Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 45] [p. 45] Les preux En un très vieux manoir, avec des javelots Et des pennons lancéolés sur ses murailles, Une rage de bataille Rouge éclatait en tableaux. Grandir! on y voyait les féroces ramures De la mêlée, où des paladins merveilleux, Avec du soir au fond des yeux, Tombaient, allongés morts en leurs châsses d'armures. Hélas! tous ces cerveaux qui rêvèrent de gloire, Fendus! et tous ces poings, coupés! traceurs d'éclairs, [pagina 46] [p. 46] Avec, dans l'air, leurs glaives clairs Et leurs aigles de casque éployés dans l'Histoire. Hélas! et la débâcle à travers leurs maisons, Le deuil de la débâcle en des nuits de tueries, Et les funèbres sonneries Cassant la destinée en or de leurs blasons. Pourtant, qu'ils soient tombés en corps-à-corps ardents, Ramus de force et les dix doigts onglés de haine Et la bouche folle et soudaine Et le sang frais marbrant leurs dents, Et contre la forêt fourmillante de lances Qui s'avançait, qu'ils aient, le désespoir au clair, Lourdes masses d'ombre et de fer, Terribles bras d'acier, cogné leurs violences, Qu'importe alors! - ils ont senti la joie unique D'exprimer l'être humain en sa totalité De hargne et de brutalité, Jusqu'au tressaut dernier de la mort tétanique! (1889) Vorige Volgende