Dietsche Warande. Jaargang 2
(1856)– [tijdschrift] Dietsche Warande– Auteursrechtvrij
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Un village Hollandais,
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à l'élément frison et à l'élément franc dans le gouvernement et la distribution de la justice chez nos ‘vilains’ du XIVe siècle. Il traite, successivement, du curé, des institutions de charité, du bailli et du scouteth, des ‘asigs’ avec les ‘voisins’ convoqués, des jurati et échevins. Après avoir examiné et expliqué suffisamment les devoirs et les droits réciproques des habitants du village et de leur magistrat, M. van Berkel est en droit de s'écrier: ‘De sorte que nous trouvons, dans notre petit village du XIVe siècle, ce que les sages de l'antiquité considérèrent comme le meilleur gouvernement pour la ville et pour les champs (Cicéron, “de Republ.” L. I, c. 29, 35, 45 etc. - conf. Tacit., “de Mor. germ.” c. 11, 7): une main énergique qui tient les rênes, - l'avis des plus intègres et des plus capables, - la décision des questions importantes émanant de tous, et confirmé et promulgué par un chef que tous respectent: l'Autorité souveraine, - la Puissance des Grands, - et la libre action du bourgeois, - trois parties essentielles du gouvernement et de la marche de la justice, qui semblent s'exclure mutuellement, et qu'ici l'on trouve harmonieusement réunies pour le plus grand bien de la commune.’ Dans le cahier que nous publions aujourd'hui M. van Berkel nous trace, avec les couleurs de la palette de l'histoire même, le tableau d'une séance de la justice de notre village. Il traite son sujet, pour ainsi dire, dramatiquement, et il vient emprunter son dialogue à la science même, ayant soin d'appuyer tous les éléments de sa composition de preuves authentiques, en forme de notes au-bas des pages. Encore un ou deux articles, et M. van Berkel aura fini la tâche qu'il s'était proposée. Nous croyons que la lecture de ce travail est indispensable à tout écrivain qui voudra écrire une histoire de la civilisativre de l'Europe occidentale du moyen âge. | |
Fleur de l'histoire,
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par sa présence dans les Indes, ‘opt ende van ertrike’ (vers les confins de la terre), ôte toute force aux mauvais esprits. ‘Comment, lui demandent les prêtres payens, pourrons-nous connaître et emprisonner S. Barthélemy? Il se promène tant de monde par le pays: dites-nous quelle marque distinctive porte l'apôtre de Dieu’; et le démon de répondre: ‘Op sijn hoeft heeft hi bruun haer
En kersp, ic segge u dit,
En̄ sine huut es al wit;
Grote oeghen (dats waer),
.J. rechten nose en̄ daenschijn claer.
Hem sijn ghedect sine oren
Met sinen hare, als wijt horen;
Oec heefti den baert lanc,
En̄ somech grau haer daer in ghemanc;
Hi es een vierscoet man,
En hevet .j. wit (wijt?) purper an,
En .j. witten (widen?) mantel, mede
Van purpre, over waerhede.
Dat heeft hi gedregen .XXVI. iaer
Onbesmet.
.............
Sine stemme luudt als .i. bosine.
.............
Hi es altoes blide, en̄ hi can wale
Van allen landen alle tale.’
‘Sur sa tête il a une chevelure brune
Et crépue, je vous l'atteste,
Et sa peau est toute blanche;
De grands yeux,
Un nez droit et le visage serein.
Les oreilles lui sont couvertes
De ses cheveux,
Il a la barbe longue
Et quelques poils gris s'y mêlent.
Il est un homme robuste
Et porte une large robe de pourpreGa naar voetnoot1),
Et un ample manteau,
De pourpre aussi.
C'est ce qu'il a porté vingt-six ans
Sans tache.
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Sa voix sonne comme une trompette.
............
Il est toujours joyeux et il sait bien
De tous les pays toute langue.’
