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IV
D Une seconde fois, le Livre des Mestiers a connu les honneurs de l'impréssion. Il parut en effet à Anvers, avant 1501, dans le texte bilingue primitif, légèrement remanié et modernisé, sous le double titre suivant: Vocabulair pour aprendre Romain et flameng - Vocabulaer om te leeren Walsch ende Vlaemsch.
Un exemplaire, probablement unique, est conservé à la réserve de la Bibliothèque Mazarine sous la cote 10204. Il a été signalé d'abord par Ch. Beaulieux,Ga naar voetnoot1. puis étudié par MM. Riemens et VerdeyenGa naar voetnoot2.. Quant à l'imprimeur, il s'est fait connaître dans l'explicit de l'opuscule, quand il déclare:
Gheprent Thantwerpen bi my roland vandendorpe wonende aen dyzeren waghe.
Sur l'imprimeur anversois Roland van den Dorpe, nous ne possédons que peu de renseignements. Sa carrière ne fut ni longue (1497-1500) ni féconde. On lui attribue une douzaine d'incunablesGa naar voetnoot3., parmi lesquels il convient de signaler Die alder-excellenste Cronycke van Brabant, ornée de curieuses gravures et qui est devenue très rareGa naar voetnoot4.. Au moment où il achevait cet ouvrage, fin février 1497, il habitait la rue des Tanneurs.
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Vu l'importance de ce travail, on peut soutenir qu'il exerçait déjà son métier en 1496. Plus tard, au moment où il travaillait au Vocabulair, il occupait un autre atelier. Nous ne connaissons pas avec certitude la date de son décès, mais nous savons que sa veuve continua les affaires et qu'elle imprima deux ouvrages en 1501, dont l'un fut terminé au mois de maiGa naar voetnoot1., l'autre le 4 septembreGa naar voetnoot2.. On peut donc affirmer que le Vocabulair sortit de ses presses avant 1501Ga naar voetnoot3.. Au moment d'examiner ce manuel bilingue, il convient de signaler les deux illustrations: le frontispice, représentation banale du scribe ou écrivain, et la vignette au verso de la dernière page, reproduisant la marque ‘parlante’ de l'imprimeur, déjà connue par d'autres ouvrages et que M. Riemens décrit comme suit: Un guerrier cuirassé tenant de la main droite une épée, de la main gauche un cor dont il sonne; des montagnes au fond achèvent d'évoquer le souvenir du héros de Ronceveaux. L'homonyme anversois de Roland estime évidemment qu'il met ainsi très suffisamment en lumière l'allusion qu'il fait au neveu de Charlemagne, et par conséquent qu'il est inutile d'inscrire le
prénom sur la banderole qui porte le nom de ‘van den dorpe’Ga naar voetnoot4..
Les rapports de cette dernière édition avec les versions antérieures et particulièrement avec C, ont été étudiés minutieusement par M. Riemens.
‘Rien qu'à comparer l'ensemble de la matière, on est frappé de la grande ressemblance entre D et C. Tous les paragraphes que celui-ci ajoute à la première section de M se retrouvent dans D et dans le même ordre. Dans les deux autres sections, C et D sont à peu près identiques; les développements remarqués dans C figurent également dans D. Celui-ci, toutefois, se permet une liberté plus grande encore dans les noms de
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personnes, sans trop se soucier des exigences de l'ordre alphabétique.’
A ces observations générales, je me permets d'ajouter quelques remarques particulières, pour souligner davantage le rapport étroit entre C et D. Si l'on compare les textes de M, C et D, on constate qu'il y a une identité presque complète entre C et D quant aux lacunes, aux variantes et aux additions. Montrons-le par quelques exemples.
En parcourant les cinq premiers feuillets de M, on relève quatre passages, d'étendue inégale, qui manquent dans C comme dans DGa naar voetnoot1.. Au folio trois, on peut signaler quatre lacunes partielles, identiques dans C et dans DGa naar voetnoot2..
