op-verstannessen, als ons bedieden
Die vraye historie, sijts gewes.
Dierste van desen .ij. een es
Op-verstannesse vanden Kinde
Dien god sijn leven weder sinde
Om st. matheus bede,
En om die liede noch oec mede.
Dander op-verstannesse was groet
Daer t-volc op-stont van der doet
Der sonden, daersi in hadden geleghen,
‘Alors on nomma cette église
Résurrection de S. Matthieu,
Parce que, en ce temps,
Deux résurrections y avaient eu lieu, comme
La véritable histoire nous en instruit.
La première de ces deux est
Une résurrection de l'enfant
Auquel Dieu rendit la vie,
A la prière de S. Matthieu
Et pour l'amour du peuple.
L'autre résurrection était grande,
Car le peuple ressuscita de la mort
Du péché, dans laquelle il avait été plongé
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En̄ dienden Gode sonder ontweghen,
Daer na hiet die kerke aldus.’
Et servit Dieu dorénavant saus dévier
C'est d'après cela que l'église reçut ce nom.’
Voici un beau passage de la légende de S. Jacques mineur. ‘Ce Jacques s'appela frère de N.S. par iij raisons. La première c'est que les Juifs, dans ces temps avaient l'habitude d'appeler ‘frères’ ceux qui étaient enfants de deux soeurs ou de deux frères. L'autre était qu'il ressemblait tant [à N.S.] que ceux qui ne conversaient pas avec eux ne pouvaient savoir au juste quel était l'un ou l'autre. C'est pour cela, à ce que m'apprend le latin, qu'ils firent embrasser Jésus par Judas, parce qu'ils craignaient que Jacques ne fût emprisonné et que Jésus ne leur échappât. La troisième raison était bien grande! Quand Dieu voulut subir la mort, Jacques déclara qu'il ne mangerait pas avant que le Seigneur ne fût ressuscité. Or quand Jésus était ressuscité il alla droit à Jacques et lui dit: ‘Sois heureux, mon cher frère! Je suis ressuscité; si tu veux, tu peux aller manger.’ On l'appelle aussi Jacques le juste, à cause de sa grande sainteté; car il était saint avant que Dieu ne vînt sur terre. Il ne but jamais ni du cidre ni du vin. Il s'appela mineur, parce que l'autre était plus âgé; l'autre Jacques fut aussi plus tôt fait disciple du Seigneur. Il était si ardent à la prière qu'il avait des crevasses dans les genoux... C'est lui qui, après Jésus, chanta la première messe à Jérusalem.’ | |||||||||||||||||||||||||
Une comédie inédite de Pierre (di Cornelio) Hooft.PArmi les oeuvres dramatiques de Gerbrand Adriaens Brederoô on a toujours compté une comédie intitulée ‘Brederoods Schijnheiligh’: un ‘Tartufe’ néerlandais de la première moitié du XVIIe siècle. Brederoô doit être rangé parmi les poëtes qui cultivaient ‘l'art pour l'art’: un art démocratique, un art trainé souvent par la fange des marchés publics et des mauvais lieux, et auquel les protecteurs de Breêroô imputaient une tendance morale pour excuser les extrêmes libertés de langage, auxquelles le poëte s'adonnait dans presque toutes ses pièces: ‘Comment voulez-vous qu'il combatte le vice, sans le peindre!’ s'écrièrent ses amis. Mais pour nous, qui sommes placés à une distance suffisante pour ne pas avoir besoin d'attribuer ou de reprocher à Breêroô des vues et des intentions qu'avec son caractère indépendant, son humeur égrillarde et ses goûts dissolus, il ne pouvait avoir, nous ne voyons dans son travail aucune passion philosophique ou religieuse; et si l'élément démocratique y prédomine, c'est par pur plaisir des couleurs locales, par habitude, par une pétulance qui compte parmi ses qualités dominantes. Il n'était donc pas probable que Breêroô composerait un drame où un hypocrite était destiné à jouer un rôle important, et qu'il omettrait de peindre ce personnage avec cette vigueur de coloris, et ces touches piquantes auquel il nous a accoutumés. C'est cependant ce que l'on observe dans le ‘Schijnheiligh’. C'est une pièce, qui a la tendance générale de compromettre les gens d'église, mais on ne voit pas percer d'individualité hollandaise sous la robe du héros. Comment s'est-il fait que Brederoô, qui fréquentait beaucoup la foule, pour y étudier ses types, n'ait pas | |||||||||||||||||||||||||