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Du plain-chant dans les églises catholiques de la Hollande.M. De Rijk soumet aux lecteurs de la ‘Warande’ une série d'observations sur le plain chant et la manière défectueuse dont on l'exécute généralement en Hollande. Il parait qu'il n'y a qu'une seule exception à cette règle. De celle-ci nous sommes redevables à M. l'abbé Janssens qui a formé, à la Haye, une école de chant grégorien, d'après les anciens principes. M. de Rijk s'occupe, depuis quelque temps dans le lieu qu'il habite (Hilversum, beau village de 7.000 habitants), à propager les saines doctrines de l'art chrétien. C'est à la campagne que, sous bien des rapports, les anciennes coutumes sont encore vivaces, et c'est là que plus facilement que dans les grandes villes on renouera les fils traditionnels, rompus violemment depuis la Renaissance. | |
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Peinture sur verre au commencement du XIVe siècle.L'Archiviste de Louvain, M. Edward van Even, qui s'est fait un nom par ses travaux d'histoire littéraire et artistique, et auquel nous devons la connaissance des artistes du célèbre hôtel de ville de l'ancienne capitale du Brabant, publie, dans le présent numéro de la ‘Warande’, une notice historique sur un vitrail, découvert par lui à travers la maçonnerie dont on avait doublé la fenêtre au XVIIe siècle, dans la principale ogive apsidiale de l'église du grand béguinage à Louvain, et sur les artistes - sculpteurs (imaginatores, ou ymaginificesGa naar voetnoot1)), illustrateurs de livres (illuminatores librorumGa naar voetnoot2)), calligraphes (scriptores librorum missaliumGa naar voetnoot3)), architectesGa naar voetnoot4) et peintres (pictores ymaginum) - qui, de 1250 à 1324, ont travaillé dans cette ville. M. van Even mentionne Arnoult Gaelman, comme peintre de figures, et il admet la possibilité que la verrière en question lui soit due. Ce vitrail, représentant la Ste Vierge, couronne royale en tête, habillée en vert, amplement drapée d'un manteau rouge, et portant le divin enfant qui est vêtu en blanc et tient un petit oiseau sur la main, remonte effectivement au commencement du XIVe siècle; et nous ne sachions pas qu'il existe dans les Pays-Bas une peinture sur verre de plus ancienne date. M. van Even exprime le souhait que M. Edmond Lévy, qui publie en ce moment à Bruxelles une ‘Histoire de la peinture sur verre’, particulièrement en Belgique, tienne compte dans son ouvrage (annoncé par nous dans la ‘Warande’ pour 1855, p. 380) de cette remarquable relique de l'art ancien. | |
Histoire légendaire des bâtiments et des images.NOus avons commencé la publication des traditions néerlandaises, qui se rattachent à la fondation ou à la construction d'oeuvres d'architecture, notamment d'églises, ainsi qu'à l'histoire des images et d'autres produits de l'art plastique. M. l'abbé Funnekotter, M. le docteur Nuyens, M. Hezenmans de Bois-le-duc, M. de Rijk de Hilversum ont déjà souvent prêté une oreille attentive aux naïfs discours des gros campagnards et des petits bourgeois, pour attraper quelques-uns de ces récits poétiques et pleins de sens dans lesquels se manifeste et se complaît le génie populaire. Cette poésie se dérobe à toute perquisition académique, parce qu'il n'y a pas d'antipodes d'humeur moins compatible que la Science collet-monté et la Vie saine, franche, forte et multiforme du génie natinal. Nous nous proposons d'insérer, de temps en temps, | |
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dans la ‘partie française’ de notre ‘Warande’, un choix des légendes artistiques, dont, cette fois, nous publions une douzaine en néerlandais. | |
