Het China van Slauerhoff
(1985)–J. Slauerhoff– Auteursrechtelijk beschermdAantekeningen en ontwerpen voor de Cameron-romans
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BeschrijvingEén velletje, geknipt uit een schrift, gelinieerd en met rode kantlijn. Aan beide zijden beschreven, met inkt; de rectozijde met inktvlekken. Geen paginering. | |
InhoudHet betreft hier een voorontwerp voor Het leven op aarde, en wel Verzamelde Werken, VI, blz. 210, regel 2 tot en met 31. | |
DateringWaarschijnlijk tussen maart en juni 1934. | |
Tekstnog gespaard, door de damp langzaam verstikt. Hij vergiste zich echter. Hij stierf alleen, terwijl zijn onderdanen in massa's stierven, hij stierf alleen zooals hij alleen had bestaan. eigenlijk was Kia So de eenige die hem ooit 〈- had〉 was genaderd 〈- behalve〉 in den geest. en dan nog met kwaadaardige bedoelingen Hij stond alleen te sterven. Cameron was op weg naar een bergtop waarnaar hij vroeger had gestaard en die hem op 't laatste moment als reisdoel was ingevallen, toen hij al dacht op aarde niets meer te zoeken te hebben En zoo was hij de brand ontkomen hoe wist hij niet. Misschien had hij zijn halve leven wel achtergelaten op de eenzame wachttoren, steeneiland in de vuurzee, misschien had de Toe Tsjoen gelijk als hij hem zag
Ga naar margenoot+Maar toch was Cameron op een oogenblik gewaar dat hij weer op reis was dat de bergtop in onbereikbare hoogte in 〈- b〉de bovenste laag van een vreemd ijl azuur hem boven t hoofd hing. Hij bewoog dus hij leefde. □ En voor hem uit zag hij met groote sprongen gaan Want chen de tulpaGa naar voetnoot1 uit Tibet, die reisde op de 〈- door〉 〈+ in〉 zijn 〈- landgenoo〉 land gebruikelijke wijze Cameron haastte zich niet hem in te halen. Maar toch wist hij dat hij hem ergens in een dal bij de top zou ontmoeten. | |
CommentaarHet woord tulpa heeft Slauerhoff zeer waarschijnlijk ontleend aan Alexandra David-Neel, Mystiques et magiciens du Thibet (Paris, 1929). Zijn exemplaar bevindt zich nog in zijn boekerij, de druk is van 1932. Onder meer wordt het woord daar | |
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10. Facsimile van document C-V, verso.
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gebruikt in een voetnoot op blz. 294, ter verklaring van de ‘materialisaties’ waartoe sommige Tibetaanse lama's in staat worden geacht: ‘Elles sont dénommées toulpa, écrit sprulpa, “créations magiques”, “fantômes illusoires”.’ Gedurende de eerste vier decenniën van deze eeuw bereisde Alexandra David-Neel (1867-1969, inderdaad!) verscheidene malen Tibet, hoewel het land voor vreemdelingen verboden was. Zij had van tevoren een diepgaande studie van het land, de zeden en de godsdienst gemaakt en sprak na enige tijd de taal vloeiend. Haar aangenomen zoon, genaamd Yongden, was een Tibetaanse lama. Later heeft deze een roman gepubliceerd, ‘the first to be written by a Tibetan Lama for Western readers’, getiteld Mipam. A Tibetan novel (London, 1938; herdruk: San Francisco-Kathmandu, 1971; citaat op blz. VII). Vermomd heeft Alexandra David-Neel, samen met Yongden, een reis door het land gemaakt, waarover zij verslag heeft uitgebracht in Voyage d'une Parisienne à Lhassa à pied et en mendiant de la Chine à l'Inde à travers le Thibet (Paris, 1927). Over een van haar andere reizen heeft zij verslag gedaan in Au pays des brigands-gentilshommes (Paris, 1933). Naast deze reisverhalen heeft zij ook enige studies over het boeddhisme en over Tibet geschreven. Haar onthullingen worden wel eens in twijfel