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mieux caractérisé son personnage principal? - Je crois que la réponse à cette question peut être courte. C'est que - le ‘Schijnheiligh’ n'est pas de Breêroô. Il se livrait sur le terrain social de la première moitié du XVIIe siècle en Hollande une guerre sanglante entre le théâtre et les ministres de l'église orthodoxe. Comme chefs de file de la première de ces puissances, nous devons nommer en premier lieu Samuel Coster, médecin, poëte et impresario tout à la fois, et notre grand auteur tragique et lyrique Joost van den Vondel. L'opposition de la scène contre la chaire doit souvent s'être organisée au château de Muyde, où le maître du logis, le poëte Pierre (di Cornelio) Hooft, 1r officier du Gooiland, aimait à s'entourer des beaux-esprits de l'époque. Hooft, inscrit dans les registres d'aucune des communions religieuses qui se trouvaient alors dans nos provinces, était ce qu' aujourd'hui nous nommons libéral; il tenait aux ‘grands principes’; du reste homme de foi et d'honneur - mais, en même temps, un peu homme du monde. Il aimait beaucoup à s'amuser tranquillement. Il donnait des fêtes charmantes dans la saison où les prunes de son verger mûrissaient, et lui ainsi que sa dame et ses filles faisaient les honneurs du château avec une grâce comme s'il en avait été le seigneur, au lieu d'en être le châtelain, au service des États. Avec ses opinions politiques et religieuses, il ne pouvait pas s'empêcher de s'associer quelque peu aux opinions et aux travaux des poëtes dramatiques, qui livraient bataille à l'église orthodoxe. Mais il avait garde d'en rien faire paraître au dehors. Il ne voulait pas risquer de se brouiller avec un parti influent qui déjà avait voulu lui disputer quelques-uns de ses droits dans la ville de Weesp. Maintenant M. le prof. Van Vloten a découvert dans les manuscrits de la poésie de Hooft une traduction ou plutôt une imitation de la pièce ‘Lo Ipocrito’ de l'Arétin, et d'une comparaison de cette oeuvre en prose avec la pièce attribuée à Brederoô résulte évidemment que la dernière n'est qu'une copie du travail de Hooft parsemée de rimes souvent assez mal sonnantes et entravant la marche regulière des phrases. Et ce qui est assez curieux c'est que Brederoô ne peut en avoir versifié que les premières scènes, puisque quatre ans après sa mort Hooft écrit à un ami que l'‘Hypocrite’ est encore entre les mains de celui qui ‘continuerait à le faire parler en vers’. Maintenant il nous semble hors de doute que si l'on a sans fondement suffisant chargé la mémoire de Breêroô de la responsabilité du ‘Schijnheiligh’, il est également improbable que Hooft ait traduit ‘Lo Ipocrito’ de l'Italien pour rendre un service littéraire à Brederoô; et l'imitation de Hooft doit, selon nous, être compté au rang de ces manifestations caractéristiques du libéralisme des années 1615-1640 contre le parti des ministres calvinistes. La publication de la comédie est donc propre à jeter une nouvelle lumière sur la figure remarquable du châtelain de Muyde, et les obligations que notre littérature a contractées vis-à-vis de M. le prof. Van Vloten se trouvent augmentées encore par ce complétement inattendu des oeuvres d'un de nos premiers écrivains. Nous avons fait précéder la comédie d'une introduction, où nous avons dit quelques mots sur le temps qui vit naître ‘Lo Ipocrito’, comme sur les jours où il fit son entrée sur la scène hollandaise. L'Arétin nous rappelle le souvenir des mauvais jours de Macchiavel et des cardinaux beaux-esprits, qui, avec leurs ‘Asolani’ et leurs ‘Calandra’; amusaient tour à tour les cours de Ferrare, d'Urbin et de Rome. | |||||||||||||||||||||||||
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Nous y avons déploré l'action de cette ‘Renaissance’, qui avait réussi à charmer même un pape comme Léon X (le grand homme dont M. Audin nous a tracé un si beau portrait), au point qu'on a pu représenter devant le chef de l'Eglise la ‘Calandra’ du cardinal Bibbiena et la ‘Mandragola’ de Macchiavel. Vasari nous fait même connaître l'artiste qui a été chargé d'en faire ‘l'apparato e la prospettiva’; c'est Baldassare PeruzziGa naar voetnoot1). C'est un fait à enregistrer par notre savant et révérend ami Mgr Gaume, S. George des jours modernes qui finira par terrasser le dragon du paganisme civilisé, et par extirper les ‘vers rongeurs’ de la société d'aujourd'hui. | |||||||||||||||||||||||||