Vandalisme.ON se récrie en Allemagne contre le badigeonnage très récent de la ‘Broederkerk’ à Zwolle. Nous nous sommes informés de ce qui en était, dans le chef-lieu même de la province d'Over-ijsel, et, à notre grand regret, nous avons à constater qu'on vient d'enduire d'une couche de chaux bien blanche une voûte historiée de l'ancienne église des dominicains, actuellement occupée par les protestants. Aux yeux des administrations d'églises de toutes les nuances, le badigeon est chose très-désirable, et très-excellente, du moment qu'il est d'une blancheur irréprochable. | |
BibliographieGa naar voetnoot1).NOus continuons notre compte-rendu des notices bibliographiques de la 1re livraison de la ‘Warande’ pour 1856, et nous y ajoutons celles de la 2me. 3o Nous avons eu la hardiesse de mettre notre veto à la propagation des doctrines contenues dans les ‘Études sur les Beaux-arts etc. par F.B. de Mercey. Paris, 1855.’ - Le mot ‘beaux-arts’ sent le muse de Mme de Pompadour, ou tout au moins les petits soupers ‘grecs’ de l'aristocratie démocratique de 1800. Il va sans dire que M. de Mercey ne sympathise pas avec les théories viables et profondes de M. Hipp. Fortoul et de M. Alfr. Michiels; il hausse les épaules sur les écoles de peinture allemande de nos jours; c. à. d. que M. de Mercey promène ses ‘beaux-arts’ le long du ‘chemin battu’. 4o Hommage au digne Fr. Henr. von der Hagen, pour l'activité infatigable d'une longue et bonne vie. M.v.d. Hagen vient de publier les poésies épiques du cycle de Thierry de Bern et des ‘Niebelungen’. Regrettons que le public néerlandais n'accorde aucune attention à cette manifestation grandiose de la vie nationale néerlandaise qui s'appelle l'Épopée, à plus juste titre qu'on ne qualifie comme telle le ‘Paradis perdu’ et la ‘Henriade’. 5o Annonce des ‘Chants populaires des Flamands de France’ de M. de Coussemaker, l'auteur de l'‘Hist. de l'Harmonie au moyen âge,’ une oeuvre où le talent et l'érudition se donnent la main. L'‘Académie des Inscriptions Et Belles-lettres’ n'a fait qu'un acte de justice en admettant M. de Coussemaker au nombre limité de ses membres correspondantsGa naar voetnoot2). | |
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Dans cette 1re livraison de son travail intéressant M. de Coussemaker a sauvé de l'oubli une foule de chansons (textes et mélodies), qui ne subsistaient qu'à l'état de tradition orale; une traduction en français est jointe aux textes néerlandais. La plupart des mélodies ne sont pas, à proprement parler, des mélodies nationales, c'est à dire qui émanent du peuple entier, comme le rosier sauvage ‘émane’ de la terre au milieu du bois, comme le ‘style ogival’ émane de la génération du XIIIe siècle. Nous croyons que les phénomènes littéraires et musicales ne sont explicables que par la distinction de l'art naturel ou national et de l'art ‘artificiel’ ou individuel: or, il n'y a que les Nos XXVIII, XXX-XXXV, XLII, XLIII qui appartiennent à la première catégorie. 6o Annonce et appréciation d'une nouvelle composition dramatique de M. Schimmel, intitulée ‘Struensee’. Nous avons parlé de M. Schimmel dans la ‘Littérature néerlandaise à ses différentes époques’Ga naar voetnoot1); voir p. 240 et suiv. 7o Annonce et recommandation d'une nouvelle traduction néerlandaise de ‘Don Quijote’ par M.C.-L. Schüller, prosaïste spirituel, qui nous fait mieux connaître Cervantes que ce n'était possible par le personnage ‘endimanché’ que Florian avait fait de l'auteur espagnol. Il ne faut ‘enjoliver’ ni Shakespere ni Cervantes. 8o Recommandation du ‘sommaire de la mythologie germanique’ extrait du grand ouvrage de Grimm par Jos. Verein (Göttingen, Dietrichsche Buchhandlung) - prix fl. 1. - 9o M. Carl Schiller vient de publier un excellent ‘Coup-d'oeil sur la marche de l'architecture des églises’, principalement en vue de contribuer à la conservation des monuments ecclésiologiques dans le duché de Brunswick. La division des époques de M. Schiller ne serait cependant pas entièrement la nôtre. (Brunsw. Leibrock 1855. Prix fl. 1.40.) 