Rembrandt Harmens van Rijn. Deel 2. Sa vie et ses oeuvres
(1868)–Carel Vosmaer– Auteursrechtvrij
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XIV.
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sont tous de beaux portraits, bien caractéristiques, tantôt d'une pointe fine, tantôt à hachures rudes et larges, comme dans celui où elle est assise à sa table, les mains gantées l'une dans l'autre. Il l'a ordinairement représentée dans son fauteuil et la tête couverte d'un voile ou d'un capuchon. Parmi les portraits peints, on reconnaitra à l'aide des estampes quelques portraits de sa mère. Elle est au musée de Vienne, avec la date 1639, une année avant sa mort; beau portrait qui la représente dans sa mante fourrée, le capuchon sur la tête et les mains appuyées sur un bâton. C'est elle encore que son fils a peinte de face, lisant dans un grand livre, le visage éclairé par les reflets du papier. Elle était environ dans sa soixante-dixième année, lorsqu'elle mourut à Leiden au mois de septembre 1640. En 1634, elle avait fait un testament contenant quelques dispositions favorables pour son fils ainé, AdriaenGa naar voetnoot1. Le 2 novembre 1640, eut lieu le partage des biens qu'elle laissa, par devant le notaire Adriaen Paedts, dont le ministère nous a fourni plusieurs actes concernant la famille van Rijn et qui était aussi un des tuteurs des enfants de Machteld van Rijn. Des enfants de Harmen et Neeltje, quatre seulement survivaient: Adriaen, ‘de eerbare seigneur Rembrandt Harmens van Rijn’, Willem et Elisabeth. La défunte laissa des biens assez considérables: une maison avec terrain dans le Weddesteeg, où la défunte a demeuré, évaluée à f 1800; une maison avec terrain sur le Rhin, près de la Porte Blanche, vis-à-vis du chantier de la ville, habitée par Adriaen, à f 2200; une maison avec terrain près de l'ancien rempart, f 1100; | |
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deux maisons plus petites, l'une à côté de l'autre, sur le Rhin, f 1800; deux maisons dans la cour derrière ces trois maisons, f 325; la moitié du moulin à drêche sur le rempart, f 3064; un jardin près de la Porte Blanche, sur la haute digue du RhinGa naar voetnoot1, f 400; puis des objets en or et des bijoux, des lettres de rente etc. Le tout faisant une somme nette de f 9960. La part de chacun des héritiers fut donc f 2490, outre ce qui ne fut pas inventorié. Il fut convenu que Adriaen recevrait chez lui Elisabeth, ce qu'il accepta de faire ‘en vertu de bonnes intentions et considérations et pour satisfaire à la promesse qu'il avait faite à sa mère durant sa maladie.’ Il se chargea aussi d'administrer ses biens. Ce furent Rembrandt et Willem qui la persuadèrent ‘sérieusement et à l'aimable’ d'indemniser son frère Adriaen pour ses fraisGa naar voetnoot2. Les meubles et effets du ménage furent divisés par lots et tirés au sort, ‘ce dont Rembrandt a tenu une notice.’ A Rembrandt fut adjugé pour sa part une obligation, pour la valeur de la moitié du moulin à drêche, que Adriaen avait acheté dans le temps de sa mère et dont il était débiteur, laquelle valeur était payable en termes de f 300. Comme il ne lui ‘convenait pas de rester en | |
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ville jusqu'à ce qu'il pût vendre cette lettre’Ga naar voetnoot1, il passa (le même 2 nov.) procuration à son frère Willem et à son neveu Jans van der Pluym, pour effectuer la venteGa naar voetnoot2. Dans ce partage des biens il est remarquable que Rembrandt se contente de la part la moins avantageuse. Par ces payements de f 300 par année il n'aurait sa part qu'en huit ans. Il semblait donc qu'il n'ait pas eu besoin d'argent. Pourtant, le même jour il fait des arrangements pour tâcher de vendre l'obligation qui lui assurait cette somme. Il va sans dire qu'il aurait à la vendre avec une réduction considérable. Il lui importait donc d'avoir l'argent de suite, même avec perte. Voilà bien l'homme, ce me semble. Quoique sa femme eût une belle fortune, quoiqu'il produisît beaucoup et fût bien payé, quoiqu'il eût quantité d'élèves, nous l'avons déjà vu en 1639 écrire lettres sur lettres pour prier Huygens de hâter la remise de l'argent pour ses deux tableaux. Et maintenant en 1640, il tâche de convertir en argent la lettre obligatoire. Était-ce parce que sa manie de tableaux et d'objets d'art l'entrainait à des dépenses un peu fortes? Était-ce parce qu'il n'avait pas le talent d'administrer des biens et qu'il vivait un peu sans y regarder? Était-ce peut-être, parce qu'il acheta vers ce temps sa maison dans la Breedstraat? |
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