Vandalisme.UN des points les plus intéressants de notre topographie historique est certainement le village d'Egmont avec ses environs. C'est là que S. Adalbert prêcha l'évangile dans notre province et en confirma la vérité par l'effusion de son sang. C'est Egmont, qui est le centre du comté de Thierry 1r, c'est l'église d'Egmont, à la défense de laquelle fut appelé ce prince, fondateur d'une des plus illustres familles de l'Europe, la maison des comtes de Hollande et Zélande, seigneurs de Frise. C'est l'abbaye d'Egmont qui, pendant plusieurs siècles, a servi d'asile à l'élite de nos savants; objet des munificences de nos comtes; bibliothèque sans égale; galerie d'oeuvres d'art religieux; digne monument funèbre de nos premiers seigneurs; rival d'Utrecht, pour l'autorité religieuse et la charité chrétienne. C'est d'Egmont qu'est issue une des quatre familles les plus nobles, les plus anciennes, les plus braves, les plus riches des Pays-Bas. Son château a été le manoir de Lamoral d'Egmont, dont la tête est tombée sous le glaive du bourreau en expiation de la grande révolte néerlandaise du XVIe siècle; chaos dont est née la puissante république des sept Provinces unies. Il y a quelques années on a honteusement détruit les derniers restes de l'abbaye; on a violé les saints tombeaux des princes et des savants. Ces dernières semaines ont été témoins du nivellement du sol du château; de l'anéantissement de la dernière pierre qui en marquait l'emplacement. | |||||||||||||||||||||||||
Bibliographie.M. Kruseman, libraire-éditeur à Harlem, qui serait un des electi en cas que la bibliopolie néerlandaise donnât droit d'aspirer à la noblesse et que notre Etat eût ses barons Cotta et ses députés Cans, - M. Kruseman a réalisé en partie un des pia vota les plus chers des amis de la littérature néerlandaise. Il vient de commencer la publication des oeuvres poétiques de notre grand Bilderdijk. L'éditeur | |||||||||||||||||||||||||
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a fait des sacrifices notables pour parvenir à l'exécution de son dessein. La propriété des nombreux ouvrages du prince de nos poëtes reposait en différentes mains, les unes moins libérales que les autres. M. Kruseman a pourtant réussi a recueillir au complet les ‘droits’ nécessaires, pour publier son poëte en entier. C'est M. Da Costa, le disciple du grand maître, l'Elisée de cet Elie, qui a bien voulu se charger de la direction de l'importante entreprise. Il classe les poëmes d'après leur genre et, en second lieu, chronologiquement. C'est dommage que les oeuvres en prose de Bilderdijk n'aideront pas à completer ce monument érigé à sa mémoire. Bilderdijk, c'est une unité; on ne peut le rendre en partie sans le dénaturer quelque peu. Cependant nous devons être reconnaissants pour ce qui nous sera donné, et nous souhaitons de grand coeur que la nation en s'associant à l'entreprise prouvera mériter l'honneur d'avoir donné le jour à un génie qui n'a rien à envier soit à Goethe, soit à Byron, soit à Lamartine, pour avoir ouvert une nouvelle voie à la poésie, et aux théories philosophiques qui lui servent de base.Ga naar voetnoot1)
‘La vie de Goethe’, traduite de l'allemand par M.C.-M. van Hees, enrichi d'une préface par le professeur Opzoomer. C'est la préface qui est curieuse. Quand M. Opzoomer était étudiant, il excellait dans presque toutes les sciences académiques, et à peine majeur il fut nommé professeur de philosophie à l'université d'Utrecht. A Utrecht on entendait jusque-là par le mot professeur un homme soit grand et sec, soit passablement ventru, portant lunettes et - perruque ou poudre. Dans la personne de M. Opzoomer c'était, au contraire, un élément de la jeune Hollande qui faisait son entrée dans le vieux sanctuaire. Il paraît que cette distinction a tant soit peu ébloui ou gâté le jeune savant, et aujourd'hui il vient nous annoncer d'un ton un peu maussade que pour apprendre ce que c'est que la poésie nous devous nous placer aux pieds de Shakespere et de Goethe. Nous n'en croyons rien, malgré l'assertion de M. Opzoomer. Comme lui nous avons lu l'auteur de Faust et celui d'Othello. Nous admirons cordialement tout le parti que leur génie a tiré de la poésie populaire et de l'histoire tant privée que politique; mais nous avons lu Vondel et Bilderdijk, et nous croyons que Vondel et Bilderdijk sont poëtes aussi et de grands poëtes même. S'il s'agissait d'avoir la conscience de nos facultés nationales, nous déclarerions avec moins d'hésitation qu'Amsterdam a eu ses deux grands poëtes que bien que la bonne ville d'Utrecht ait son théoricien compétent d'esthétique et d'histoire littéraire.
