Chants de réveil (onder ps. Charles Donald)
(1832)–Theodoor Weustenraad–
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Chant deuxième.Un soir, le vieux Réné, le héros du village,
M'attirant, près du feu, sur ses larges genoux,
Crut trouver sur mon front le signe du courage
Et me prédit un sort qui nous fit trembler tous.
Dans sa majesté tricolore
Juillet a passé sur Paris,
Septembre a revu son aurore
Briller sur nos murs affranchis,
Et je croupis toujours au fond de la cellule
Où, sur un vil grabat, le soldat m'a trouvé
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Pleurant sur ma misère et rongeant la férule
Qui déchira les reins de l'Ange réprouvé!
Du grand fleuve de Varsovie
Novembre a déchaîné les flots,
Mars a réveillé l'Italie
Du fond d'un ignoble repos;
Et je rampe toujours sous le poids de l'attente;
Dans mon ciel sombre et noir nul astre n'a paru;
Je n'ai pas vu du camp se déployer la tente,
Et le tambour pour moi n'a pas encor battu.
Pourtant le vieux soldat croit à ses prophéties,
Et n'a pas abdiqué le belliqueux espoir
De me conduire, un jour, au feu des batteries,
Sur son grand cheval noir.
Il me parle toujours de la noble bannière
Qu'au mépris des boulets qui hurlaient sous ses pas
Il hissa, le premier, au front de Belvedère,
Sous l'oeil triomphateur du brave Mirandaz,Ga naar eind(2)
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Et que, vingt ans plus tard, il ramena, sans tache,
D'un roc de la Toscane, avec l'homme au grand nom,
Qui, de son lit de mort, ennoblit sa moustache
D'un baiser immortel qui valait un blason.
Puis, il me fait toucher ces couleurs enviées
Qui teignent le ruban suspendu sur son sein,
Au-dessous d'un grand Aigle aux ailes déployées,
Peint en bleu de sa main;
Puis il va me chercher son drapeau tricolore
Dont quatorze ans d'oubli n'ont pu ternir l'éclat,
Le secoue et lui fait jeter un cri sonore
Qui réjouit le coeur du pauvre et vieux soldat;
Et souvent, près de lui, la foule
En groupes noirs circule et roule
Sur son drapeau l'oeil arrêté,
Et croit, au bruit du vent qui coule
Dans ses plis troués qu'il déroule,
Respirer Gloire et Liberté.
C'est que son coeur retrouve et que son oeil reflète
Le souvenir lointain de quelqu'ardente fête
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Où, sous sa tente d'or, présidait la Conquête,
L'étoile du brave à la main;
C'est que sa vaste oreille a surpris dans les nues
Un vague et doux accord de ces hymnes connues
Qui répondaient si bien aux salves continues
Du canon souverain;
C'est qu'elle croit encore assister en silence
A ce nocturne club où, s'élevant du seuil,
Une tonnante voix, qui fit vibrer dans l'anse
Les torches qui brûlaient près d'un triple cercueil,
Contre un Roi meurtrier évoqua la Vengeance,
Et déclara la guerre à son aveugle orgueil;Ga naar eind(3)
C'est que, parmi la foule, il est de ces visages
Que la foudre a noircis sur de lointains rivages,
Et dont l'air martial commande les hommages
Du sabre et du mousquet;
C'est que tous ont longtems partagé la patrie,
Le pain et le foyer, la couche et la vigie,
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Avec le Peuple-Roi qui rendit à la vie
Le monde qui mourait.
Mais moi qui n'ai jamais vu livrer des batailles,
Sur l'Europe à genoux bondir Napoléon,
Célébrer, au bivouac, les grandes funérailles
D'un despotisme mort sous le feu du canon;
Je ne partage pas l'ivresse
De la foule et du vieux soldat,
Et le rêve que je caresse
Ne vient pas d'un champ de combat.
Pour moi, le vieux drapeau des hautes Pyramides,
Tout noble qu'il paraisse à l'oeil du guerrier franc,
Tout sillonné qu'il soit de glorieuses rides,
N'exhale qu'une odeur de sang;Ga naar eind(4)
Et je ne verserais pas de larmes amères,
Si je voyais, ce soir, le vieux soldat Réné
Nous découper le sien en langes baptistères
Pour son petit-fils nouveau-né.
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