Le théâtre villageois en Flandre. Deel 2
(1881)–Edmond Vander Straeten– AuteursrechtvrijWacken.Des rhétoriciens se trouvent, en 1539, au landjuweel de Gand. Leur association aura été dispersée depuis les guerres de religion, puisqu'en 1688, divers habitants, amateurs de spectacles, demandent au Souverain l'autorisation d'ériger une confrérie de rhétorique, sous l'invocation de Sainte Catherine, et de construire une scène permanente, pour y jouer des comédies et des farces. Leur requête, envoyée à l'avis des haut-pointres de la châtellenie de Courtrai, reçoit un accueil favorable, à en juger par la lettre qui figure aux Annexes. Le Conseil privé est donc admis à faire droit à la pétition des Wackenois. Sa lettre est reproduite également plus loinGa naar voetnoot(1). Les Rym- ende- redenkonst-minnende van Rethorica exhibent, trois fois, pendant l'été de 1770, Alzire, tragi-comédie traduite de Voltaire et dédiée au comte Ch.F.J. Van Maldeghem. Le 6 septembre, ils la représentent, comme pièce imposée, au concours des Fonteinisten de Courtrai. | |
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Les Constvoedende broeders der vrye gilde van rethorica, ayant pour patronne Sainte-Catherine, et pour devise: Ziet het groeyt
Onbesproeyt;
jouent quatre fois, du 30 août au 13 septembre 1778: Catharina, koningin van Georgia, tragédie, et trois fois, du 31 août au 8 septembre de la même année: Doodbaerende liefdekragt in den graeve Clotaldus en de princes Emila, onder Gozewyn, koning van Zweden, tragedie. Les mêmes amateurs s'appelant, cette fois, Vry-dicht-lievende gilde, mettent, en 1781, au concours, l'éloge de Marie-Thérèse, outre deux autres questions, l'une relative aux conditions exigées pour faire fleurir la poésie, l'autre concernant les admirateurs et les détracteurs de cet art. La solennité a lieu sous les auspices du comte Van Maldeghem, et un grand nombre d'amateurs y prennent part. Le premier prix, pour l'élégie, est décerné à J. Michiels et à J.F. Vander Schueren. Les deux questions sont victorieusement résolues par N. De Ryckere et J.F. Vander SchuerenGa naar voetnoot(1). Les Catharinisten prennent un élan magnifique, sous l'impulsion du poëte wackenois De Borchgrave, auquel une notice a été consacrée au volume précédentGa naar voetnoot(2). Ils remportent, grâce à sa coopération, en 1784, au concours d'Audenarde, avec le Bellerophon de C. Vander Eecken, le premier prix de tragédie ainsique le premier prix d'entrée. Ses membres, joints aux confrères de Saint-Sébastien, arrivent, en représentant, le Mont Parnasse, du haut duquel retentissent les compliments d'Apollon, les hommages de Mercure, les chants des neuf Muses, les flots harmonieux de la fontaine Pegasus (sic). C'est encore grâce à l'appui de De Borchgrave, que deux prix sont remportés, en 1785, à Gand, avec la tragédie: de | |
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Weduwe van Malabar, et la farce du Nieuwen Krygsman. Une gilde, rivale sans doute, puisqu'elle adopte la devise: Jong en ieverig, se rend, en 1797, au concours de Middelbourg (Flandre), et y joue Eduard den derden, tragédie en cinq actes. A leur tour, les Catharinisten organisent des concours, un notamment d'opéra et de tragédie, en 1789; un autre, simplement de poésie, en 1806. Quarante amateurs répondent à l'appel, pour cette derniére solennité. On a vu, et on verra successivement, les villages qui obtiennent des distinctions: Aerzeele, Bassevelde, Heule, Hooghlede, Lendelede, Lichtervelde, Meulebeke, MoorseeleGa naar voetnoot(1), Oost-Roosebeke, Staden, Swevezeele, Waereghem, Wielsbeke. Le sujet est: de Verlossing ou de Zaligmaking, et la pièce doit avoir cent vers pour le moinsGa naar voetnoot(2). Un des lauréats, le seul qui nous concerne d'ailleurs, David De Simpel, membre de la chambre d'Hooghlede, auquel une notice a été consacrée précédemmentGa naar voetnoot(3), a laissé, en cette circonstance, une trace trop marquante de la vitalité du mouvement littéraire villageois, à une époque où les ruines de la Révolution française étaient encore debout, pourqu'un fragment de son oeuvre ne soit reproduit ici, comme spécimen de son style et de sa faconde poétique: Den geest der logentael, in 's afgronds duist'ren nagt,
Om d'opgeblaezen zond, geblixemt door Gods kragt,
En van zyn glorie-troon gebonst en afgeslaegen,
Alwaer hy eeuwig 't wigt van 's hemels vraek moet draegen,
Zag met een nydig oog, hoe God in Edens hof,
Den mensch uyt aerde schiep, en adem blies in 't stof,
En hoe zyn milden schoot lag voor een schepsel open,
Een worm uyt een klomp van moddig slyk gekropen.
Hy zag een schoonste beeld, gedreven op den leest
Der godheyd, spelen en uytblinken in zyn geest.
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Hy zag hem tot den top van eer en aenzien wassen,
En duyzend schepselen op zyn oogwenken passen;
Hy zag hoe 't vreedste dier zich tam en buygzaem droeg,
Voor zyne voeten zeeg, en op den meester loeg;
Hy zag een schoonste bruyd uyt Adams been en spieren
Getrokken, met dien man de vroegste bruyloft vieren,
Daer nu al 't schepseldom hun streeld en voor hem buygd,
En om den zoetsten egt nu aerd en hemel juygd.
Ja hy voorzag in 't eynd hoe hy naer later tyden,
Met een onsterflyk kleed in 's hemels woon ging schreyden,
In d'hoogste weelde en vreugd versmoord met lyf en ziel,
Ging stygen op den troon, van waer hy nederviel....
Met overmaet van spyt, hierom in 't hert benepen,
Hy zweert den mensch met list in zynen val te slepen,
Te byten uyt zyn erf, en door een loos vernis,
Te sleuren aen den band, naer d'helsche duysternis.....
Hy schiet het weezen aen (ô boos verdoken treken)
Van een doortrapte slang; hy in dees mom versteken,
Geslingert aen den boom der kennis, brengt, helaes!
De zwakke vrouw ten val, door het bekoorlyk aes
Van d'aengeprezen vrugt, die mede ook Adams handen
Doet plukken 't bloozend'ooft, en schenden met de tanden....
O God! waer valt den mensch door dit vermetel stuk!
O bitter schendaed! ach! ô bron van wee en druk!
Hoe is 't geluk verkeert in traenen en zugten!
Vlugt! vlugt nu van uw schim, gy kond doch niet ontvlugten
Het doorgeknaegt gemoed die d'eygen ziel verraed,
En ziddert voor de straf van het bedreeven kwaed.
Als gy nu voor 't gezigt der Godheyt wilt versteken
In lovers uwe schaemte, en schande, en erfgebreken;
Zoo word Gods evenbeeld ontluysterd en geplet
Door 't trappen en vertreên der eerst gestelde wet;
En d'eerste onnoozelheyd uyt haer geluk verbeeten.
Le choix imposé de l'alexandrin nuit considérablement à l'expression de cette pièce. L'auteur enfle démesurément le ton, pour rendre des effets qui eussent été plus réels, plus décisifs, circonscrits dans un mètre moins ample, moins tendu. Mais, l'heldenvers régnait à tout prix, et les désastres qu'il a amenés sont incalculables. |
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