La Belgique sanglante
(1915)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekend
[pagina 21]
| |
[pagina 23]
| |
Les crimesQuoiqu'on en ait, l'instinct de conservation nationale nous prescrit désormais la haine, comme un devoir. Ce n'est que par l'amour ou par la haine que les peuples font de grandes choses. Notre libération est une grande chose. Au reste, entre l'amour et la haine, les Allemands ne nous ont pas donné le choix. Si jamais oppresseurs furent systématiquement atroces, ce fut eux. Ils ne nous ont pas fait une guerre loyale: ils se sont livrés au viol, au vol, au pillage, à l'incendie, et à l'assassinat. Courageux sur les champs de bataille, ils furent lâches et cruels après chaque lutte. Bien plus, quelques-uns furent sadiques. Les casernes allemandes et les clubs d'officiers - des procès l'ont prouvé - | |
[pagina 24]
| |
étaient friands de certains vices. Nos femmes, nos filles et nos enfants furent les victimes de la débauche spéciale qui règne là-bas. Certains crimes furent tellement raffinés et violents qu'on ne les crut pas possibles. Les soldats teutons bénéficiaient en quelque sorte du trop haut degré d'horreur auquel ils étaient montés. On ne pouvait admettre à quel point ils étaient infâmes et pervers. Aujourd'hui que des rapports aussi précis que nombreux ont été publiés, l'opinion européenne s'inquiète et contrôle mieux. Lorsque j'arrivai en Angleterre, il y a six mois, on suspectait toute parole qui rapportait une atrocité commise. On disait: ‘Montrez-nous donc l'enfant aux mains coupées, et la femme à la poitrine sanglante.’ Et comme la chose était impossible, parce que l'enfant aux mains coupées et la femme à la poitrine sanglante n'avaient pu s'empêcher de succomber à leurs tortures, on en concluait que les Allemands étaient non pas des bourreaux, mais des soldats. On voulait voir. Hélas! il aurait fallu ouvrir des tombes. | |
[pagina 25]
| |
Heureusement qu'un jeune écrivain, M. Pierre Nothomb a pu, dans son livre: les Barbares en Belgique, établir d'après des enquêtes officielles que les crimes les plus féroces reprochés aux soldats teutons furent réellement commis. C'était surtout au début de la guerre, dans les provinces de Liége, de Namur, de Luxembourg et de Brabant que les hordes se firent terribles. Plus tard, soit par ordre, soit par crainte - on ne sait - elles muselèrent leurs instincts. Leur rage a duré deux ou trois mois. On la laissa se déchaîner dans l'espoir peut-être d'anéantir une race. Le 26 août, le général Stenger, commandant de la 26e brigade allemande, fit connaître à ses troupes: ‘A partir d'aujourd'hui, il ne sera plus fait de prisonniers. Tous seront massacrés, même les prisonniers déjà groupés en convois seront massacrés. Derrière nous il ne restera aucun ennemi vivant.’ (Les Crimes allemands, par Bédier.) La Flandre fut moins profondément, et moins obstinément mordue que la Wallonie. Celle-ci était jugée | |
[pagina 26]
| |
coupable parce qu'elle existait. Elle n'avait pas le droit de ne pas être de la famille germanique. En Flandre, on pouvait espérer que la domination allemande, à la longue, prendrait pied. En Wallonie, il fallait s'attendre à un échec total. Aussi, après la dévastation, l'Allemagne a-t-elle inauguré, dans le sud de la patrie belge, la famine. Écoutez: Des cris de détresse de ceux qui, en plein xxe siècle, vont mourir de faim, se font déjà entendre. De toutes parts on envoie des secours. L'Amérique est admirable. Mais ces secours sont-ils suffisants pour rationner des provinces entières? La rage des officiers teutons date du jour même de la déclaration de guerre: le chemin vers la France leur fut barré par nous. Ils ne purent admettre cet acte d'honnêteté héroïque. Ils eurent recours à une sorte de marchandage vil. Ils appelèrent notre gouvernement au comptoir, dans une arriè-reboutique. Ils ne prononcèrent qu'un mot: Combien? Ils s'attendaient à ce qu'on leur répondît à l'instant: Trente deniers. | |
