Het Brugsche Livre des Mestiers en zijn navolgingen
(1931)–Anoniem Bouc vanden ambachten, De– Auteursrecht onbekendVier aloude conversatieboekjes om Fransch te leeren
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IIIC Il serait fastidieux d'énumérer ici les innombrables articles et les nombreux ouvrages qui s'occupent, en tout ou en partie, de William Caxton, le premier en date des imprimeurs anglais. Nous nous contenterons de mentionner les principaux et de lui consacrer une courte notice, reproduisant en grande partie celle du distingué conservateur de la Bibliothèque RoyaleGa naar voetnoot1., complétée et corrigée au besoin grâce aux Recherches du comte Visart de Bocarmé, le savant bibliographe et numismate brugeoisGa naar voetnoot2., et à l'ouvrage fondamental de W. Blades, l'historien attitré de CaxtonGa naar voetnoot3.. Né vers 1422 dans le Kent, William Caxton entre à dix-huit ans au service du mercier Robert Large, à Londres. Après la mort de ce dernier, il s'établit à Bruges, qui était à ce moment le marché central du commerce anglo-flamand. De 1463 à 1469, il est maître et gouverneur de la nation anglaise, à Bruges. Au cours de cette dernière année, il arrive à la cour de la duchesse de Bourgogne, Marguerite d'York, et entreprend pour elle la traduction en anglais du Recueil des histoires de TroyeGa naar voetnoot4., terminée en 1471 à Cologne, où il s'était rendu cette année-là. A cette occasion, | |
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d'après M. Vincent, il s'initia à la typographieGa naar voetnoot1.. Renchérissant sur lui, un bibliographe allemand a insisté longuement sur le séjour de Caxton à Cologne, en y attribuant une influence excessive, afin de pouvoir révoquer en doute la part prépondérante prise par Colard Mansion, le maître-imprimeur brugeois, dans la formation technique de CaxtonGa naar voetnoot2.. Le savant conservateur du Musée Plantin, à Anvers, M. Sabbe, a fait prompte justice de ces exagérationsGa naar voetnoot3.. De son côté, l'historien anglais W. Blades se refuse absolument à admettre que son compatriote se serait initié à Cologne aux secrets de l'imprimerie: le titre de son ouvrage fondamental est suggestif à cet égard; de même, le comte Visart de Bocarmé affirme catégoriquement que ‘la technique des impressions de Caxton écarte, d'une manière qui ne laisse aucun doute, l'hypothèse d'une origine colonaise’. Tout aussi catégorique est le témoignage de J.-F. Bense, l'historien des relations anglo-flamandes: ‘And do not let us forget that Caxton learned the art at Bruges, and then introduced it into England, where Wynkyn de Worde of Bruges became his assistant and successor’Ga naar voetnoot4.. Revenu à Bruges en 1475, Caxton s'associa avec Colard Mansion et fit paraître sa traduction: The Recuyell of the historyes of Troye. C'est le premier livre au monde imprimé en anglais. A cause de son importance historique, il a été reproduit en fac-similé à Londres, en 1894. Après avoir séjourné durant trente-cinq ans sur le continent, Caxton retourna dans son pays natal, emportant un secret précieux; il y arriva - comme le dit Blades dans un accès de lyrisme bien justifié - ‘laden with a more precious freight than the most opulent merchant aventure ever dreamt of, and to endow his country with a blessing than which only one richer had even been bestowed - the introduction of Christianity’Ga naar voetnoot5.. En 1447, Caxton s'établit à Westminster, dans l'abbaye du même | |
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nom, et introduisit en Angleterre l'art typographique, qu'il avait appris à Bruges dans l'atelier de Colard Mansion. La même année, il fit paraître The Dictes and Sayings of the Philosophers, le premier livre imprimé en Angleterre. En 1481 parut son Reynard the Fox, arrangé par Caxton luimême d'après un original flamand, probablement cette Hystorie van Reynaert die Vos imprimée en 1479 à Gouda, par Gérard Leeu. Vers 1483, il publia, à l'usage de ses compatriotes, mais encore d'après un modèle flamand, un petit manuel pour apprendre le français, dont nous parlerons plus en détailGa naar voetnoot1.. Peu après, vers 1485, il abandonna l'abbaye, où il se sentait probablement à l'étroit, et vint se fixer dans la Kingstreet, avec le Brugeois Winkin de Worde, son aide et successeurGa naar voetnoot2.. Durant les quelques années qui lui restaient à vivre (il mourut vers 1491), il continua sans défaillance son labeur utile et fructueux. A juste titre, il a inséré cette déclaration dans le colophon de son Boèce, dont on peut admirer un magnifique exemplaire à la cathédrale de Ripon: ‘For the erudicion and lernyng of suche as ben ignorant & not knowyng of it... I William Caxton have done my debvoir & payne tenprynte it in fourme as is here afore made.’ A sa mort, il avait imprimé quatre-vingt-dix ouvrages, représentant près de dix mille volumesGa naar voetnoot3.. On peut juger par là de son influence, surtout si l'on songe que, même au XVIIe siècle, les imprimeries étaient relativement rares en AngleterreGa naar voetnoot4.. Durant son séjour dans la Venise du Nord, Caxton avait appris le flamand et même le français, car ‘in France was I never’, comme il le déclare dans la préface de ses Historyes of Troye. Nous n'avons pas de | |
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renseignements précis sur ses études linguistiques; on peut admettre qu'il utilisa assidûment le manuel composé par le walsce scoelmeestere de Bruges, intitulé par celui-ci le Livre des Mestiers: il en possédait certainement un exemplaire manuscrit, qu'il emporta précieusement lors de son départ définitif pour l'Angleterre. Aux deux colonnes du manuel roman-thiois, Caxton en avait ajouté une troisième, où il s'était exercé à traduire le texte en anglais, transformant ainsi le ‘guide’ bilingue en trilingue, pour son usage personnel. Une fois en Angleterre, où l'étude du français était tenue en haute estime, comme le montre Miss Katleen Lambley dans son admirable dissertation historico-pédagogiqueGa naar voetnoot1., Caxton résolut d'imprimer le manuel brugeois pour ses compatriotes en laissant tomber le texte flamand qu'il remplaça par sa version anglaise. Ainsi naquit vers 1483 un manuel françaisanglais, composé sur le patron du manuscrit que Caxton avait emporté de Bruges et qui est irrémédiablement perdu. Blades ignorait le rapport très étroit entre la ‘doctrine’ de Caxton et son prototype flamand quand il affirmait: ‘No manuscript of this compilation in French or English is known to exist, nor is there any clue to the author’Ga naar voetnoot2.. Pour souligner ce rapport, j'ajouterai qu'on retrouve l'influence du modèle brugeois jusque dans l'exécution matérielle du manuel de Caxton: les deux textes y sont juxtaposés, alors que, dans les manuels antérieurs, l'anglais et le français, ou vice-versa, se suivent en alternant ligne par ligneGa naar voetnoot3.. De cette ‘très bonne doctrine pour aprendre briefment francoys et engloys’, il existe encore trois exemplaires complets, décrits par la plupart des bibliographesGa naar voetnoot4., en particulier par de RicciGa naar voetnoot5.. Tous les trois | |
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sont conservés en Angleterre avec un soin jaloux: l'un, à la John Rylands LibraryGa naar voetnoot1. de Manchester; l'autre, à la Cathédrale de Ripon; le troisième, dans la bibliothèque privée de Bamborough Castle. Grâce à l'obligeance des conservateurs de ces différents dépôts, j'ai pu étudier à mon aise les trois exemplaires; les deux premiers, sur place; le troisième, au British Museum, où il fut déposé à mon intention. Tous les trois sont en parfait état et absolument complets; celui de la Cathédrale de Ripon, relié jadis à la suite du Boèce conservé dans le même dépôt, est le plus beau: ‘Perfect and fine’, dit S. de Ricci. Le même appelle l'exemplaire de Manchester ‘nearly perfect’, parce que, malgré un nettoyage soigneux, on y relève encore des traces de chiffres et de lettres dans quelques marges et au verso du dernier feuillet. L'exemplaire de Bamborough Castle, que S. de Ricci n'a pas vu, est plus endommagé encore: des vingt-cinq feuillets, le septième est fortement rogné; le dernier est couvert d'inscriptions sans grand intérêt. Au verso on lit, au haut de la page, souligné:
Dum sumus in mundo, vivamus corde jocundo.
Plus bas:
Edwardus Harryngton de Rydlington
Armiger, me possidet.
Initium sapientiae timor Domini.