Les variantes sont tout aussi significatives. Dans M par exemple, il est question (fo 3, l. 14) de ‘bouteilles... de toutes mesures’; le dernier mot est remplacé par le mot ‘manières’ et dans C et dans D; ailleurs M donne (fo 5, l. 17): ‘de tor ne de vaque’; nous lisons dans C ‘de muletz’ et dans D ‘de mules’. Cinq lignes plus loin, M cite: ‘leus, renars ne fichau’. Le dernier mot est remplacé par ‘fouines’ (C) ou ‘fouynes’ (D).
D'autre part, mais rarement, on peut signaler une divergence entre les trois textes. Ainsi, d'après M, les bêtes venimeuses sont (fo 5, l. 35): serpens, cueluevres, araingnes, mouskes et vers.
C donne: serpens, lasartz, scorpions, mouches, veers.
D: serpens, couleuvre, eraignes, crapaus, luisarte, scorpions, mouches, versGa naar voetnoot3..
Quant aux additions, elles ne sont pas moins démonstratives, comme il ressort des exemples typiques suivants: Avant l'ordre donné à Margot (M: fo 4 vo, l. 5), il y a dans C et D, un long passage concernant l'éducation des enfants, dont le texte français est absolument identique.
A propos des ‘poissons’, on trouve, au début et à la fin, dans C et D, deux ajoutes complétant, sans la moindre divergence entre elles, le texte de M (fo 5 vo, après l. 4 et l. 27).
Enfin, après le passage consacré à ‘Gilbers, li escrivains’ (M:
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fo 15 vo, l. 14-26), on trouve dans C et dans D une addition intéressante en l'honneur de ce que C appelle ‘la plus noble mestier qui soit au monde’. D proclame également que c'est ‘le plus noble mestier qui soit au monde’, et continue sa déclaration de la même façon que C, sauf une nouvelle correction. C déclare en effet que, sans l'art du scribe ou écriture, la loi et foi périraient et ‘toute la saincte escripture ne seroit mise en oubly’. La négation fautive, qu'on retrouve également dans la version anglaise de C, ne figure pas dans le texte bilingue de D. Comme l'apologie de l'écrivain se rencontre, identique, dans C et dans D, et provient vraisemblablement de leur source commune, on peut renoncer à l'hypothèse de Bradley, qui supposait que cet ‘éloge emphatique’ pouvait être attribué à Caxton, comme étant l'expression de ses sentiments personnelsGa naar voetnoot1..
Aux constatations qui précèdent, je me permets d'ajouter une remarque de détail, qui confirme la conclusion énoncée ci-après, à la suite de MM. Riemens et Verdeyen.
Au début de la série alphabétique, un interlocuteur s'informe auprès d'un autre au sujet du meilleur vin. Ayant reçu le renseignement désiré, il appelle son domestique et l'envoie à l'adresse donnée. La scène comprend trois personnages, indiqués par leur prénom et qu'il importe de désigner par un prénom différent. De fait, dans M, les trois personnages s'appellent Aubin, Andrieu et Adryen, son valet. Caxton n'a pas tenu compte de la légère différence entre ces deux noms assez semblables, mais qui distinguent le maître du valet, de sorte que le maître et le valet portent chez lui le même nom et qu' ‘Andrieu’ ordonne à ‘Andrieu’ d'aller chercher du vin, ce qui rend le dialogue incompréhensible. Cette faute, imputable à Caxton, ne se retrouve pas dans D, où les personnages s'appellent: Abel, Adrien et Ysac, son valet.
L'étude comparative des erreurs est particulièrement concluante. Elle a été faite avec soin par M. Riemens qui montre d'abord que, si D répète deux fautes évidentes de C, introuvables dans MGa naar voetnoot2., par contre
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il en évite plusieurs, tout en présentant souvent un texte moins correct que C. Nous nous permettons de renvoyer le lecteur à sa double énumérationGa naar voetnoot1..