[pagina 27]
| |
La résistance de Liége les exaspéra. Ils y perdirent des milliers d'hommes; ils ne purent se frayer le passage immédiat dont ils avaient le plus urgent besoin. La France réussit à faire sa mobilisation derrière notre défense. L'Angleterre et la Russie gagnèrent un temps précieux. Tout fut mis immédiatement en question. Le sort de toute la campagne se décidait, semblait-il, contre l'Allemagne. Le premier coup donné par un petit peuple fier, lui fut déjà le coup fatal. Plus tard, eurent lieu les propositions de paix. A trois reprises, elles furent faites. La première date du mois d'août. M. Davignon, ministre des Affaires étrangères, reçut, par l'intermédiaire du ministre de La Haye, une longue dépêche. Elle contenait cette phrase: ‘Le Gouverneur allemand est prêt à tout accord avec la Belgique qui peut se concilier de n'importe quelle manière avec son conflit avec la France.’ La réponse de la Belgique fut celle-ci: ‘Fidèle à ses devoirs internationaux, la | |
[pagina 28]
| |
Belgique ne peut que réitérer sa réponse à l'ultimatum du 2 août, d'autant que depuis, sa neutralité a été violée, qu'une guerre douloureuse a été portée sur son territoire et que les garants de sa neutralité ont loyalement et immédiatement répondu à son appel.’ Le deuxième intermédiaire dont se servit l'Allemagne - tous les journaux l'ont publié - fut le ministre d'État belge, M. Charles Woeste. Ce fut ce ministre qui peut-être de tous les députés de notre Chambre, se montra le plus hostile à l'idée d'un service militaire obligatoire. Il se targuait d'être avant tout l'homme de son parti. Son action fut néfaste dans notre histoire. Sa démarche échoua comme il fallait s'y attendreGa naar voetnoot(1). La troisième proposition de paix fut faite | |
[pagina 29]
| |
par M. Eyschen, homme d'État luxembourgeois. M. Eyschen parcourut quelques pays neutres et les engagea à prendre ensemble une décision en faveur de la paix. Une telle proposition ne pouvait aboutir: la Belgique, la première, y opposa une fin de non-recevoir. A la suite de cette troisième tentative, un journal s'empressa de conclure: ‘Si le gouvernement belge avait voulu, nous serions entrés par son intermédiaire en conversation avec l'Allemagne; mais le gouvernement belge n'a pas voulu, et il traitera de la même façon tous les ambassadeurs du souverain qui, après avoir envahi, dévasté, ensanglanté la Belgique, après l'avoir fait bafouer par la presse à sa solde, a osé offrir à sa victime trois fois de suite, une paix sans honneur.’ Donc, dès qu'elle eut violé notre neutralité, l'Allemagne sembla s'en excuser. Elle, la nation formidable, faisait les premières avances à la nation spoliée et outragée. Fallait-il qu'elle se fût trompée sur notre force de résistance pour se décider aussi rapide- | |
[pagina 30]
| |
ment à agir sans fierté. Elle le fit du reste avec une telle souplesse et un tel tact, qu'elle désillusionna, dit-on, même M. Woeste. Pas un instant, elle ne se douta qu'un pays qui, pour rester fidèle à sa dignité, n'avait pas hésité à accepter la souffrance et la misère infinies, ne repoussât, comme une insulte, tout compromis et toute entente. On entendait dire: ‘Il eût fallu accepter les propositions de paix, ne fût-ce que parce qu'elles prouvaient le repentir, après la faute.’ La faute, c'était l'invasion. Je ne sais quel jobard raisonnait ainsi, mais cet homme de sens puéril ne se doutait pas un instant qu'un pays aussi lourd de crimes que l'Allemagne, ne peut avoir droit au repentir, qu'après avoir été châtié de poing de maître. L'Allemagne s'est acharnée contre les choses autant que contre les hommes. Le bois, la pierre, le chaume, la fonte, tout ce qui peut servir soit au couvert, soit à l'abri, fut soumis à sa rage. Ses soldats furent dressés à se rendre non seulement au feu, mais à l'incendie. Les brasiers échevelèrent | |