L'étude comparative des trois exemplaires complets permet d'affirmer qu'il n'existe pas de divergences quant au texte. En plus de cette constatation purement négative, elle m'a mis à même d'établir avec plus de certitude une leçon douteuse - tel mot ou telle lettre étant imprimés plus clairement dans l'un exemplaire que dans l'autre - et de corriger avec plus d'assurance les nombreuses erreurs et négligences commises par mon prédécesseur, dans une édition dont il reste à parler. En 1900, le texte bilingue de la ‘doctrine’ de Caxton a été publié par Bradley, pour la société des Anciens Textes anglaisGa naar voetnoot2.. La réputation scientifique de l'éditeur, qui prit une part prépondérante dans l'élaboration du New English Dictionary, a fait accorder à son édition des Dialogues | |
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in French and English une confiance que celle-ci est loin de mériterGa naar voetnoot1.. Pour sa publication, Bradley a jugé inutile d'étudier les trois exemplaires; il s'est contenté de celui qu'on conserve à la cathédrale de Ripon et encore, il ne l'a jamais eu sous les yeux: il s'est servi d'une transcription à la machine qu'un correspondant lui a fournie, tandis qu'un autre s'est chargé de collationner les épreuves sur l'original. En résumé, un collaborateur a fait la transcription; un autre, la collation; le troisième, le vocabulaire français-anglais; ensuite, H. Bradley a publié et signé. Sic vos non vobis... Dans son introduction, il en fait l'aveu avec une franchise louable en soi et un optimisme béat que je n'ose apprécier. Le lecteur en jugera par cet extrait: ‘The text of the present edition is taken from the Ripon copy. I have not had an opportunity of seeing this myself; but a type-written transcript was supplied to me by Mr. John Whitham, Chapter Clerk of Ripon Cathedral, and the proofs were collated with the Ripon book by the Rev. Dr. Fowler, Vice-Principal of Bishop Hatfield's Hall, Durham, who was kind enough to re-examine every passage in which I suspected a possible inaccuracy. It is therefore reasonable to hope that the present reprint will be found to be a strictly faithful representation of the original edition.’ L'optimisme de Bradley est absolument injustifié: l'espoir ‘raisonnable’ dont il parle ne s'est pas réalisé et sa publication est loin d'être la reproduction ‘strictement fidèle’ de l'original. Pour démontrer le bien fondé de cette appréciation qui est loin d'être élogieuse, mais dont la forme clémente reste bien au-dessous de la réalité vraiment désastreuse, il est nécessaire et suffisant de citer ici quelques chiffres et quelques spécimens d'erreurs, à titre documentaire. Ce faisant, on prouvera en même temps la raison d'être et la nécessité de la nouvelle édition. A la suite d'une collation minutieuse, j'ai relevé exactement cent soixante-deux erreurs, d'importance inégale, dans l'édition de Bradley. On est donc loin d'une ‘strictly faithful representation’ de l'original. | |
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Voici quelques précisions. (J'adopte la pagination primitive qu'on retrouvera ci-après et dans l'édition de Bradley, mais avec une erreur d'une ligne, pour les pages 9 et 33.) P. 1, l. 20: Les noms des cuyrs et des peaulx (Caxton: peauls). - P. 2, l. 19: Des jougleurs. (C: jongleurs). - P. 3, l. 1: Et du sainte esperite. (C: saint). Pour le même mot, je trouve p. 4, dernière ligne: en sa sainte garde (C: seinte); par contre, p. 26, l. 29: A le seint remy (C: saint). - P. 8, l. 36: Les doibt en honnourer (C: on). - P. 10, l. 1: Maussons; l. 4: Boutoirs (C: Moussons; Butoirs). - P. 10, l. 9: Je suis malade (C: suy). - P. 12, l. 42: Gruwell et porrees. (C: Gruwel.) - P. 13, l. 40: Sy poes commencer (C: commencier). - P. 14, l. 22: Je vous en croys bien (C: croy). - P. 16, l. 6: Disenoof souls; l. 14: Tels y a... (C: Disenoef; Telz...). - P. 18, l. 7 et 25: Encore ne lairoi ie mie... Mais ien nomerai (C: lairoy... nomeray). - P. 20, l. 31: Et diray des graines (C: grains). - P. 24, l. 3: e luy mets (C: Se...); l. 15: Chausies vos bousiaux (C: bousiaux); l. 26: Ainsi... (C: Ainssi). - P. 25, l. 29: Anthoine (C. Anthone). - P. 26, l. 11: Januier (C: Janiuer). - P. 