Si nous ajoutons que D est plus complet que C, puisque nous y trouvons les noms par S et T qui manquent dans CGa naar voetnoot2., sans compter le ‘Service de la Table’Ga naar voetnoot3., et que le texte flamand est souvent identique à celui de M, on admettra volontiers, à la suite de M. Verdeyen, la conclusion de M. Riemens, formulée comme suit:
‘Nous croyons donc que les deux éditeurs se sont servis chacun d'un manuscrit du Livre des Mestiers, mais que ces deux manuscrits, pour ne pas être identiques, avaient cependant entre eux plus de ressemblance qu'ils n'en avaient avec MGa naar voetnoot4..’
La filiation exposée ci-dessus pourrait se présenter schématiquement comme suit:
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L'étude comparative des différents manuels permet de constater chez D une tendance à moderniser la langue, désuète par endroitsGa naar voetnoot1., sans qu'il nous soit possible d'attribuer à son éditeur tout le mérite de ce changement.
Quoi qu'il en soit, ces variantes du texte bilingue de D, plus complet, si pas toujours plus correct que les autres, constituent une raison de plus pour sa publication, à la suite des ‘manuels’ auxquels il se rattache si étroitement.
Quant aux ouvrages postérieurs, à commencer par le Vocabulario de 1520, qui n'est qu'une réduction de D, et du Vocabulaire de Noël de Berlaimont, prototype d'une nouvelle série de Colloquia, nous renvoyons le lecteur à la savante étude de M. Verdeyen, parue en tête de son édition de Fickaert et constituant le premier volume de sa belle publication.
Après ce que nous avons dit ci-dessus sur le but de notre nouvelle édition et la méthode suivie, il ne nous reste que quelques mots à ajouter et à signaler les corrections que nous avons jugé nécessaire d'introduire dans le texte bilingue de D.
Nous ferons remarquer tout d'abord que le manuel bilingue, tel qu'il fut imprimé par Vanden Dorpe, présente quelques lacunes, indiquées par des points, que la comparaison avec M et C permet de combler aisément: fo 4, au début; fo 6, l. 5 et après la dernière ligne; 6 vo, après l. 3; fo 9 vo, l. 15, dans le texte français; fo 27 vo, en bas, à propos des deux malades; fo 28 vo, l. 25-26; enfin fo 32 vo, l. 14, dans le couplet en l'honneur du bourreau, appelé ‘Bussin’ par D, à la suite de CaxtonGa naar voetnoot2.. D'autres lacunes de moindre importance, trop nombreuses à énumérer, surtout dans la première colonne, ont été comblées dans le texte, le mot à suppléer étant ajouté entre crochets, tandis que les parenthèses enclosent quelques mots superflus. On n'a pas voulu procéder de la même facon à l'égard d'une lettre seule: les crochets ou parenthèses au milieu d'un mot déparent l'aspect de celui-ci et en compliquent la lecture. Au demeurant,
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nous en donnons la liste ci-après, à l'intention du philologue qui voudrait savoir exactement comment se présente le texte dans l'original.
Dans notre édition, les lettres suivantes, indiquées ici entre crochets, ont été ajoutées: fo 2, l. 26: trouve[rez]; fo 5, l. 19 et 38 vo, l. 22: que[l]; fo 7, l. 26: [l]es...; fo 12 vo, l. 27: escha[r]late; fo 13, l. 29: don[t]; fo 17, l. 11: a[r]gent; fo 27, l. 28: Evra[r]d. - Dans la seconde colonne, je ne vois à signaler ici que fo 1 vo, l. 3: prof[i]telick; fo 2, l. 21: ridde[r]s; fo 7, l. 32: om opt[e] setten; fo 35, l. 9: min[n]enbrief.