[pagina 31]
| |
toutes les campagnes. Rien que dans la province de Luxembourg ‘Neufchâteau compte 21 maisons brûlées; Etalle, 30 maisons brûlées; Houdemont, 64 maisons brûlées; Rulles, la moitié des maisons a été détruite par le feu; Ansart, le village est complètement brûlé; à Tintigny, 8 maisons seulement subsistent; Jamoigne, destruction de la moitié du village; Les Bulles, destruction de la moitié du village; Moyen, 42 maisons détruites; Rossignol, le village est entièrement détruit; Mussy-la-Ville, 20 maisons détruites; Bertrix, 15 maisons détruites; Bleid, une grande partie des maisons est détruite; Signeulx, une grande partie du village est brûlée; Ethe, les cinq sixièmes du village sont brûlés; Bellefontaine, 6 maisons détruites; Mussin, la moitié du village est détruite; Daranzy, il reste 4 maisons; Saint-Léger, 6 maisons brûlées; Semel, toutes les maisons sont brûlées; Maissin, 64 maisons ont été brûlées sur 100; Villance, 9 maisons brûlées; Anloy, 26 maisons ont été brûlées.’ Tel est le rapport. | |
[pagina 32]
| |
Ces chiffres sont des chiffres minima. D'après une statistique forcément incomplète, le nombre des maisons brûlées dépasse 3.000. Il est à noter que les maisons dont la destruction est ainsi rapportée, ont été brûlées, non par des opérations de guerre, mais par des incendies volontaires et systématiques. En Flandre et en Brabant, Termonde, Malines, Alost, Aerschot, Dixmude, Nieuport, Ypres, Louvain ne sont que ruines. On les a bombardées et rebombardées. L'armée belge infligeait-elle un échec aux troupes allemandes, immédiatement, celles-ci se mettaient à déverser leurs obus soit sur Termonde, soit sur Malines, soit sur Alost. On eût dit une punition infligée par un maître d'école sinistre. Cela se faisait toujours avec méthode, car tout est pédagogique, en Allemagne, même la folie. Au reste, ces innombrables incendies servaient de torches formidables pour éclairer d'autres crimes. Je veux parler des exécutions en masse. A Dinant, 700 civils furent immolés. A Andennes, toutes les autorités et presque tous les notables furent assassinés. | |
[pagina 33]
| |
La Belgique wallonne tout entière saigna dans chacun de ses villages et dans chacune de ses villes. Dans cette seule province de Luxembourg, dont tant de maisons furent détruites, voici le nombre d'habitants qui furent passés par les armes: ‘Neufchâteau, 18 fusillés; Vance, 1 fusillé; Etalle, 30 fusillés; Houdemont, 11 fusillés; Tintigny, 157 fusillés; Bertrix, 2 fusillés; Ethe, 300 fusillés environ, 530 personnes ont disparu; à Latour, 17 hommes survivent; Saint-Léger, 11 fusillés; Maissin, 10 hommes, 1 femme et 1 jeune fille fusillés, 2 hommes et 2 jeunes filles blessés; Villance, 2 hommes fusillés, 1 jeune fille blessée; Anloy, 52 hommes et femmes fusillés; Claireuse, 2 hommes tués, 2 pendus.’ Après les exécutions en masse, eurent lieu les déportations en masse. Les Teutons s'emparent de tous les hommes âgés encore valides - jardiniers, bûcherons, mineurs, paysans - et les envoient travailler en Allemagne. Ils parviennent à ressusciter ainsi, Dieu sait comme, l'antique esclavage. Oh! | |
[pagina 34]
| |
les mauvais traitements qu'ils leur font subir. La schlague fait partie de leurs institutions nationales. Leur aigle la pourrait tenir en ses serres, tout comme l'aigle américain tient entre les siennes, la foudre. Des monceaux de vols ont été voiturés au delà du Rhin: tableaux, meubles, glaces, pianos. Le capitaine de Gerlache - celui qui dirigea l'expédition antarctique belge - raconte dans le Morgen Bladet de Christiania, tout ce que ses yeux épouvantés ont vu. Des photographies prises par lui appuyent ses dires. ‘A Malines, 700 pianos provenant des maisons saccagées encombrent la gare. Un de ses amis, haut fonctionnaire, rentre chez lui. Sa maison est pillée. Il demande à voir le gouverneur allemand. Ses voisins lui assurent que tout un détachement de soldats teutons est venu vider sa demeure. - Ce sont des paysans, interrompt le gouverneur. - Ce sont vos officiers, riposte le spolié. Le gouverneur se laisse conduire à la gare. Le mobilier volé est découvert. Il forme un | |