MM. Buffa & Fils d'Amsterdam viennent de publier la belle gravure du ‘Schuttersmaaltijd’ de Van der Helst. Préparée et commencée par Couwenberg dans sa trop courte carrière, cette gravure a pris dix ans environ du travail incessant de M.J.-W. Kaiser, artiste de haut mérite et qui a réussi à réaliser dans ce travail l'alliance de la couleur et du dessin. Nous avions cru qu'il aurait valu à son auteur une distinction à la grande exposition de Paris; mais il n'en a rien été. Du reste il n'y a qu'un très petit nombre d'années que le chef-d'oeuvre de l'école naturaliste, le ‘Schuttersmaaltijd’ sus-dit, soit connu à l'étranger. M. Kaiser peut se consoler, si son talent prouve, par là, | |||||||||||||||||||||||||
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avoir de l'analogie avec celui de Van der Helst. Ajoutons que le roi Guillaume III s'est empressé d'indemniser le digne artiste, en lui accordant la décoration du lion néerlandais. | |||||||||||||||||||||||||
Mélanges.DAns nos ‘Mélanges’ nous avons rendu compte du concours de Lille. Nous nous félicitons de la bonne réussite, et nous voyons avec plaisir que la seconde médaille d'or est échue en partage à un néerlandais, M. Lodewijk de Curte. M. de Curte, dès son début, a remporté le grand prix de l'académie de Gand; en 1842 il remporta une médaille pour l'architecture à Paris. C'est à lui encore que fut décerné le prix dans le concours pour la construction de l'église de la reine Louise-Marie à Laken. L' ‘Ecclesiologist’ qui a donné une appréciation judicieuse et sévère des plans de Lille avant que l'adjudication des prix n'eût eu lieu, a assigné à M. de Curte une place honorable. Il l'aurait placé dans sa 1re classe, n'eût été ‘a certain extravagance’, l'expression d'une richesse par trop luxuriante. Les autres petites notices dans nos mélanges sont d'un intérêt purement local; nous nous dispensons d'en rendre compte. Nous insérons, au contraire bien volontiers dans notre revue un hommage rendu par M. Edw. van Even à la mémoire d'un homme de mérite, numismate célèbre, qui est décédé à Louvain. | |||||||||||||||||||||||||
J.-P. Meynaerts.La Science de la numismatique a fait une perte regrettable, au mois de Janvier de cette année, en la personne de M. Jean Pierre Meynaerts de Louvain.Ga naar voetnoot1) Ce numismate distingué, était né dans l'ancienne capitale de Brabant, le 22 Octobre 1786, de Jean-Baptiste, exerçant la profession de distillateur, et de Barbe Goffyn. Il commença ses études humanitaires à l'école dirigée par Mr Joseph Ansiau et les acheva au Collége Communal, érigé en 1804. Le jeune Meynaerts travailla d'abord dans l'étude du notaire Huygens, puis dans celle du notaire Dupon. Il entra ensuite au Greffe du tribunal civil de Louvain et y obtint, au boût d'une année, le poste de chef de Bureau. Le 3 Mai 1811, il épousa Mlle Marie-Hélène Jacquin, la fille du portraitiste distingué de ce nom, et s'établit comme négociant en vins. S'étant acquis, par son activité, une fortune honorable, il se retira, en 1828, du commerce, pour se vouer entièrement à la science de la numismatique, qu'il n'avait cessé de cultiver depuis sa tendre enfance. Il se forma une collection de médailles qui était, sans contredit, la plus riche, la plus choisie et la plus curieuse du Pays. Cette collection renfermait des suites considérables de monnaies grecques, romaines, byzantines et visigothes. Le tout était en or. Meynaerts ne recueillait pas des médailles pour le seul plaisir de les posséder. Il y recherchait un intérêt historique et savait le mettre en relief. Il publia plusieurs articles dans la Revue de la numismatique française, publiée par ses amis MM. Cartier et | |||||||||||||||||||||||||