Des lettres superflues, gênantes à la lecture, ont été supprimées dans notre édition. Elles sont indiquées ici entre parenthèses: fo 4 vo, l. 26; 6, l. 1 et 8, l. 30: vo(u)s ou vo(u)stre, adjectif possessif; fo 10, l. 32: mengie(r)s; 10 vo, l. 30: fait on(s); fo 13 vo, l. 31: apaisie(r); fo 19 vo, l. 10: il monta(na); fo 23 vo, l. 12: terme(r)s; fo 26 vo, l. 10 et 18: reprouv(r)a, demande[r]; fo 30 vo, l. 9: Gillebert(e); fo 34 vo, l. 18 et 22: donne(z); fo 35, l. 10: envoyeray(a) a...; fo 39 vo, l. 6: le pain(e) entier. - Dans la seconde colonne: fo 4 vo, l. 19: oft sijn sij(t); fo 6, l. 25: we(e)l gheveenstert; fo 12, l. 20: dat me(n)s gedenct, traduisant: qu'il m'en souvienne; fo 20, l. 24: verlossen(de), à l'infinitif; fo 26, l. 8: en ha me(e)r, pronom indéfini, précédé de la particule négative en, surmontée erronément d'une barre (= ende) dans l'original.
Dans le texte français, la confusion grammaticale entre qui et qu'il se rencontre fréquemment: fo 20, l. 12; 35 vo, l. 10 et 37, l. 2, l'original porte la dernière forme, au lieu du simple qui, imposé par le contexte; le contraire s'est produit fo 28 vo, l. 15 et fo 33, l. 15; enfin, fo 32 vo, l. 3 et 23, il faut lire y au lieu de il. Une seule fois, fo 4 vo, l. 1, que fautif a été corrigé en qui; plus loin, fo 38 vo, l. 22, en quel.
Des coquilles typographiques, qu'il n'y avait pas lieu de reproduire servilement, se sont glissées dans les mots suivants, cités ci-après dans leur forme correcte, l'erreur typographique étant indiquée entre parenthèses.
Une première catégorie provient de la confusion courante des lettres n et v ou u, dont voici les exemples les plus typiques, pour le texte français.
Fo 6 vo, l. 9: couvrir (coun-); fo 10, l. 21: viennent (vienuēt); fo 16, l. 1: ne (ue); fo 26, l. 8: ne l'eut on (lent); fo 26 vo, l. 13: aveugle (avengle); fo 29, l. 12: chenses (cheu-); fo 32, l. 29: Genevois (Geu-); fo 33, l. 32: fien (fieu).
Moins fréquentes sont les autres confusions de lettres, particulièrement de f et s, d'où sour- pour fourdines (fo 11, l. 13), et la faute, déjà signalée chez Caxton, de sera, au lieu de fera (fo 13, l. 7); par contre, nous signalons ici: fo 7, l. 2: sestier (sef-); fo 38 vo, l. 27: la saison (fai-).
Citons encore:
Fo 5 vo, l. 28: vostre (rostre); fo 7, l. 24: esculier (el-); fo 7 vo, l. 14: choses (chol-); fo 8 vo, l. 12: le (la); fo 11 vo, l. 5: gardins (go-); fo 17 vo, l. 4: vesches (vese-); fo 22, l. 8: se lui mettez (le lui...); fo 24, l. 20: meschance (-te); fo 25, l. 31: nous ne avons cure (cuie); fo 26, l. 8: antan (-un); vo, l. 2: s'en alla (alle); fo 31, l. 15: d'albastres (dalst-); 31 vo, l. 13: aloyeres (ol-); fo 33, l. 22: tonlieu (toll-); fo 34, l. 27: aval (au-); fo 35, l. 31: le (lui) confesseur; fo 36, l. 23: la serez vous (le...); fo 38 vo, l. 6: des (les); l. 22: demander (-ez).
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Deux transpositions fautives ont été également corrigées: fo 17, l. 10: estain (se-); fo 25 vo, l. 20 et 24: bueresse et buera. (beu-). - Pour les coquilles de la seconde colonne, nous nous permettons de renvoyer le lecteur à l'introduction flamande.
En quelques endroits, on remarque dans l'original une divergence entre les deux textes que, pour la facilité du lecteur, nous avons fait disparaître dans notre édition, mais que nous tenons à mentionner ici.
Fo 4 vo, l. 24: ‘se ilz ostent - doet sy’. Il faut lire: ‘doen sy’.
