Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 265] [p. 265] Mort chrétienne Qu'il te soit fait hommage et gloire, ô mort chrétienne! Parmi les biens du temps seule réalité, Seul pain spirituel dont le coeur entretienne, Sur la terre, son fixe orgueil d'éternité; Qu'il te soit fait hommage et gloire, ô mort austère, A toute heure qui vient et passe, à tout moment, Toi, dont l'autel d'ébène appuyé sur la terre Mêle sa flamme à la pâleur du firmament. Qu'il te soit fait hommage à travers les années, Grave ensevelisseuse! O mort! O noir amour! Qui dans tes maigres mains détiens les destinées Et qui remplis de ciel les yeux défunts au jour; [pagina 266] [p. 266] Qu'on te louange! O mort pieuse et baptisée! Mort, qui portes en toi la tristesse des soirs, Mort sereine, gerbant au fond de la pensée, Dans les vallons du coeur, la moisson des lys noirs. Mort des moines, mort des martyrs et mort des vierges, Hosannas traversant d'un vol les cieux hautains, O mort, ceinte de feux, de prière et de cierges, O mort qui fais la vie! O mort qui fais les saints! Le juste ne craint pas ta fidélité sombre, Il regarde au delà des horizons flottants: Que sont les ans? Une ombre errant après une ombre Dans le brouillard trompeur de l'espace et du temps. Vorige Volgende