10o M.G. Hotho publie à Berlin ‘L'école de peinture de Hubert vau Eyck, entourée de ses prédécesseurs et contemporains allemands’. Si M. Rio occupe l'extrême droite du parlement de l'art chrétien, M. Hotho se trouve à l'extrême gauche; mais du moins aucun allemand raisonnable n'y songe plus à contester l'excellence de l'art du moyen âge. 11o Projets de décoration et d'ornements, par Paul Boeheim. L'auteur destine cet ouvrage à faire valoir son influence ‘sur la tendance du goût des architectes, des peintres, des sculpteurs et des décorateurs’. Que Dieu et les Quatre Couronnés nous en préservent! Quelle ollapodrida de Grécisme, Raffaëllisme, Pompadourerie et tout ce qui en relève! Le travail de M. Boeheim mériterait à peine de figurer comme illustration dans les ‘Beaux-arts’ de M. de Mercey (voir p. 23, no 3). 12o ‘Sagas hessoises’, l'un des recueils de poésie nationale de feu le savant J.W. Wolf, littérateur auquel le peuple neérlandais a les plus grandes obligations. 13o ‘Les oeuvres musicales des XVIe et XVIIe siècles’; une nomenclature systématique et chronologique, par M.C.-F. Becker: travail de bibliographie fort estimable. | |
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La ‘Warande’ en 1855.Ga naar voetnoot1)L'On nous permettra de continuer notre rapide inspection des articles contenus dans le premier volume de la ‘Warande’. Sous la rubrique dont nous avons relevé les traits principauxGa naar voetnoot2) vient se placer naturellement notre ‘Carthago delenda’ relativement à l'architecture domestique des maîtres-maçons, des charpentiers et des apprentis-ingénieurs d'aujourd'hui. Tout cela se mêle de faire des maisons. Tout cela a sucé, avec le lait de l'École ou d'une pratique stupide (nourrices impures, maîtresses dévergondées des cinq ordres et de l'art de travailler en zinc, en asphalte ou en papier mâché), le triste amour des corniches, la prétention de ne pouvoir plus rien apprendre des monuments néerlandais qu'ils abattent, et le sang-froid de l'idiotisme incurable. Puisque cet ‘amour’, cette ‘prétention’ et ce ‘sang-froid’ ont résolu de niveler entièrement les silhouettes de nos villes, qui, par une soirée d'automne, se détachaient élégamment et fortement sur un azur verdâtre et transparent; puisque ces ouvriers et ces mathématiciens, en vrais Normans, se plaisent à raser nos bâtiments, en laissant crouler les tours, en abattant les plus délicieux pignons, en écorchant et badigeonnant nos façades, privées de leurs tableaux en bas-reliefs, de leurs élégants corbeaux et de leurs fenêtres voûtées, en masquant nos toits et en posant leurs abominables corniches, avec et sans attique, comme les rails d'un chemin de fer, sur les façades des maisons de nos rues, ou en sciant ces mêmes corniches en mille morceaux, pour distribuer, avec la dernière justice, sa part à chaque maison haute et petite - nous n'avons pas discontinué de nous récrier contre cette inconcevable aberration du génie architectonique et nous avons regretté que la ‘Société’ qui patronise les ‘progrès’ de l'architecture, ait donné dans ces mêmes erreurs, en admettant des projets de bâtisse qui pêchent grossièrement contre les vrais principesGa naar voetnoot3). Pour faire juger de la question ceux d'entre nos amis, qui n'auraient pas sous la main les ‘Annales archéologiques’, nous prendrons la liberté d'y emprunter un passage qui se rapporte directement aux grands intérêts de notre architecture domestique: ‘Il faut savoir que l'amour de la liberté, qui est un trait du caractère national, a toujours fait éviter à nos pères de vivre avec plus d'une famille dans la même maison. Tout bourgeois établi a sa maison à lui, soit qu'il la loue ou qu'elle lui appartienne en propriété. La conséquence de cet instinct, qui à sa noblesse, se fait remarquer dans les terrains excessivement étroits, assignés à chaque maison moyenne. Les maisons, surtout à Amsterdam, ayant deux ou trois fois plus de profondeur que de largeur, présentent leurs toits aux passants sous forme de chevron. L'ancienne manière de garnir le haut de la façade s'alliait | |