Fo 21, l. 15: ‘ton Dieu avoir courroucé - dinen God hebt (lire hebben) vergraemt’.
Fo 27 vo, l. 13: ‘il le feroie - ick soudt doen’. Le contexte impose la correction: je.
Fo 28, l. 8: une ditographie fautive fait dire en flamand que le riche drapier visite les malades et les veuves, alors qu'il conseille celles-ci dans le texte français. Nous avons remplacé le second ‘hi visiteert’, manifestement fautif, par: hi beraet, conformément au texte roman, qui est correct.
Fo 35 vo, l. 21: le texte flamand contient un pluriel fautif, corrigé d'après le français: ‘il attend’.
Fo 36 vo, l. 15: l'hôtesse, constatant que les voyageurs sont fatigués, leur dit: ‘Bien, je voi’, traduit par: ‘Wel, ic gae’. Il me semble préférable de lire, sans que d'ailleurs la correction s'impose: ‘Wel, ic sie’. Voyez plus haut, l. 7: ‘Je m'en voy, ic ga’.
A titre de curiosité, j'ai laissé subsister (fo 21, l. 28), la divergence numérique entre les doigts des deux mains: cinq en français, x ou dix en flamandGa naar voetnoot1..
Quelques corrections, plus importantes, s'imposaient:
Fo 6, l. 19: le mot avant de l'original a été remplacé par aval, conformément au flamand.
Fo 18, l. 13: le mot initial pas est corrigé en par dans l'expression: ‘par desoubz’.
Il nous faut expliquer le changement notable que nous avons introduit dans le double texte de D, et que rien ne justifie à première vue.
Fo 24, l. 9, on lit:
‘Appolline, venez boire. - Appolonie, coemt drincken.’
Dans notre édition, on lira:
‘Appolline, venez mengier. - Appolonie, coemt eten.’
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La genèse de cette faute est assez intréssante.
On lit dans M:
‘Anastasce, avés vous mengiet? - Anastasie, hebdi gheten?’
Dans son incunable, Caxton avait imprimé:
‘Appolone, venés boire. - Appolyn, come ete.’
Or, le contexte montre clairement que la dernière leçon est la bonne, puisque l'interpellée décline l'invitation reçue, tout en ajoutant qu'elle veut bien boire, parce que ce serait ‘villonnie’ que de refuser le hanap. Aussi dans notre édition de C, le mot ‘boire’ est remplacé par ‘menger’.
La leçon fautive figurait vraisemblablement dans le modèle dont s'est servi Caxton, auquel nous devons la correction précitée. Il faut croire que Vanden Dorpe a utilisé le même modèle, puisque nous trouvons dans son manuel, par deux fois, la leçon fautive, dont la correction s'impose pour éviter une contradictio in terminis qui dérouterait le lecteur. Cette erreur commune confirme la filiation que nous avons proposée ci-dessus et justifie, nous l'espérons du moins, la longueur de cette note.
Fo 35 vo, l. 9, en parlant de la miséricorde divine et de la confession, nos manuels proclament que celui qui se sent en danger de mort est vraiment mal avisé, ‘s'il ne prend remède quand il le scet ou trouver’. Voilà ce que nous apprend Caxton, en français et en anglais: ‘whan he knoweth wher to fynde’ (p. 45, l. 26). Une erreur typographique a transformé, chez Vanden Dorpe, le pronom souligné en ne, et cette malencontreuse négation se retrouve en flamand, de sorte que le texte bilingue de D soutient le contraire de ce qu'il veut enseigner: ‘pour ce est il mal advisé qui navrez se sent en péril de mort, s'il ne prend remède, quand il ne scet ou trouver - als hise en weet waer vinden’. Il faut remplacer la négation par le dans la première colonne, conformément à C, et la négliger dans la seconde.
Sans les corrections, proposées et justifiées ci-dessus, le texte de notre manuel serait, en maint endroit, absolument incompréhensible. Voilà pourquoi nous nous y sommes arrêté avec une insistance dont nous nous excusons, en prenant congé du lecteur.
