Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 51] [p. 51] La nuit Depuis que dans la plaine immense il s'est fait soir, Avec de lourds marteaux et des blocs taciturnes, L'ombre bâtit ses murs et ses donjons nocturnes Comme un Escurial revêtu d'argent noir. Le ciel prodigieux domine, embrasé d'astres, - Voûte d'ébène et d'or où fourmillent des yeux - Et s'érigent, d'un jet, vers ce plafond de feux, Les hêtres et les pins, pareils à des pilastres. [pagina 52] [p. 52] Comme de blancs linceuls éclairés de flambeaux, Les lacs brillent, frappés de lumières stellaires, Les champs, ils sont coupés, en clos quadrangulaires, Et miroitent, ainsi que d'énormes tombeaux. Et telle, avec ses coins et ses salles funèbres, Tout entière bâtie en mystère, en terreur, La nuit paraît le noir palais d'un empereur Accoudé quelque part, au loin, dans les ténèbres. Vorige Volgende