Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 236] [p. 236] Moine féodal D'autres, fils de barons et de princes royaux, Gardent amples et clairs leurs orgueils féodaux. On les établit chefs de larges monastères Et leur nom resplendit dans les gloires austères: Ils ont, comme jadis l'aïeul avait sa tour, Leur cloître pour manoir et leurs moines pour cour. Ils s'assoient dans les plis cassés droits de leurs bures, Tels que des chevaliers dans l'acier des armures; [pagina 237] [p. 237] Ils portent devant eux leur grande crosse en buis, Majestueusement, comme un glaive conquis; Ils parlent au chapitre en justiciers gothiques, Et leur arrêt confond les pénitents mystiques; Ils rêvent de combats dont Dieu serait le prix Et de guerre menée à coups de crucifix; Ils sont les gardiens blancs des chrétiennes idées, Qui restent au couchant sur le monde accoudées; Ils vivent sans sortir de leur rêve infécond, Mais ce rêve est si haut qu'on ne voit pas leur front; Leur chimère grandit et monte avec leur âge Et monte d'autant plus qu'on la cingle et l'outrage; Et jusqu'au bout leur foi luira d'un feu vermeil, Comme un monument d'or ouvert dans le soleil. Vorige Volgende