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voetnoot1.
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Ch. Beaulieux, Liste des dictionnaires, lexiques et vocabulaires français antérieurs au Thrésor de Nicot, dans les Mélanges F. Brunot, p. 371. Paris, 1904.
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voetnoot2.
- K.-J. Riemens, Les débuts de la lexicographie franco-néerlandaise, dans la Revue de Philologie et de Littérature, XXXIII (1921), p. 21; du même, Étude..., pp. 24-29; R. Verdeyen, Colloquia..., I, pp. 17 et 78-81.
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voetnoot3.
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Fr. Olthoff, De boekdrukkers, boekenverkoopers en uitgevers in Antwerpen, p. 26. Anvers, 1891.
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voetnoot4.
- M.-L. Polain, La situation d'Anvers dans l'imprimerie des Pays-Bas au XVe siècle, dans Le Compas d'Or, N.S., V (1927), p. 248. - Une autre impression de Vanden Dorpe, intitulée Hier beghint die hystorye vander destrucyen van Troyen..., est ornée de dix-neuf figures, dont onze différentes, les huit autres étant des répétitions. A la vente Alphonse Willems (Paris, 1914), un exemplaire (no 424 du catalogue) fut adjugé à sept mille neuf cents francs.
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voetnoot1.
- W. Nijhoff, L'Art typographique dans les Pays-Bas, II, p. 5. La Haye, 1926.
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voetnoot2.
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Een seer salich boecxken... Gheprent aen dyseren wage, bi die wed. Rolants van den Dorpe saliger gedachten, anno 1501.
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voetnoot3.
- Le Vocabulair n'est pas mentionné dans le beau et volumineux Catalogue des incunables de la Bibliothèque Mazarine, par P. Marais et A. Dufresne de Saint-Léon. Paris, 1893 et 1898. Et pourtant, parmi les ouvrages datés, j'en relève un du 24 décembre 1500.
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voetnoot4.
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Riemens, Etude, pp. 24-25. - La marque de Roland Vanden Dorpe est reproduite dans J.-W. Holtrop, Monuments typographiques des Pays-Bas au XVe siècle, pl. 72. La Haye, 1868; G. Van Havre, Marques typographiques des imprimeurs et libraires anversois, I, p. 143. Anvers, 1883; par Olthoff, op. cit., p. 27; par F. Vander Haeghen, dans sa Bibliotheca Belgica, CXII; enfin dans l'Histoire du livre et de l'imprimerie en Belgique, II, p. 114, et III, p. 60 (fig. 35). - La première reproduction citée est de loin la plus belle. - Le frontispice est reproduit sur la couverture.
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voetnoot1.
- Cfr M: fo 2, l. 29-30; fo 2, l. 37 à 2 vo, l. 3; fo 5, l. 19 et l. 31-33.
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voetnoot2.
- Dans les passages de M reproduits ci-après, les mots italiqués manquent également dans C et dans D: ‘de tourbes ou de carbon; - un cravet a char, un soufflet; - hanaps a piet et godes; - un pestel et une pilette’ (fo 3, l. 29 et 32; fo 3 vo, l. 4 et 15).
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voetnoot3.
- A titre de curiosité, je signale encore une addition faite par l'imprimeur anversois. Dans l'énumération des fromages, D reproduit la liste de C, en y ajoutant la mention d'un fromage indigène, fabriqué à Tirlemont, mais il ne connaît pas le nom français de cette ville (fo 10 vo, l. 22).
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voetnoot1.
- ‘This emphatic praise of the writer's craft is not in Michelant; probably it expresses Caxton's own sentiments.’ H. Bradley, op. cit., p. XI. - La même remarque peut être faite à propos de la dernière note de Bradley, qui ne s'applique pas à toute la finale (p. 50, l. 22 ss. de l'édition moderne) comme le croyait le savant anglais, mais seulement à deux lignes (p. 51, l. 33-34), les seules qu'on puisse considérer comme étant ‘an addition by Caxton’.
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voetnoot2.