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de la Saussaye, et prit une part active à la rédaction de la Revue de la numismatique belge, dont il était membre fondateur. Notre numismate a publié, en outre, Ie catalogue de son médailler sous le titre de: Description de la collection de médailles antiques recueillies par J.-P. Meynaerts, de Louvain, Gand 1852, de 147 pages in-8o, avec gravures. M. Meynaerts qui était, depuis plusieurs années déjà, sujet aux vertiges s'était encore promené, aux Boulevards de Louvain, le 23 Janvier vers le soir. Le lendemain matin on le trouva mort dans son lit. Son enterrement eut lieu le Samedi, 26 du même mois, au cimetière de l'abbaye de Parc près de Louvain, où il avait lui même indiqué sa sépulture. Après les prières de l'église, dites par les moines de l'ordre de St Norbert, j'ai adressé à la mémoire de celui qui fut mon maître et mon ami, les paroles suivantes:
‘Messieurs,
‘Vous connaissiez tous le citoyen estimable dont nous venons confier les restes mortels au Champ du repos. Si je prends ici la parole pour vous en entretenir un instant, ce n'est pas parce que je l'ai plus intimement connu que la plupart d'entre vous, mais parce que j'ai à m'acquitter envers lui d'un saint devoir, du devoir de la reconnaissance. ‘Ma jeunesse s'est passée auprès de Mr Meynaerts. J'ai joui pendant 25 ans, et cet espace compte dans la vie de l'homme, de son amitié, de sa parfaite bonté. Il m'était plus qu'un ami; il m'était un père et un guide. L'excellent homme se dévoua en toutes circonstances pour moi, avec une sollicitude vraiment paternelle. C'est lui qui dirigea mes premières études, qui m'initia à la science de l'Histoire, et si je puis rendre, dans la suite, quelques services à mon pays, ce sera grâce à ses soins désintéressés. Qu'il me soit donc permis, Messieurs, de rendre un dernier hommage à sa mémoire. ‘M. Meynaerts était le type de l'homme respectable. Il y avait en lui quelque chose d'antique, de véritablement exemplaire. Il unissait à une science étendue une modestie édifiante. Lui seul, dans le Pays, possédait à fond la numismatique ancienne, lui seul savait fixer l'opinion des savants au sujet de l'authenticité des médailles antiques. Non seulement de tous les coins de la Belgique, mais de tous les coins de l'Europe, on avait recours à sa longue expérience. Mais ces témoignages flatteurs, loin de lui reveler sa supériorité scientifique, le rendaient plus modeste encore. Un besoin d'obscurité, une humilité opiniâtre formaient les traits principaux de son caractère. Mais cela n'ôtait, rien à sa parfaite sociabilité. Il était d'une aménité sincère et attachante, d'une bienveillance à toute épreuve. Son commerce était toujours sûr, toujours agréable, et empruntait quelque chose de piquant à la rondeur de ses manières et à sa noble franchise. Son dévouement ne connaissait pas de bornes. La splendide collection numismatique qu'il avait formée et qui lui avait coûté trente années de labour et de sacrifices, était toujours ouverte aux études des savants. Il s'estimait heureux lorsqu'il pouvait être utile aux progrès d'une Science dont on comprend, maintenant plus que jamais, la haute utilité, pour l'éclaircissement de l'histoire.Ga naar voetnoot1) | |||||||||||||||||||||||||
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M. Meynaerts était non moins recommandable comme citoyen que comme savant. Ami sincère de son pays, il applaudissait de grand coeur à tous les progrès réalisés par la nation. Il portait à ses concitoyens toute l'estime possible et s'intéressait généreusement au bien-être de sa ville natale. Chrétien sincère, fermément attaché aux préceptes de l'Évangile, il n'oubliait jamais les devoirs qu'il avait à remplir envers les pauvres. Chez lui les mérites du savant étaient rehaussés par les qualités de l'homme; c'était une belle intelligence et un noble coeur! ‘Je m'arrête, Messieurs; je voudrais pouvoir vous entretenir un instant encore des travaux scientifiques de mon pauvre maître; mais l'énergie me manque à cet effet. Sa mort soudaine m'a trop profondément affligé. Devant cette fosse, qui va l'engloutir à jamais, je n'ai plus que des regrets et des larmes!! ‘Adieu donc, mon cher et digne maître! Reposez en paix au sein de cette antique abbaye peuplée de prières et de grands souvenirs. Veuillez accueillir, là-haut, avec la même bonté dont vous n'avez cessé de me combler sur la terre, l'expression de ma vive reconnaissance et de mes regrets êternels! Adieu!!’