26, l. 36: A quaremien (C: Au...). - P. 27, l. 16: Estes in solas (C: en solas). - P. 28, l. 8: Baudewin (C: Baudewins); l. 30: Fais bouillir (C: boullir). - P. 29, l. 4: Et bon ceruoyse (C: bonne ceruoyse). - P. 30, l. 18: Il prende del aune (C: prend). - P. 33, l. 35: Ferrau(n)s le chausser (C: Ferraus; lisez: Ferrans). - P. 36, l. 37: Bons breviares (C: breviaires). - P. 37, l. 23: Pour leurs merites (C: leur). - P. 38, l. 8 et 11: Lamfroy le couureur de tieulles... A mieulx quil pouoit (C: tieules... Au...). - P. 39, l. 15: De quoy ils sont (C: ilz). - P. 41, l. 20: Ogier le poulaillier (C: poulallier); l. 27: Lui a deffendu (C: Luy). - P. 43, l. 21: Willame le rammonier (C: rammonnier); etc. D'autre part, dans la version anglaise, nous croyons utile de signaler: P. 2, l. 14: Of brokers and hosteliers (Caxton: hosteleers); l. 33: Your recyte (C: receyte). - P. 4, l. 32: Knowe ye certainely (C: certainly). - P. 5, l. 4: Of your house (C: hous). - P. 6, l. 5 et l. 41: Now must ye have; p. 14, l. 9: Dame, me must... (C: muste). - P. 6, l. 23: For to go (C: goo). - P. 8, l. 3: the pelowes; l. 5: Chertes, briches (C: pelows; breches). - P. 9, l. 34: Dyght it... (C: Dyghte). - P. 12, l. 1: Wastles, eyrekakis (C: eyrekakys). - P. 16, l. 23: Rynysh guldrens (C: Rynyssh); p. 44, l. 12: He shall weeshe (C: weesshe). - P. 18, l. 24: All maneres of spyces (C: Alle); p. 36, l. 23: He byeth them all (C: alle). - P. 19, l. 28: And I know a partie (C: I knowe). - P. 21, l. 2; p. 45, l. 13 et 15: Which... (C: Whiche). - P. 22, l. 38: Of the duke of burgoyne (C: bourgoyne). - P. 23, l. 4: Of boloyne, of saint pol (C: seint, comme p. 26, l. 38 et p. 46, l. 12); l. 29: Shalle fall or may falle (C: Shall falle). - P. 25, l. 16: Make us somme garlyk (C: gharlyk). - P. 26, l. 17: Agnes our maid (C: maide). - P. 34, l. 4: And of fustain (C: fustian); l. 37: Or rent heritable (C: rente). - P. 37. l. 10: Herry the paynter (C: Harry). - P. 42, l. 18: Is sent to the kynge (C: sente); p. 44, l. 16: four ketellis (C: foure); p. 46, l. 14: goo out (C: oute); par contre, p. 48, l. 29: Two nobles of englonde (C: englond). | |
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L'édition de Bradley est critique, c'est-à-dire qu'il annote les erreurs de l'original et les corrige dans son texte. Malheureusement pour l'éditeur moderne, plusieurs fautes ainsi corrigées proviennent, non pas de l'original, où les fautes marquantes sont rares, comme on verra ci-après, mais de la transcription dont Bradley s'est servi sans contrôle sérieux. Citons à titre d'exemple: P. 11, l. 37: De laict bouly a le flour. D'après Bradley, Caxton aurait imprimé: laicts. Il n'en est rien. Nous pouvons citer d'autres divergences entre le texte français et anglais, dues à Bradley plutôt qu'à Caxton. P. 8, l. 9: Descurieus, daigneaulx - Of bevers and of lombes. La conjonction superflue ne figure pas dans l'original. | |
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instant à faire réexaminer le passage incriminé, ce qui lui aurait épargné deux erreurs et deux remarques inutiles. A plusieurs reprises, la langue de Caxton a fait l'objet de savantes recherches, parmi lesquelles il nous plaît de citer en premier lieu la belle monographie d'un compatriote, professeur à l'Université de BruxellesGa naar voetnoot1.. D'une façon générale, on peut dire que, dans ses grandes lignes, cette langue est conforme au parler londonien, en passe de devenir la koinè ou langue littéraire: ‘Caxtons Sprache ist im Grossen und Ganzen nichts anderes als die schon zum Gemeingut vieler gewordene Londoner Schriftsprache’Ga naar voetnoot2.. On n'y relève guère de traces de son patois d'origine ou d'autres dialectes du sud de l'Angleterre; par contre, on y rencontre beaucoup plus de ‘nordliche Tendenzen’ que dans les anciens textes diplomatiques londoniens ou dans les écrits de ChaucerGa naar voetnoot3.. On y trouve aussi des influences exotiques, notamment flamandes, à la suite du séjour prolongé de Caxton sur le continent, en particulier à Bruges. Sa langue renferme un certain nombre de ‘dutch elements’ ou réminiscences du parler brugeois, mises en lumière dans l'édition de Reynaert die Vos, d'après le texte de 1479, signalé ci-dessusGa naar voetnoot4.. On peut se demander cependant, avec M. de Reul, si les effets de cette influence n'ont pas été exagérés? N'a-t-on pas, par ignorance du moyen anglais, considéré comme ‘dutch elements’ des mots qui faisaient partie du vieux fonds anglais? Il est bon d'être circonspect en cette matièreGa naar voetnoot5.. Quoi qu'il en soit, voici quelques cas typiques où l'on peut établir, avec Bradley, l'influence incontestable du flamand sur la version anglaise de Caxton. | |
