Verzameld werk. Deel 4
(1955)–August Vermeylen– Auteursrechtelijk beschermd
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aant.Hommage à Emile FrancquiMessieurs, Je suis confus d'être appelé à présider cette séance et de me trouver ici à la place qu'a occupée la grande figure d'Emile Francqui. Son ombre nous domine. On voudrait ne pas rompre le silence dont cette mort nous enveloppe. Mais il faut que nous disions encore la reconnaissance infinie que nous devons à celui que nous pleurons. Je crois que les mots les plus simples sont également ceux qui rendent le mieux notre chagrin. Notre chagrin! Car cet homme si énergique et volontaire, cet homme puissant et qui passait pour redoutable, nous ne l'avons pas seulement admiré, je puis dire que nous l'avons aimé. C'était un homme. Il ne m'est pas possible d'évoquer ici comme il conviendrait cette vie si pleine et prodigieusement active, toujours orientée aux heures décisives vers la grandeur de la patrie. Dès l'âge de 22 ans, quand il partit pour le Congo, Emile Francqui s'affirmait un chef, un réalisateur. Il prospecta le Katanga, assura définitivement l'autorité de l'Etat Indépendant sur ce territoire immense. Appelé en 1893 au commandement du Haut-Ouellé et du Nil, au moment de la campagne anti-esclavagiste, il gagna la bataille d'Egaru, fait capital, car il opposa dans cette partie du monde une barrière aux invasions de l'Islam. En Chine, il fit attribuer à la Belgique d'importantes concessions de chemins de fer et développa considérablement nos relations économiques avec l'Extrême-Orient. Pendant la guerre, il sut arracher notre pays piétiné à l'effroyable détresse qui le menaçait. | |
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Lodewijk de Raet
Alberik Deswarte
H. Pirenne
Henry van de Velde
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Camiel Huysmans
Portret vervaardigd door Baron I. Opsomer ter gelegenheid van de huldiging van Camiel Huysmans in 1928 | |
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Puis il défendit avec une autorité victorieuse, à plusieurs reprises et non pas seulement comme ministre, les intérêts essentiels de la Belgique dans le domaine financier. Mais ici je dois rappeler surtout le rôle inégalé qu'il joua dans notre relèvement intellectuel. Quoi de plus beau que d'y avoir songé, avec la lucidité qui le caractérisait, dès le début de 1916, au plus fort de la tourmente! C'est alors qu'il jeta les bases de la Fondation Universitaire. Grâce à lui, après la guerre, l'oeuvre formidable de l'aide à la science se développa dans toute son ampleur: création des patrimoines de nos instituts d'enseignement supérieur, création, à l'appel du Roi Albert, du Fonds National de la Recherche Scientifique, Fondation Hoover pour le développement de nos deux universités libres, Fondation Francqui, Fondation Nationale du Cancer, Institut de Médecine tropicale Prince Léopold... Un mot suffira: nous lui devons tout, il a littéralement sauvé l'activité scientifique de notre pays. Je me sens impuissant à dire l'étendue de la perte que nous venons de subir. Nous ne pouvons que nous incliner, dans un sentiment de vénération recueillie et douloureuse, et nous efforcer de rester fidèles, par notre travail, à l'impérissable souvenir d'Emile Francqui. Permettez-moi d'ajouter que le Roi a fait appeler avant-hier notre Directeur, M. Jean Willems, et a bien voulu l'entretenir de la situation créée au sein des quatre Fondations scientifiques par la cruelle disparition d'Emile Francqui. Le Roi a donné par là une nouvelle marque de l'intérêt particulièrement vif qu'il prend à tout ce qui touche la vie de ces institutions. Il convient | |
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de saluer avec gratitude ce témoignage de sympathie auquel le monde académique ne peut manquer d'être profondément sensible.
1935 |
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