Edward van Even. Louvain, 1856. | |||||||||||||||||||||||||
A propos de pourpre blanc ou blancheGa naar voetnoot1).Nous n'avions pas tort en ne pas admettant qu'il y eût ‘du pourpre blanc’, c'est comme qui parlerait d'un ‘cercle carré’. Mais il s'est glissé une faute de grammaire dans notre plume, quand nous avons dit que le poëte de la ‘Fleur de l'Histoire’ eut revêtu son ‘apôtre’ ‘du pourpre’; c'est évidemment de La pourpre dont nous avons voulu parler; c'est-à-dire de ‘l'étoffe teinte en pourpre’. Mais voilà qu'un collaborateur obligeant du ‘Konst- en Letterbode’ nous rappelle fort à-propos (et nous lui en exprimons ici toute notre gratitude), que le nom de la teinture est passé à l'étoffe, avec un tel reniement de son origine, qu'on a appelé pourpre du drap fin de couleur grise, blanche verte etc. Voici le passage, cité par notre savant collègue, de l'ouvrage de Le Grand d'Aussy ‘Fabliaux etc.’ T. II, p, 109: ‘On verra plus bas de la pourpre grise. Dans Ducange, au mot purpura, on en trouve de la rousse: ce qu'on pourrait à toute force expliquer par ce qui a été dit ci-dessus de celle de Tyr. Mais ce qui dérange les explications, c'est que l'on trouve aussi et de la pourpre et de l'écarlate blanche. Je soupçonne que ces couleurs ne s'employant, à cause de leur cherté, que pour les draps les plus fins, on a donné dans la suite le nom d'écarlate ou de pourpre, non à la couleur, mais à l'étoffe même. de pourpre De sorte que notre poëte n'a pas voulu parler de l'ampleur des vêtements de S. Barthélémy, mais de leur tissu. | |||||||||||||||||||||||||
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M. De Baecker de S.-Winoxbergen (Flandre française) à la bonté de nous communiquer, sous la date du 8 Avril ce qui suit:
‘Mon cher ami,
Je viens de découvrir dans une petite ville de l'Artois, ancienne province néerlandaise, un manuscrit du XVe siècle. C'est un magnifique volume in-fo. de 252 feuillets avec dessins et lettrines coloriées; il renferme les poésies de Guillaume de Machault et une traduction du livre des Consolations de Boëce. J'en extrais les vers que le poëte a composés sur la musique; c'est un éloge de cet art. J'ai le plaisir de vous les envoyer comme étant d'un poëte qui a eu une certaine réputation. Vous verrez si la ‘Dietsche Warande’ peut en faire son profit.Ga naar voetnoot1) Eloge de la musique au moyen-age.
Et musique est une science
Qui veult qu'on rie chante et dance
Cure na de merencolie
Ne dōme qui merencolie
A chose qui ne peut valoir
Ains met tieulx gens en non challoir
Partout ou elle est joie y porte
Les desconfortes reconforte
Et nes seulement de louyr
Fait elle les gens resjouir
Ninstrument na en tout le monde
Qui sur musique ne se fonde
Ne qui ait souffle ou touche ou corde
Qui par musique ne sacorde
Tous ses fais plus a point mesure
Que ne fait mille autre mesure
Elle fait toutes les carolles
Par bours par cités par escolles
On l'en fait l'office divin
Qui est fais de pain et de vin
Peut on penser chose plus digne
Ne faire plus que gracieux signe
Comme d'essancier Dieu et sa glore
Loer servir amer et croire
Et sa douce mère en chantant
Qui de grâce et de bien a tant
Que le ciel et toute la terre
Et quanque ly mondes enserre
Grand petit, moyen et menu
En sont gardé et soustenu.
J'ay ouy dire quely angres
Ly saint. les saintes. ly archangres
De vois délié saine et clere
Loent en chantant Dieu le père
Pour ce quen glore les a mis
Com justes et parfais amis
Et pour ce auxi que de sa grâce
Le voient ades face à face
Or ne peuent ly saint chanter
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Donc est musique en paradis
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David ly prophete jadis
Quand il voulloit appaisier l'ire
A Dieu il accordoit sa lire
Donc il harpoit psaultiers et oroisons
Ainsi come nous le lisons
Que sa harpe a Dieu tant plaisoit
Et son chant qu'il se rapaisoit.
Orpheus mist hors Erudice
Denfer. la conīte la faitice
Par sa harpe et par son doulz chant
Cilz poetes donc je vous chant
Harpoit si tres joliement
Et si chantoit si doulcement
Que les grans arbres s'abaissoient
Et les rivierer retournoient
Pour ly ouir et escouter
Si quon doibt crerre sans doubter
Que ce sont miracles appertes
Que musique fait voire certes.