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P. 5, l. 33: Aval le maison - After the house = Achter huse. P. 25, l. 11: Respaulme le hanap - Spoylle the cuppe = SpoelGa naar voetnoot1.. P. 41, l. 36: Faict et refaict les cuves - Maketh and formaketh = vermaect. Dans son introduction, Bradley cite un autre exemple qui lui paraît particulièrement curieux: ‘It is still more curious to find Caxton writing “it en is not”, instead of “it is not”; this en is the particule prefixed in Flemish to the verb of a negative sentence’. Dans ses notes, il ajoute ce commentaire: ‘Evidently when this was written Caxton had become more familiar with Flemish than with his native language’. N'est-il pas abusif de tirer pareille conclusion générale d'une graphie absolument unique (p. 17, l. 8), qui n'est peut-être qu'une simple coquille typographique? Caxton peut très bien avoir écrit: ‘It ne is not’, comme on trouve dans l'édition critique de Bradley. Dans l'incunable, les fautes typographiques fourmillent, par exemple, les confusions de u et n que Bradley s'est donné la peine de signaler, ce en quoi je me garderai bien de le suivre, d'autant plus qu'il est loin de les indiquer toutesGa naar voetnoot2.. Ne sommes-nous pas ici en présence d'une simple transposition typographique, ou d'une erreur de transcriptionGa naar voetnoot3., plutôt que d'une influence linguistique qui permettrait d'affirmer que Caxton connaissait mieux le flamand que sa langue maternelle au moment où il élaborait sa traduction, ce qui est manifestement exagéré, comme nous le savons par ailleursGa naar voetnoot4.. | |
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Pourquoi ne pas commenter de la même façon excessive des fautes comme les suivantes, la plupart corrigées dans notre édition, pour faciliter l'intelligence du texte. P. 14, l. 38: Qu'il fust dor in vostre escrin. P. 36, l. 25: Soient emblés ou enprintees (c'est-à-dire ‘emprunté’), d'où la version anglaise: be they stolen or enprinted. P. 44, l. 10: Ysaac le wyneman. - A l'instar de Bradley, nous serions amenés, par la présence de mots français dans le texte anglais, à conclure que Caxton connaissait mieux le français que son idiome natalGa naar voetnoot1.. A mon tour, je puis signaler et expliquer une faute de traduction commise par Caxton, sous l'influence du flamand, bien entendu s'il ne s'agit pas d'une simple coquille typographique. P. 24, l. 37 on lit: En le premier taverne - And the first taverne (au lieu de: At the first taverne). Cette faute s'explique, si l'on suppose que Caxton a lu, au lieu de la préposition française en du texte, la conjonction flamande en et a traduit celle-ci en anglaisGa naar voetnoot2.. Pour clore cette longue énumération, il convient de signaler, après Bradley et Riemens, quelques erreurs commises par Caxton, avec les | |
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corrections introduites dans le texte publié ci-après, dans l'intention d'en faciliter la lecture. A plusieurs reprises, Caxton a confondu l'adjectif possessif pluriel avec le pronom personnel. Pour l'agrément du lecteur, nous avons fait disparaître cette confusion. Ainsi, nous avons remplacé, conformément au sens et à l'usage grammatical: nous par nos (p. 25, l. 18), et vous par vos (p. 3, l. 41; 4, l. 28; 5, l. 6, 8, 19 et 23; 8, l. 27; 9, l. 7; 24, l. 15 et 16). Les notes critiques qui précèdent ont avant tout pour but de montrer au lecteur comment se présente le texte bilingue de la Tres bonne doctrine dans l'incunable de Caxton et dans la publication de Bradley. Elles prouvent aussi que cette nouvelle édition n'est pas faite exclusivement pour le plaisir des bibliophiles. |
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