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parfaitement à cette disposition; mais, de nos jours, nos misérables charpentiers et maçons veulent absolument appliquer à nos étroites façades le système adopté pour les grands hôtels, et, afin de ne pas manquer une seule occasion de faire admirer leurs magnifiques entablements à moulures doriques, ils clouent leurs architraves avec frise et corniche contre la partie supérieure du sommet en chevron de la façade; cela les oblige à simuler dans la maison une hauteur factice, et les pousse à toutes sortes d'incongruités architectoniques. Nos façades étroites, de différentes hauteurs, surmontées de leurs corniches ridicules, donnent réellement à nos rues l'air de deux rangées de couvercles en coulisse, comme on s'en sert pour fermer les boîtes de jeu de dominos.’ | |
De l'art en général.DAns cette rubrique nous avons donné, dans la ‘Warande’ de 1855, des articles de polémique et différentes notices. Nous nous sommes amusé du subside de fl. 1000. - porté au budget de l'État ‘Pour l'entretien des monuments historiques’, tandis qu'on accordait fl. 43.000 à la cause de l'Histoire naturelle: de sorte que nous sommes arrivé à l'équation suivante: LA BÊTE: LA CATHÉDRALE = 42 13/20: 1. Nous avons travaillé dans la mesure de nos forces à la propagation du principe d'unité nationale entre la Belgique flamingante et le royaume des Pays-bas. Nos frères d'outre-Escaut nous ont généreusement soutenu dans une lutte, qui pour n'en être qu'à ses premières phases ne laisse pas de porter la preuve écrite sur son front que ses champions n'y pensent pas le moins du monde à la rabaisser au niveau des questions de politique provisoire de nos constitutions... quelque peu mesquines. Nous laissons la part des administrations, de la milice, des ports de lettres, des impôts, des loteries, des pensions, etc, etc. a ceux qui s'y entendent mieux que nous: nous bornons nos mouvements à la sphère des Formes, symboles des idées émanées de Dieu: Langue et Architecture: musique, littérature; sculpture, peinture - tectonique dans toutes ses branches. Dans tout cela les Flamands de Belgique et de France, les Brabançons, Limbourgeois et Hollandais ne connaissent qu'une patrie - La Néerlande, qui accepte des deux mains les trésors de science chrétienne et d'art germanique dont ils sont dotés par la munificence des nationalités limitrophes.
Sous cette même rubrique nous avons rassemblé quelques traits d'une vie d'artiste et de chrétien, courte, intense, pure et belle. En contemplant cette carrière d'un peu plus de trente ans, ce caractère bon, franc, ferme et indépendant, qui unissait la douceur à la fierté, le culte de Jésus-Christ et de ses saints à l'étude des arts, du théâtre, des belles manières même; en rêvant à ce que cette spécialité musicologue, ce jeune compositeur avec son profond sentiment des styles et son goût exercé, qui penchait vers l'idéal des Fanart et des Greatheed, avec ses études sur les praticiens et les philosophes de l'art, aurait pu | |
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devenir pour la musique du moyen âge, et en parcourant le trésor, dont il avait doté sa patrie, quand il lui a révélé l'existence d'une infinité de belles mélodies des XIVe, XVe, XVIe et XVIIe sièclesGa naar voetnoot1), - il nous a pris une profonde affliction et nous avons prié Dieu de nous venir en aide pour que la force et le courage ne vint à nous manquer entièrement: nous venions d'écrire la biographie d'un frère, le compagnon de nos travaux et des jours heureux comme des tribulations légères que la vie nous avait offerts.
