Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 47] [p. 47] Soir de caveau Des torchères dont la clarté ne bouge Brûlent depuis les loins des jours, toujours, Parmi la cruauté de ce caveau voûté, D'ébène immense et lambrissé d'or rouge. Les supplices d'acier et les meurtres d'airain S'y souviennent: Néron, Procuste et Louis onze, - Regards de proie, ongles de bronze, Clous et tenailles dans leur main - Un luxe vieux de métaux noirs habille Le solennel granit d'un fût assyrien, [pagina 48] [p. 48] Érigé là, pour ne soutenir rien Que les siècles et leur douleur indébile. Soudain, sur ce pilier - ainsi qu'un ostensoir Lamentable, là-bas, qui s'éclaire lui-même - Masque de cire en un nuage blême, Mon front surgit de souffrance et de soir: - Bouche de cris tordus en muette prière, Cheveux tristes d'orgueil fauché, Chair seule, et, par le col tranché, D'intermittents caillots de sang et de lumière - Mon front, hélas! celui si pâle de ma mort En ces caveaux immobiles d'or rouge, Où plus jamais - sinon mes yeux - flamme ne bouge Pour regarder ce faste en fer de ma mort. (1891) Vorige Volgende