Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 262] [p. 262] Agonie de moine Faites miséricorde au vieux moine qui meurt, Et recevez son âme entre vos mains, Seigneur. Quand ses maux lui crieront que sa vie en ce monde A fini de creuser son ornière profonde; Quand ces regards vitreux, obscurcis et troublés, Enverront leurs adieux vers les cieux étoilés; Quand se rencontrera dans les affres des fièvres, Une dernière fois, votre nom sur ses lèvres; [pagina 263] [p. 263] Quand il s'affaissera pâle, brisé d'effort, La chair épouvantée à l'aspect de la mort; Quand, l'esprit obscurci du travail des ténèbres, Il cherchera la croix avec des mains funèbres; Quand on recouvrira de cendres son front ras Et que pour bien mourir on croisera ses bras; Quand on lui donnera pour suprême amnistie, Pour lampe de voyage et pour soleil l'hostie; Quand les cierges veillants pâliront de lueurs Son visage lavé des dernières sueurs; Quand on abaissera sa tombante paupière, A toute éternité, sur son lobe de pierre; Quand, raides et séchés, ses membres verdiront, Et que les premiers vers en ses flancs germeront; Quand on le descendra, sitôt la nuit tombée, Parmi les anciens morts qui dorment sous l'herbée; [pagina 264] [p. 264] Quand l'oubli prompt sera sur sa fosse agrafé, Comme un fermoir de fer sur un livre étouffé: Faites miséricorde à son humble mémoire, Seigneur, et que son âme ait place en votre gloire! Vorige Volgende