[pagina 35]
| |
tas énorme; d'autres meubles dérobés à des propriétés voisines élargissent encore le tas.’ Cette histoire est typique. Je pourrais en citer cent autres. Maisons détruites, meubles volés, hommes emmenés en exil forment comme un décor de fond pour mettre mieux en relief la scène d'horreur du premier plan. Celle-ci est tout entière consacrée au meurtre des vieillards, des femmes et des enfants. L'Allemagne, lourde et malhabile d'ordinaire, s'y prouve tout à coup ingénieuse et raffinée. La cruauté l'exalte. Une sorte de lyrisme monstrueux la saisit. Elle trépigne dans l'atrocité. La coutume militaire allemande - le mot coutume n'est pas employé à la légère - veut qu'un vieillard serve à marcher devant les soldats, lorsque ceux-ci s'en vont au feu. Si le vieillard est choisi comme otage, la coutume militaire allemande trouve bon de tuer devant lui ses fils et de le maltraiter ensuite jusqu'à l'épuisement. Si les vieillards sont faits prisonniers en grand nombre, la coutume militaire allemande prescrit de les | |
[pagina 36]
| |
déployer sur un seul rang, de leur faire creuser une longue fosse et de les abattre à coups de fusil, de manière à les y précipiter ensemble. Quand le vieillard est un prêtre ou un moine, la coutume militaire allemande conseille de le châtrer avant de le pendre. Quand il s'agit de femmes, la coutume militaire allemande exige le viol, comme préliminaires. Sitôt que leur mari, leur frère ou leur enfant ont été passés par les armes, on met aux femmes la bêche à la main, et on leur ordonne de creuser des fosses, et d'enterrer leurs morts. Si les femmes sont enceintes, on choisit leur ventre pour diriger le coup de baïonnette. Si les femmes sont fiancées, on les réunit à leurs fiancés, avec des cordes. Quelques bottes de paille entourent le couple ainsi ligoté. On entend un bruit sec d'allumette frottée contre une semelle de botte. La flamme attaque la paille, et le feu consume les deux jeunes gens. Lorsque les femmes ne sont pas fiancées, les soldats allemands procèdent autrement. Voici une scène consignée et contrôlée | |
[pagina 37]
| |
dans le dossier du Ministère français. C'est Jean Bernard qui la raconte dans l'Indépendance (2 janvier 1915). Elle s'est passée dans une maison de campagne, tout près d'Anvers. Un négociant n'avait pas voulu partir; il était demeuré avec ses deux filles (une âgée de dix-sept ans, l'autre de vingt). Toutes deux étaient fort jolies, de cette beauté tranquille et gaie des Flamandes qui se souviennent des bonnes dames de Rubens. Les Allemands, après s'être emparés d'Anvers, se répandent dans les environs, et plusieurs officiers s'installent dans la maison de campagne du négociant qui avait eu le courage et l'imprudence de rester. Notre homme, qui est riche, les reçoit de son mieux. Il leur cède les chambres à coucher de la maison à la fois luxueuse et confortable et fait préparer pour le premier soir un plantureux dîner. Cinq officiers s'assoient à cette table où les vins promettaient d'être abondants. Mais, avant tout - on ne peut donc pas invoquer l'ivresse - avant de commencer leur festin, le capitaine allemand | |
[pagina 38]
| |
