Rembrandt Harmens van Rijn. Deel 2. Sa vie et ses oeuvres
(1868)–Carel Vosmaer– Auteursrechtvrij
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XI.
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Cette fille à la fenêtre a été peinte par le maître et la plupart des élèves; Dou l'a représentée avec une lumière dans la main; Bol, dans l'eau-forte citée, avec une poire. Philip Koninck a peint aussi une fille à la fenétre. Maes, la jeune fille dans la fenêtre au volet rouge, entourée d'un pêcher. L'Isaac bénissant Jacob, sujet traité aussi par Lievens, Bol, Backer, Flinck, Eeckhout, S. Koninck, de Gelder, a été peint probablement sous l'inspiration directe du maître. Victor a pris de l'enseignement de Rembrandt l'aptitude pour les sujets divers. Il a peint le portrait, les grands tableaux d'histoire, le paysage, le genre - des noces, des paysanneries, des charlatans, des marchés.Ga naar voetnoot1 Il est remarquable que vers le temps où Rembrandt donna le plus d'attention au paysage, l'oeuvre de Victor aussi reflète cette face du maître; il a fait plusieurs paysages, des marines, des plages. Quant aux sujets bibliques, ce sont les scènes familières dans ce cercle. Tobie est un de ses favorisés. La capture de Samson, à Brunswick, me semble dater d'un temps rapproché de son apprentissage; comme rendu et comme facture il est d'une remarquable analogie avec le Samson de Rembrandt à Cassel. Victor a du talent. Chez Rembrandt il a acquis le goût du pittoresque, de l'extraordinaire, de la grandeur et le sentiment de la puissance et de la profondeur dans la couleur. Mais en visant à une couleur vigoureuse, par un empâtement fort, il a souvent rendu sa peinture un peu lourde et dure. La finesse, la transparence lui font alors défaut. Gerbrand van den Eeckhout tient du maître par un autre côté. Il embrasse le même cycle de sujets que | |
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Victor et leur maître, l'histoire, le portrait, le genre et le paysage, mais il n'excelle que dans les petits tableaux. Là, il est le plus prés du maître, non seulement par les dehors qui lui ressemblent en tous points, mais aussi par des qualités d'intimité et de sentiment. Il a essayé plus tard, avec moins de succes, les toiles à figures de grandeur naturelle, dans un style qui se rapproche un peu du style italien. Quand il se souvient de Rembrandt et ne le contrefait pas de trop prés, il fait de très belles choses. Alors il fait la réswrection de la fille de JaïreGa naar voetnoot1, (Berlin), le Tobie (Brunswick), petits tableaux pleins de sentiment et de pittoresque et d'un effet piquant. Le second de ces tableaux offre cela de remarquable, qu'on y voit le même escalier et la cheminée avec le pot sur le feu qui se trouvent dans le tableau de Rembrandt, le philosophe en médilation. Le Tobie de Rembrandt est de 1636, date qui indique peut-être celle de ce tableau de Eeckhout. Ce sont les petits tableaux bibliques de Rembrandt qui l'ont le plus heureusement inspiré. Il a beaucoup dessiné aussi et ses dessins offrent souvent des analogies frappantes avec ceux de son maître. Eeckhout a été constamment lié d'amitié avec Rembrandt et Roghman. Je ne puis me permettre d'entrer ici plus avant dans l'étude du talent d'Eeckhout ni des autres élèves, mais il est une observation qui se rapporte à tous et que je dois ne pas omettre. Si je mentionne tous ces élèves pour compléter le tableau de l'activité de Rembrandt et pour étudier les divers reflèts de son talent sur eux, je risquerais, en n'appuyant que sur leurs ressemblances avec le maître, d'être injuste envers ce qu'il y a d'individuel | |
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dans leur talent. On ne les regarde ordinairement que comme des facettes de Rembrandt, ou comme lamonture de ce brillant bijou. Il faut convenir qu'ils ont un peu contribué eux-mêmes à un tel jugement, mais il est juste néanmoins d'observer que plusieurs de leurs oeuvres font preuve de talents propres. Il est remarquable que c'est surtout dans leurs dessins et dans leurs études qu'on trouve ces traces d'un esprit plus personnel. Philip Koninck est encore un de ceux qui sont étroitement liés à Rembrandt, qu'il a fréquenté dans cette période. C'est surtout au paysage que Koninck doit sa réputation, mais il a peint aussi la figure et même beaucoup. Les anciens catalogues attribuent une quantité de portraits et de sujets à figures à Philip. Hoet par exemple mentionne une servante qui regarde par la fenêtreGa naar voetnoot1, et plusieurs autres. A Brunswick j'ai vu un vieux philosophe, de grandeur naturelle, couvert d'un manteau, assis devant une table avec des livres; peinture large et vigoureuse de couleur qu'on peut lui attribuer. Le même sujet est traité presque identiquement par Bol dans un tableau au musée de Berlin. Pendant sa vie une Venus dormant, peinte par lui, avait une grande réputation et fut chantée deux fois par Vondel, ainsi que d'autres figures et portraits de lui. Koninck fit plusieurs fois le portrait de ce poète: Un dessin à la pierre noire ‘d'après la vie’,Ga naar voetnoot2 deux autres à l'âge de 90 ans, et plusieurs portraits peints. | |
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C'est par des vers de Vondel que nous connaissons deux de ces peintures. Dans un de ces vers le poète dit en allusion au nom de Koning (roi) Un autre de ces poèmes, datés 1656, a pour titre: Sur mon partrait en pelit par Filips de Koning; Une troisième fois, ce fut en 1662, Vondel disait: Je comptais soixante quinze,
Lorsque Koning etc.Ga naar voetnoot2
Ce dernier portrait, que possède M.J. van Lennep, est une peinture superbe, que Rembrandt eût pu signer; tête expressive, d'exécution vigoureuse et d'un ton profond et chaud. Philip Koninck n'a donc pas seulement peint la figure mais il a même excellé dans le portrait. Toutefois le paysage reste son titre le plus glorieux. C'est à qu'il a déployé un talent original et vigoureux, c'est avec ses paysages qu'il se conquiert une place à, lui dans la grande école du 17e siècle. Koninck épousa en 1656 Margareta van Rijn. Nous ignorons si ce fut une parente de Rembrandt. C'est encore Vondel qui nous apprend ce détail par une pièce de poésie: A la demoiselle Margareta van Rijn, artistement dépeinte par P. de Koning, finissant par ces mots: | |
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......qui épouse ce bien?
Qui, si ce n'est la main d'un Koning (d'un roi),Ga naar voetnoot1.
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