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Le flamand de la France.‘A propos de Nordpeene (nous écrit encore M. de Baecker), je viens de me procurer un manuscrit qui est le cartulaire d'un ancien couvent de ce village. Presque tous les actes qu'il contient sont en flamand. Je vous en transcris un relatif à un seigneur de Halewyn: ‘Ic Wouter van Halewyn rudder heere van Borre kennē ende doen te wetene allen den ghenen die dese myne lettren zullen zien ofte hoorē lesen dat ic up den dach van hedent gheconsenteert hebbe ende consentere biden īhouden van desen mynē hardē weerden heere ende neve haer Joos van Halewyn ruddere heere vā Pyenne dat hy sal moghen gheven zekeren religieusen die nu corte sullen cōmen woonen̄ ende heuren risiden̄ houden te Pyenne eene tiende toebehoorende den selven heere van Pyenne streckende bīnd der prochie van godeuaertmelde (Godewaersvelde, village de l'arrondissement d'Hazebrouck) inde Casselrie van Casselambacht ghehoude in leene vā mynē hove ende heerscepe te Borre (village du canton et de l'arrondissement d'Hazebrouck) sond' daerof ghehoudē tsine my te betalē by minen voerss. heere noch den selve religieusen te deser waerf ōme de veranderinghe van dien eeneghe tiendē pēnīc noch verlief ōme de selve tiendē voert te doene amortierē by consēte van minē gheduchte heere den selvē religieusen al zo daer toe behoorē sal behoudē ende mids aldies dat de voerss religieusen ghehoudē werden de selve tiende van my te houdene in leene ter causen van mynē voerss hove ende heerscepe van Borre by eene stervelikē māne ōme te cōmene te hove ende den ghedinghe tallen tidē als van noede wert ende mids betalende verlief ter dood. In kēnesse vā [dien myn] zeghelē hier an gheanghē ende myn handteekene hier onder ghestelt den XIX dach van marte int jaer duust .CCCC. seven-sestich.’ Voilà, mon cher ami, un échantillon de notre flamand au XVe siècle. | |||||||||||||||||||||||||
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La ‘Warande’ en 1855.Ga naar voetnoot2)Partie littéraire.NOus terminons notre rapide inspection du contenu de la ‘Warande’ pour 1855 par l'énumération des derniers ouvrages critiqués ou annoncés sous la rubrique ‘Bibliographie’. ‘Almanack des Volks’ (almanac du peuple - pour 1855), publié par la société flamande à Anvers. La société flamande d'Anvers fait exception à la règle; la plupart des corporations qui, dans les Flandres et dans les autres provinces flamingantes de la Belgique, se dévouent au maintien et à la défense des droits sacrés de la nationalité thioise, unissent à un zèle admirable et fécond une sympathie évidente pour les principes fondamentaux de toute société bien organisée: la religion, la famille, la propriété. Sans prétendre que la société flamande d'Anvers prêche avec une conséquence irréprochable des théories subversives, nous regrettons que dans son Almanac il se trahisse un esprit quelque peu démagogue et, il faut en venir à cette confession, très peu religieux. Nous ne doutons pas, néanmoins, qu' auprès des membres les plus influents de la société de meilleures convictions ne finissent par s'établir. ‘Das Wesen und die Formen der Poesie’ (L'essence et les formes de la poésie), traité philosophique de M. Moriz Carrière. L'auteur entreprend dans ce livre la ‘réconciliation’ du Deïsme et du Pantheïsme; tentative touchante d'un esprit supérieur qui n'a pas trouvé dans ses prédilections panthéistes la solution des problèmes de l'esthétique. Un traité du Dr Hanslick ‘Du beau musical’, Leipsick, 1854. M. Ed. Hanslick proteste par ce travail contre l'esthétique comme science du sentiment seul. Il réduirait toutes les impressions artistiques (au besoin) à des formules de géométrie et il tâche de prouver que les formes considérées en elles-mêmes et sans qu'elles expriment palpablement un sentiment déterminé ou une pensée litteraire, jouissent d'une vitalité, qui n'a rien à envier soit au tableau de genre, soit au drame proprement dit. Il y a du vrai dans ce qu'avance M. Hanslick. Nous avons annoncé le dernier tome de ‘L'Histoire de la poésie Néerlandaise du Moyen-âge’ par M. le doct. Jonckbloet. L'auteur occupe une place des plus honorables dans les premiers rangs des promoteurs de la nouvelle science littéraire de notre patrie. De main de maître il a tracé ce tableau de la marche de notre poésie thioise. Cependant il y a dans son travail trois choses que nous regrettons. Pourquoi s'arrêter aux confins de la poésie et de la prose; pourquoi faire d'une forme | |||||||||||||||||||||||||
