Le théâtre villageois en Flandre. Deel 2
(1881)–Edmond Vander Straeten– AuteursrechtvrijRamscappelle.En 1490, les compagnons de Ramscappelle, die van Ramscappelle, formant ensemble une société de rhétorique et de tir, vont rehausser la procession du Sacrement, à Nieuport. Les membres de Saint-Sébastien, accompagnés, sans le moindre doute, de ghesellen van ghenouchte, retournent à Nieuport, l'année suivante, pour la solennité religieuse du mois de juin. En 1492, la rhétorique représente, à Furnes, une pièce relative à la paix de Senlis récemment conclueGa naar voetnoot(1). L'année suivante, elle retourne à Furnes, pour participer à un concours organisé à l'occasion de ladite paix. A la procession du Sacrement à Nieuport, deux grands concours de rhétorique étant organisés, en 1495 et 1496, les com- | |
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pagnons s'y rendent avec des confrères d'autres localités voisines. Les rhétoriciens sont signalés, en 1496, à Anvers, où s'organise un concours sur cette question: ‘Quel est le plus grand mystère institué par Dieu pour le salut des hommes?’ L'improvisation doit se conclure sur le mot Charitate. Ils retournent successivement à Nieuport, soit pour l'ommegang, soit pour des fêtes dramatiques, en 1498, 1499, 1500, 1523, 1524, 1529. Cette fraternisation littéraire se sera continuée, tout porte à le croire, au XVIIe sièle. Au siècle suivant, une rivalite éclate entre les gildes de rhétorique et de tir. Les archers avaient survécu aux désastres qui frappaient la société amie, plus exposée qu'elle aux persécutions, à cause des allusions qui pouvaient jaillir de ses pièces théâtrales. Cette hostilité prend un caractère franchement agressif, en 1752. Quelques habitants sollicitent du souverain l'autorisation de fonder une chambre de rhétorique. Les membres de la société de Saint-Sébastien, consultés à cet égard, désapprouvent complètement le projet, et font valoir, à l'appui de leur opposition, les raisons suivantes: ‘Ils n'y a jamais eu de Rhétorique à Ramscappelle: on vient de voir le contraire de cette étrange assertion. La société nouvelle s'érigera en haine de celle de Saint-Sébastien, qui a prospéré, durant plusieurs années, et suffi au divertissement de la commune. Déjà elle se vante prématurément d'exclure, du pat de la procession, tous les habitants de la commune, ce qui serait le signal d'un soulèvement général. La Rhétorique est d'ailleurs une choise mauvaise, tant pour les jeunes gens que pour les gens mariés, en ce qu'ils négligent par là leur famille et leur travail. Leurs idées sont tellement absorbées, par les pasquinades de leur répertoire, qu'ils en viennent à avoir de la misère, une plaie qui a déjà envahi le village et qui l'a entraîné dans des dépenses considérables. Cette gilde sera composée d'un ramassis de jeunes libertins, d'ouvriers et de domestiques, qui abandonneront, durant cinq ou six jours parfois, leur travail et négligeront les productions | |
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de la terre, pour se livrer à des querelles, à des brutalités et à des excès de tout genre, qui les obligeront finalement à se faire alimenter par la mense des pauvres. Dans ces mauvaises réunions de cabaret, se chantent des chansons inconvenantes et se débitent des propos scandaleux. Les aubergistes seuls en profitent; la religion y perd considérablement. L'évêque d'Ypres a déjà défendu l'érection d'une gilde semblable; son avis a été communiqué au magistrat de Furnes, qui s'y est rallié, en engagant l'empereur à ne point prendre une décision à la légère. Les pièces exécutées, outre l'argent qu'elles soutireront aux acteurs et au public, ne sont, en definitive, qu'une diffamation déguisée. Les frais de la tragédie de Saint-Laurent, jouée en 1750, ne sont pas encore acquittés. Dans mainte localité, pareilles associations ne sont point permises. A Furnes, le magistrat a défendu, cette année, à quelques personnes libres, les représentations théâtrales. La commune de Ramscappelle, outre ses ressourses restreintes, a été rudement éprouvée par les temps calamiteux. Elle ne pourra supporter de nouvelles charges, créées par l'inévitable augmentation de la mendicité.’ Telle est la substance de deux rapports émanés de la gilde de Saint-Sébastien. En dehors de toutes les raisons qu'elle fait valoir, elle en mentionne simplement une qui nous parait renfermer le principe de son excessive hostilité. Elle se dit obérée elle-même d'une charge de 5000 florins. N'est-ce point la crainte de s'endetter de plus en plus, par la prospérité de sa rivale, qui la fait agir ainsi contre elle? Nous le croyons. On trouvera textuellement les deux documents aux Annexes. L'opposition contre la nouvelle société rhétoricale n'est pas genérale. Appelée à se prononcer sur l'érection d'une pareille société, la gilde-mère d'Ypres n'hésite point à lui accorder son approbation sympathique. Il est vrai que, parmi les requérants, se trouve le curé de Ramscapelle, qui, à la date de la concession de l'octroi, ne connaissait guère encore les conséquences terribles qu'en feraient découler les opposants à l'entreprise: 18 mai 1752. Ladite société est placée sous l'égide du Sacrement de | |
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l'Autel, avec la devise: Minnaers der waere spyse. Dans leur blason, figure une remontrance, et deux personnages agenouillés, offrant leur coeur. Le premier chef-homme élu est François De ConinckGa naar voetnoot(1). Nous ignorons complétement la décision prise en haut lieu. La mise ‘à la filasse des mémoires’ équivaut-elle à un rejet pur et simple? Philippe Blommaert opine pour une sanction du Conseil privé. Un document, reproduit plus bas, tient le fait pour positifGa naar voetnoot(2). Toujours est-il que le procès qui résulte des prétentions des Confrères de la vraie nourriture, à avoir la préséance sur les membres de la gilde de Saint-Sébastien, lors de la procession annuelle, est jugé en défaveur des premiers. | |
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Vers la même année, ils exhibent une tragédie et une comédie dont le titre nous est inconnu. La société d'Ypres leur demande de vouloir présenter, à ce sujet, une requête en règle. La réponse est négative, selon toute apparence. Le texte de cette invitation nous démontre que l'autorité de la gilde-mère va s'affaiblissantGa naar voetnoot(1). Le 9 juin 1752, elle approuve le choix du chef-homme Corneille MoenaertGa naar voetnoot(2). |
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