Notre collaborateur ForeestierGa naar voetnoot2) s'est occupé de l'Académie royale des Sciences; corps savant qui était venu remplacer l'Institut qu'on venait de supprimer. Il ne peut comprendre, notre bon provincial, comment une corporation de 40 ou 50 membres (c'est environ là le nombre des votes à la classe de toute science ‘qui ne repose pas sur l'Observation physique’, la classe des sciences non-naturelles), comment une pareille corporation peut raisonnablement faire ce qu'elle est appelée à accomplir. Cette corporation se compose de différentes spécialités: il y a des membres pour la philologie grecque et atine, il y a des membres pour la philosophie, des membres pour la littérature néerlandaise, pour l'histoire de la patrie, pour l'histoire universelle, pour les antiquités orientales, pour la jurisprudence, pour l'‘art poétique’, il y a un membre pour le chinois (M. Hoffman); maintenant notre ami Foreestier refuse d'apporter un peu de bonne volonté à sa besogne d'appréciateur - il refuse de croire que les membres pour l'histoire de la patrie soient naturellement en état de décider des questions de chinois, de philologie latine et de littérature méso-gothique; notre ami prétend que, tout en pouvant juger d'une question d'art poétique de 1690, on n'a pas prouvé pour cela être à même de trancher une difficulté d'interprétation d'une loi confiée dans le temps à quelque respectable palimpseste ou à quelque dalle mystérieuse par un vieux Romain ou par un Ninivite de plus ancienne date encore. Il va sans dire que notre ami de Buiksloot a tort et que l'Académie a parfaitement raison, en continuant sa tâche. Notre ami Foreestier a tort d'avoir si souvent tort; [c'est très omineux pour sa réputation et pour le crédit de notre ‘revue’ qui prend un triste plaisir à publier ses lettres. | |
Vie nationale.NOus avons écrit les mots: Vie nationale en tête d'une rubrique, qui a été illustrée par des travaux de M. le Dr Halbertsma sur la toilette des femmes de Hindeloopen (en Frise), de M. | |
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HofdijkGa naar voetnoot1) sur nos anciens châteaux et spécialement sur la distribution du manoir des sires d'Arckel. M. Stallaert, de Bruxelles, nous a fourni, en vieux français et en vieux néerlandais, des instructions pour le service de la table. Enfin, M. van Berkel a traité à trois reprises ‘du village néerlandais au XIVe siècle’, dont nous avons parlé plus hautGa naar voetnoot2). | |
Partie littéraire.DAns la ‘partie littéraire’ de la ‘Warande’ M. Oudemans a publié les légendes en vers, dont il a déjà été question dans l'analyse de notre nouvelle livraisonGa naar voetnoot3).
M. Le docteur Van Vloten a publié dans la ‘Warande’ un drame curieux du XVIe siècle, d'un poëte rhétoricien appelé Corn. Everaert. Le judicieux éditeur l'a intitulé ‘'s Werelds Bestaan’, qu'on pourrait traduire ‘Le faict du monde’. M. Nieuwenhuyzen a doté notre recueil d'un autre drame du XVIe siècle ‘Le fils prodigue’. Le même littérateur, ainsi que MM. Blommaert et Angillis, des amis belges, nous ont encore fourni quelques petites poésies thioises du moyen âge.
En général nous passons sous silence les ‘Mélanges et Nouvelles’ de notre revue. Il nous entrainerait trop loin d'entrer en détails à ce sujet.