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souvent accidentelle la condition qui donne droit à quelque phénomène littéraire d'être inscrit dans le beau livre de M. Jonckbloet? Nécessairement le complet du tableau de la poésie souffre de l'exclusion de la prose. M. Jonckbloet devra, du reste, reconnaître lui-même que, dans la ‘Vie de J.-C.’ en prose thioise du XIIIe siècle, se trouve plus de poésie que dans certaines chroniques en vers. Notre seconde remarque se rapporte à la révolution qui s'est opérée dans les idées de M. Jonckbloet touchant la valeur de notre poésie épique et didactique. Autrefois M. Jonckbloet ne pouvait souffrer celle-ci tant il était épris de l'autre; mais ayant vu que notre grand traducteur d'ouvrages didactiques, Maerlant, pouvait convenablement être considéré comme un des premiers apôtres d'un système de philosophie sociale qui allait bien à M. Jonckbloet, il n'a plus donné au genre épique le pas sur le genre didactique. Si (troisièmement) M. Jonckbloet avait davantage considéré la poésie littéraire dans son unité avec la poésie traditionnelle du peuple, il aurait trouvé le moyen de maintenir le renom de nos épopécs du moyen âge à la hauteur que, dans le temps, il s'est plû, lui-même, à leur assigner. Du reste M. Jonckbloet est un savant pour qui nous professons la plus haute estime et nous souhaitons beaucoup que ses publications françaises ‘Guillaume d'Orange’ et ‘li Romans de la charrette’ aient en France tout le succès que les excellents travaux de notre compatriote méritent.Ga naar voetnoot1) M. Serrure fils a publié, presque simultanément, avec les premières livraisons de l'oeuvre périodique, intitulée. ‘Musée national, pour la littérature, les antiquités et l'histoire des Pays-Bas’, dont nous avons parlé à la p. 30 une ‘Histoire de la littérature néerlandaise et française dans le comté de Flandre, depuis les temps les plus reculés jusqu' à la fin du règne de la maison de Bourgogne.’ Ce travail remarquable d'un jeune homme de dix-huit ans a remporté la palme bien méritée, mise au concours par la ‘Société royale des beaux-arts et de la littérature’ de Gand. Non seulement M. Serrure donne l'histoire, presque' inconnue jusqu'ici, des poëtes français de la Flandre, mais il éclaircit encore plus d'un point douteux dans l'histoire de la littérature néerlandaise. ‘Bibliographie des Deutschen Kirchenliedes’, par M. Phil. Wackernagel. Il n'y a que nos frères allemands qui savent faire de ces bibliographies dont la 1re livraison renferme 544 grandes pages. Nous regrettons que la partie qui concerne notre patrie ne soit pas un peu mieux nourrie. Deux instituteurs, MM. van Loghem et Elberts se sont mêlés d'écrire un ‘Tableau de la littérature française’ en français. Pour l'honneur de leur patrie, nous espérons que cet opuscule ne franchisse pas ses limites. Le mouvement littéraire et artistique, qui est très vivace dans notre province du Limbourg, se manifeste entr'autres par les faicts et gestes de la Société historique et archéologique à Maestricht. Nous avons annoncé les trois premiers ‘fascicules’ des notes et mémoires publiés par la société. Il est à espérer que la langue dans laquelle ces ‘Annales’ se publient (le français) contribue à leur procurer à l'étranger tout le succès qu'elles méritent. Nous avons annoncé avec une vive satisfaction la nouvelle édition de | |||||||||||||||||||||||||
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l'‘Histoire de Ste Elisabeth’. M. le Cte de Montalembert, par la vie d'une sainte comtesse, et M. Victor Hugo, par la vie d'une histrionne, ont contribué tous les deux puissamment à l'éveil du sentiment de l'art chrétien. Quelques soient nos opinions politiques, quelques soient nos regrets religieux, n'oublions jamais, non seulement ce que nous devons à M. le Cte de Montalembert, mais encore ce que nous devons au génie divinatoire de l'auteur de ‘N.-Dame de Paris’, pour la réhabilitation de l'art gothique. ‘Marie de Brabant, par Edw. van Even’ (Louvain, et Paris, V. Didron). L'archiviste de Louvain, qui joint à une science solide un talent et un caractère des plus aimables, a consacré à la charmante princesse, dont le nom est inscrit au frontal de ce petit ouvrage, une couronne de roses et d'immortelles, digne de son sujet. L'auteur a mêlé avec un goût exquis les fleurs de la peinture au feuillage historique dont il a tressé son oeuvre. Écrit en français ce petit livre mérite de trouver des lecteurs et des lectrices en France. ‘Deutsche Mythologie von Jacob Grimm.’ Nous avons regretté que le savant auteur ait consenti à donner une troisième édition de sa Mythologie sans avoir eu soin d'y apporter les corrections que le progrès de la science, au dire de M. Grimm lui-même, lui prescrivait. Le ‘Wachtsthum der Quellen und Forschungen’ (‘la croissance des sources et des investigations’, comme M. Grimm s'exprime élégamment) aurait dû l'engager à un remaniement. | |||||||||||||||||||||||||
Gravures.SOus cette rubrique nous n'avons pas grand'chose à mentionner. Nos moyens matériels ne nous ont pas permis de donner le nombre de bons dessins que nous aurions désiré. Cependant nous avons publié dans le volume de 1855: La crypte de Rolduc, plan et vue perspective. |
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