Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 260] [p. 260] Méditation Heureux ceux-là, Seigneur, qui demeurent en toi: Le mal des jours mauvais n'a point rongé leur âme, La mort leur est soleil et le terrible drame Du siècle athée et noir n'entame point leur foi. Tout oeuvre se disjoint, toute gloire s'efface; Ce que sont devenus les claironneurs d'orgueil, Demandez-le, vous tous, qui franchissez le seuil De leurs tombeaux, aux vers qui leur rongent la face. Les jours sont engloutis par les prompts lendemains; Toute joie entre une heure et s'éloigne et s'exile, Vous qui marchez, serrant votre bonheur stérile, Déjà le dégoût coule et sort d'entre vos mains. [pagina 261] [p. 261] Toute science enferme au fond d'elle le doute, Comme une mère enceinte étreint un enfant mort, Vous qui passez, le pied hardi, le torse fort, Chercheurs, voici le soir qui vous barre la route. Toute chair est fragile et son déclin est tel Que jeune, elle est déjà maudite en ses vertèbres; Quels crocs ont déchiré l'orgueil des seins célèbres? Vous qui passez, songez aux chiens de Jézabel! Vorige Volgende