Pour la ‘Bibliographie’ des notices nous ont été transmises par MM. Van Even, Nieuwenhuyzen, Donker, et nombre d'autres. Les ouvrages suivants ont été analysés ou annoncés: Une ‘Esthétique’ de l'art allemand du moyen âge, du Dr Dursch: livre orthodoxe, complet, bon marché (2 Thlr.). Une nomenclature historique des artistes de tous les temps de M. Fr. Müller; pour les ‘connaisseurs’ et ‘amateurs’. Un ‘mot d'introduction à l'hist. de l'archit. sacrée du moyen âge’ de M.W. Lübke. Ce nom d'auteur est une recommandation suffisante. (Frcs. 2. - Dortmund, Krüger). ‘Opuscules et études sur l'histoire de l'art’ de M. Kugler (2400 pag.). C'est tout un procès-verbal de la vie de l'art des derniers vingt ans. Les amis de l'art chrétien verront avec une vive satisfaction comment Overbeck, dont les tableaux n'avaient, pour M. Kugler, à la page 177 du Tome IIIme, que les ‘agréments d'un joli conte de fée’ a grandi (pendant dix ans - à la page 560), jusqu'aux proportions d'un chef d'école majestueux, et du premier représentant ‘de cette tendance artistique qui est d'une signification si frappante dans l'appréciation du développement des intelligences de nos jours’. ‘Monuments de l'architecture, de la sculpture et de la peinture’, publiés par M.E. Förster (Leipzig, Weigel). Le Gailhabaud allemand. Plaidoyer inattaquable en faveur de l'art chrétien. ‘Fingerzeige’ de M. Aug. Reichensperger (Leipzig, Weigel - Deux éditions, Frcs 15. - et Frcs. 4; le prix réglé d'après le nombre des planches). M. Reichensperger ‘met le doigt’ (et c'est un doigt de maître) sur les plaies de l'art religieux; et il indique les seuls vrais remè- | |
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des. Ses théories sont viables; elles entrainent la pratique et emportent les récalcitrants. ‘Traité populaire des styles architectoniques’, par M. Tarbuck (London, Hagger, fl. d' H. 1.) - M. Tarbuck est bien intentionné, mais il ne semble pas comprendre le mouvement chrétien. ‘L'art du moyen âge en Westphalie’, par M. Lübke (Leipzig, Weigel - Thlr. 10. -): Topographie archéologique excellente; nombre de plans, coupes, détails, etc.; avec une carte systématique, qui vous montre en un clin-d'oeil tous les courants d'air (soit roman, soit de transition, soit ogival etc.), qui ont séconde les différentes localités de la Westphalie. ‘L'art du moyen âge en Souabe’, par M. Heideloff. L'auteur est un homme de bien et un homme de talent, mais il semble ne pas avoir assez de foi dans l'art de nos aieux. De grâce, messieurs, si votre père a de beaux cheveux blancs, ne les lui teignez pas en ‘châtain’. ‘Monuments de Nuremberg’, de M. von Rettberg (Stuttgart, Ebner et Seubert - Thlr. 2. -). Un livre de science et un guide de touriste; 100 dessins d'après les ouvrages des artistes nurembergeois. Le ‘Cicerone’, une histoire de l'art en Italië, par M. Jac. Burck hardt (Basle, Rthr. 4. -) ‘Gothique’ et barbare ne sont plus synonymes pour l'auteur; mais il n'a pas trouvé l'ogive à Rome. La réhabilitation de la capitale de la chrétienté ‘comme ville chrétienne’ était réservée à M. Didron. ‘Histoire de l'architecture’, de M. Kugler (Stuttgart, Ebner & Seubert). Il n'y avait de paru que l'histoire ancienne. ‘Manuel de l'industrie artistique’, de M. le professeur J.-H. Wolff. Réconcilier l'art et le métier, l'artiste et l'artisan - voilà bien, n'est ce-pas, archéologues de France, d'Angleterre, d'Allemagne, ce que vous désirez vivement? - Malheureusement M. Wolff ne vous lit pas; il admire trop le classicisme moderne de Schinkel, et - il propose, comme modèles, aux ébénistes et aux charpentiers, des vases, des trépieds, des exèdres d'Athènes et de Pompeji. ‘L'architecture civile et domestique au moyen âge et à la renaissance’, par MM. Verdier et Cattois - encore une belle majuscule dans l'alphabet archéologique. Si le monde va du train de MM. Verdier et Cattois, nul doute que le Z ne se fera pas attendre, et alors à nous, à nos enfants, la nouvelle Langue architectonique! ‘Histoire de la peinture sur verre en Europe’, par MM. Edm. Lévy et J.