qui était le chef de bande, étant le plus ancien, commande qu'on s'empare du propriétaire et qu'on l'enferme dans sa propre cave, dont la porte est gardée par deux sentinelles, le fusil chargé, prêtes à tirer. Cette précaution prise, les convives ordonnent aux deux jeunes filles de se déshabiller; celles-ci protestent, résistent, supplient; vains efforts. Devant le refus de ces pauvres enfants, le capitaine ordonne à des soldats de leur enlever les vêtements et les tenir là, devant leurs yeux émerillonnés, pendant tout le repas. Ce que fut le supplice, on le devine. Quand ces pandours furent repus de mets et de vins, que l'ivresse fut venue, devant les soldats amusés et avinés, eux aussi, les malheureuses enfants furent livrées à l'amusement de ces sauvages, et vous me permettrez de ne pas reproduire les détails du dossier du Ministre de la Guerre. Quand, le lendemain matin, on délivra le négociant, ses filles avaient fini la nuit livrées aux brutalités des soldats; l'une était devenue folle, | |
[pagina 39]
| |
et l'autre s'est, depuis, tuée de honte et de douleur.’ La coutume militaire allemande admet aussi qu'on s'en prenne aux enfants. Ils ont de petites mains qu'il est facile de couper. Leurs pieds tiennent à peine à leurs jambes. Un peu de sang versé, et l'opération est faite. Mais il y a mieux. M. le sénateur Henry Lafontaine - prix Nobel et parole prudente et pacifique - confesse, en plein meeting, qu'on leur brûle les narines et les oreilles avec des bouts de cigares rouges. L'enfant au berceau est du reste une victime de choix: on le torture et il n'en peut encore rien dire. Je sais bien que la coutume militaire allemande décrète qu'il faut nier les faits les mieux établis et accuser immédiatement les autres, de ce dont on l'accuse, elle. La fable des francs-tireurs et des yeux crevés ne peut plus servir comme appât à la crédulité. Les journaux de Berlin en conviennent. Le renversement des rôles devient donc de moins en moins possible. Trop d'horreurs ont été | |
[pagina 40]
| |
commises. La révolte est trop profonde et trop unanime. Trop de bouches crient vengeance. Leur clameur monte plus haut que le bourdonnement des mensonges. Il faut bien se résigner à admettre soit un peu de honte, soit un peu de déshonneur. A ce moment, la coutume militaire allemande affirme qu'il a fallu faire des exemples: la population civile ayant tiré sur les soldats. Pourtant, ni les enfants, ni les jeunes filles, ni même les vieillards n'ont pu assaillir les officiers. En outre, tous les jeunes gens ont déposé leurs armes aux mains des autorités de leur commune; même les fusils de chasse ont été livrés. Alors, n'est-il pas nécessaire d'admettre que, s'il y eut des coups qui furent tirés, ils le furent par l'armée belge ou française, qui combattait légitimement, ou bien encore par les Allemands eux-mêmes. Le ministre d'Etat, M. Emile Vandervelde, a lu dernièrement, en public, à Londres, la lettre d'un chef teuton, le major von Bassewitz, avouant que, notamment à Huy, c'était dans une lutte entre ses soldats ivres, qu'une | |
[pagina 41]
| |
balle avait tué un officier germain. D'où répression sanglante et massacre de la population civile. Ce qui s'est passé à Huy - ajoute M. Vandervelde - s'est passé à Louvain et ailleurs. D'autre part, un officier du kaiser consigne dans son cahier de route: ‘Le gentil petit village de Gué d'Ossus a pourtant brûlé quoique innocent. Un de nos cyclistes, en tombant, a fait partir son fusil. Aussitôt il prétend qu'on a tiré sur lui. Là-dessus on jette tous les habitants dans les flammes.’ Le Matin, 3 avril 1915. Au reste, aucune mesure de répression ne légitime la folie de vengeance et de haine à laquelle s'est livrée, en Belgique, l'armée envahissante. La cause de tant d'horreurs doit être cherchée et trouvée dans le Code de l'armée allemandeGa naar voetnoot(1). C'est lui qui apparaît comme | |
[pagina 42]
| |
une floraison mentale monstrueuse. L'Empire de Guillaume II a pris à sa solde tous les vieux fléaux du monde. ‘De la peste, de la famine et de la guerre, délivrez-nous, Seigneur!’ Nous autres Belges, nous pouvons comme nos ancêtres jeter au ciel la même prière. Seulement, quand nous disons ‘peste’, nous sous-entendons ‘Allemagne’. |
|