textes existant dans les différentes langues vulgaires, il attachait la plus grande importance à ceux en moyen néerlandais constituant d'après lui des reproductions de la supposée édition princeps. En 1929, publiant une oeuvre de reconstruction volumineuse, il termina ainsi cette période de ses études. Ayant attendu pendant quelques années une réfutation possible de sa thèse, vainement à son avis, il consacra une troisième période commencée peu de temps avant 1940 et terminée par sa mort survenue en 1945, exclusivement aux textes latins dits ‘pré-kempistes’.
Dès la parution de ses premières publications s'élevèrent tant en Hollande qu'en Belgique des voix pour et contre la thèse dite de Gérard de Groote, controverses limitées au début aux deux pays précités, fait imputable à l'exiguïté du territoire linguistique néerlandais. Plus tard, suivant l'exemple de Spitzen et Becker, savants qui ont joué un rôle important dans la vieille controverse, Van Ginneken se servit du français, de sorte que son hypothèse ne tarda pas à jouir d'une notoriété publique, également en dehors des Pays-Bas. Grâce à son autorité internationale de savant et grâce au fait que ses dernières grandes publications ayant trait à notre sujet parurent sous les auspices de l'Académie Royale des Sciences d'Amsterdam, il sut convaincre bon nombre d'intéressés, et son hypothèse, accueillie de mieux en mieux, est plus souvent défendue que réfutée.
En résumé, on constate parmi ceux qui croient indiscutable l'origine néerlandaise de l'Imitation, trois opinions différentes:
1o. La thèse défendue par Van Ginneken énonçant que De Imitatione Christi est primitivement le journal de Gérard de Groote écrit en hollandais, est bien fondée. Nous faisons remarquer sous ce rapport que Van Ginneken est toujours resté fidèle à cette conviction. Se détournant temporairement de son chemin pour étudier ce qu'il prit pour des textes anciens en latin, il reprit en 1944 sa thèse favorite de l'apostolat convers de Gérard de Groote pour revenir sur ce qui importait avant tout pour lui: la ferme conviction d'après laquelle, à l'origine, l'Imitation a été rédigée en langue néerlandaise.
2o. Recueil de traités religieux provenant des cercles de la Dévotion moderne, l'Imitation eut sa forme définitive sous la main de Thomas a Kempis. Fascinés par les études faites par Van Ginneken sur les textes dits ‘pré-kempistes’, un nombre croissant d'investigateurs préfèrent nier la paternité de Thomas a Kempis, sans toutefois admettre que le texte néerlandais doive être l'original.
3o. L'Imitation est l'oeuvre de Thomas a Kempis. Sans vouloir nier que le livre en question présente de nombreuses réminiscences d'auteurs appartenant aux cercles de la Dévotion moderne et en conséquence des pensées de Gérard de Groote, les ‘thomistes’ ou ‘kempistes’ refusent d'abandonner leur point de vue tant que manqueront les manuscrits indubitablement ‘pré-kempistes’ selon les données de la paléographie ou sans autres preuves contraires irréfutables.
Les adversaires de Van Ginneken puisaient leurs arguments principalemént dans la critique interne des textes, manuscrits et vies en latin, sans vérifier cependant la solidité de la pierre angulaire qui soutient sa thèse: son raisonnement qui revient à dire que la rédaction primitive de l'Imitation serait néerlandaise. C'est ce que nous avons essayé de faire dans la présenté étude en publiant le plus ancien texte complet