-B. Capronnier (Brux. et Leipz., Tircher et Kiessling, Schnée et Co. Le saint enthousiasme et le talent solide! L'exemple de peintres comme M. Overbeck, d'architectes comme M. Pugin, de musiciens comme M. Fanart, devait sans doute éveiller bien des sympathies, former bien des adeptes aux théories, aux allures, à la pratique de ces maîtres et philosophes tout à la fois. ‘Traité de la peinture sur verre et des vitraux coloriés’, par MM. Ballantine et Gauss (Edinburgh - Weimar; fl. 2. -). Un petit manuel qui n'est pas sans intérêt. Portrait de Mgr. l'évêque de Harlem, gravure de M. Sluyter, d'après le tableau de Mgr. Broere. On a nommé Mgr. Broere l'aquila scoloe de la philosophie néerlandaise de nos jours, et pas à tort. Mgr. Broere sent profondément et explique en paroles pleines d'ardeur et de lumière les beautés chrétiennes de l'art. M. Sluyter a fait une gravure très méritoire du portrait de Mgr. van Vree, évêque de Harlem. | |
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‘Rêverie’, gravure de M. Taurel fils, d'après un tableau de M. Israëls. Une gravure au burin, où le sentiment profond dirigeant la main de l'artiste, dans les différentes parties de ce beau tableau de M. Israëls, ne s'est pas démenti une seule fois. ‘L'école flamande’, revue illustrée qui se publie à Anvers; un allié désirable pour tous les organes de l'art chrétien. C'est surtout à M. Génard que cette publication est redevable de son plus puissant attrait. ‘Annales archéologiques’ de M. Didron. Aux rives de la Méditerranée on ne s'avise pas d'en décrire les ondes azurées. On contemple plutôt, et l'on rend un hommage tacite. Dans la ‘partie néerlandaise’ néanmoins nous n'avons pu nous interdire de parler plus d'une fois des nobles travaux du ‘généralissime’ des archéologues français. ‘Wartburg-Bibliothek’, de M. Bechstein: histoire, littérature, architecture. ‘Joie chrétienne’: des chansons spirituelles avec de charmantes gravures sur bois, d'après des dessins pleins de sentiment de MM. Andreac, L. Richter et Schnorr de Carolsfeld (Leipzig, Wigand). ‘Tristan et Isolde’, traduction, en vers allemands modernes, de l'ancien poëme du ménestrel ‘Gottfried’ de ‘Straszburg’ par M. le prof. Simrock. La poésie germanique, la poésie nationale et populaire tout à la fois, a des obligations immenses à M. Charles Simrock, son fidèle interprétateur. ‘Hélène, poëme épique, par M. Hofdijk’. L'action qui date du temps de l'empereur Charles-le-Gros, se passe au ‘Kennemerland’, une partie de la Nord-Hollande, lieu de naissance et de prédilection de l'auteur. Celui-ci a su unir à un puissant intérêt dramatique le coloris d'un pinceau qui n'a point son égal dans notre littérature, pour la représentation idéale du paysage néerlandais. ‘Zehra’, poëme dramatique, par Ie même auteur. On peut consulter sur lui notre ‘Littérature néerlandaise’, pag. 253. ‘Musée néerlandais’, oeuvre périodique, publiée par M. le prof. Serrure de Gand et consacrée à des intérêts analogues à ceux que la ‘Dietsche Warande’ a en vue. Dans la publication de M. Serrure la part qui est faite à la linguistique, à la numismatique etc. est plus grande, et celle qni est faite à l'art moins étendue que dans notre recueil. Publications du Comité flamand de France. Elles sont appropriées aux différentes classes de lecteurs, auprès desquelles l'honorable comité veut nourrir le respect et l'amour des traditions et de la langue nationales. La Flandre française est un territoire néerlandais que de grand coeur nous faisons rentrer dans les frontières ‘de vermillon’, par lesquelles nous disposons (sur nos cartes ethnographiques) de toute terre où le néerlandais se parle; peu s'en faut que nous ne nous incorporions, matériellement et spirituellement (sur nos cartes, et dans nos sympathies) tout cet immense terrain où règne la nationalité basse-allemande (nederduitsch).
A. Th.
La suite au prochain numéro. |
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