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Confite au lieu de confire, nom d'une plante (M: fo 6, l. 26); sera au lieu de fera (M: fo 7, l. 11). A cause de la leçon fautive, la version anglaise de C est dépourvue de sens; la traduction de D est parfaite.
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voetnoot1.
- Cfr Riemens, op laud., p. 27. - A titre de spécimen, je cite, dans le prologue, le passage qui souligne l'utilité du manuel: ‘Qui ceste livre vouldra aprendre, bien pourra entreprendre...’ proclame Caxton. Dans D, on trouve deux fois le premier verbe, ce qui est moins correct.
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voetnoot2.
- La constatation faite ci-dessus est d'une importance qu'il convient de souligner. D renferme les noms qui commencent par S et T; ceux-ci ne figurent pas dans C: on explique cette lacune en supposant qu'un feuillet manquait dans le texte que Caxton a utilisé. Cette lacune, constatée dans C, inconnue dans D, prouve que D s'est servi d'un autre modèle que C, quitte à admettre que leur modèle respectif a été copié sur un même texte (désigné par y dans le tableau ci-dessus). Par conséquent, pour tous les passages qui ne figurent pas dans M, mais qu'on trouve simultanément dans C et D, on ne peut plus en attribuer la paternité à C, comme l'a fait Bradley, puisqu'on est en droit d'affirmer que ces passages figuraient dans le texte perdu d'où dérivent les modèles apparentés, également perdus, dont se sont servis, indépendamment l'un de l'autre, Caxton et Roland Vanden Dorpe.
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voetnoot3.
- Ces passages de D ont été reproduits par M. Riemens, en annexe de son Etude, pp. 94-101 et 115. - On pourrait compléter, à propos du chapitre concernant ‘Le service de la table’, la note bibliographique de Riemens (p. 28), en signalant les Onderrigtingen om de tafel te dienen, fransch en nederduytsch, publiés par K. Stallaert dans Dietsche Warande, I (1855), pp. 233-37. - Cfr Le Compas d'or, N.S., V (1927), pp. 32-43.
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voetnoot4.
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Riemens, op laud., pp. 27-28. - Cfr Verdeyen, Colloquia..., I, p. 80.
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voetnoot1.
- Citons ici un exemple pour chaque langue: M (fo 1 vo, l. 26): ‘point engingnies’; C: engaignies; D: deceu. - M (fo 5, l. 24): scheminkelen; D: simmen.
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voetnoot2.
- Je crois que le nom attribué au bourreau de Bruges par C et par D, a été inventé par l'auteur de leur source commune, variante de M. En tout cas, je n'ai trouvé ce nom nulle part. A l'époque où Caxton séjournait à Bruges, le bourreau s'appelait Karel van Eede, cité e.a. en 1482 (Invent., VI, p. 467). Son prédécesseur, qui fonctionnait déjà en 1452, était Karel Dierman (Coutumes de Bruges, II, p. 419); avant lui, c'était Janne Vander Haghe, qui ‘gehennait’ depuis 1434 (Invent., V, p. 84, n. 7). Dans la première moitié du XIVe siècle (1338 et suiv.) fonctionnait Jan Buffele (Invent., III, pp. 200 ss.). Postérieurement à ceux-ci, un bourreau ‘modèle’, du nom de M. Wisselus ou Wissel, est mentionné avec admiration par Josse de Damhouder, De magnificentia politiciae civitatis Brugensis, fo 143 vo. Anvers, 1564. - Le nom brugeois qui se rapproche le plus de la forme citée par Caxton, est celui de
Jan Busse ou Buussen, au service de la ville depuis 1419, mais pas en qualité de bourreau.
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voetnoot1.
- On n'a pas corrigé, puisque le sens était clair, fo 13 vo, l. 20: je n'en m'en... ditographie curieuse; fo 19, l. 13: sauvez serez (pour seras); fo 34 vo, l. 28: ‘m'a portez’, rendu en flamand par le présent: ‘bringt mi’. Caxton a traduit plus correctement: ‘hath brought me’.
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