getrokken. In hoeverre Slauerhoff aan haar beschrijvingen van bovennatuurlijke manifestaties geloof heeft gehecht, is niet na te gaan. Wel is duidelijk, dat hij de gegevens heeft gebruikt, als materiaal, om er een roman van te maken. Gezien de strepen die hij op vele plaatsen in de kantlijn heeft aangebracht, heeft hij Mystiques et magiciens du Thibet grondig bestudeerd. Omdat het boek voor Slauerhoffs ‘Chinese’ romans van groot belang is, wordt hier, alsook in de commentaar bij document C-VII, er ruimschoots uit geciteerd. Over de tulpa vertelt David-Neel het volgende: ‘(...) les théories des lamaïstes concernant n'importe quels phénomènes sont, au fond, toujours identiques. Toutes sont basées sur le pouvoir de l'esprit et ceci n'est que logique de la part de gens qui, pour la plupart, considèrent l'univers, tel que nous le voyons, comme une vision subjective.’ (blz. 292) ‘Les matérialisations telles que les Thibétains les dépeignent et telles que j'ai pu en voir moi-même, ne ressemblent point à celles qui, paraît-il, ont été observées dans les séances de spiritisme. (...) ‘(...) certaines de ces apparitions sont créées volontairement, soit instantanément, si l'auteur du phénomène est doué d'une force psychique suffisante, soit par un procédé très lent (...). ‘En d'autres cas, l'auteur du phénomène produit celui-ci involontairement et n'est point conscient de l'apparition contemplée par d'autres. ‘Parfois, l'apparition consiste en une forme identique à celle de l'auteur de la matérialisation et, dans ce cas, ceux qui, d'une façon quelconque, croient à l'existence d'un “double” éthéré, y verront une manifestation de ce dernier. Mais de multiples sosies de l'auteur du phénomène apparaissent, parfois, simultanément, et dans ce cas il est difficile d'attribuer les apparitions à l'existence d'un unique double. D'autres fois encore, la forme ou les formes créées n'ont aucune ressemblance avec celui qui les produit. | |
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‘Je relaterai, ici, quelques-uns de ces phénomènes dont j'ai été témoin en même temps que d'autres personnes: ‘(...) ‘3o Le troisième incident singulier semble bien appartenir à la catégorie des phénomènes produits volontairement. ‘A cette époque, je campais près de Pounag riteud, au Kham. Une après-midi, je me trouvais avec mon cuisinier, dans une hutte qui me servait de cuisine. Le garçon demandait des provisions. Je lui dis: “Viens avec moi dans ma tente, tu y prendras, dans les caisses, ce dont tu as besoin.” ‘Nous sortons et, en approchant de ma tente dont les rideaux étaient ouverts, nous voyons tous les deux le lama supérieur du riteu assis sur une chaise pliante près de ma table. Ceci ne nous étonna pas, car ce lama me rendait souvent visite. Le cuisinier me dit aussitôt: “Rimpotché [een van eerbied getuigende kwalificatie] est là, il faut que je retourne faire du thé pour lui, je prendrai les provisions plus tard.” ‘Je réponds: “C'est cela, prépare du thé tout de suite.” ‘Le domestique s'en va, je continue à avancer. Arrivée à quelques pas de la tente, il me semble qu'un voile de brume diaphane, tendu devant elle, s'écarte doucement. Le lama avait disparu. ‘Un peu après, le cuisinier revenait apportant le thé. ‘Il fut surpris de ne pas trouver le lama et pour ne pas l'effrayer, je lui déclarai: “Rimpotché n'avait qu'un mot à me dire, il est occupé et n'avait pas le temps de rester davantage.” ‘Je ne manquai pas de parler au lama de cette vision, mais il se borna à rire narquoisement, sans vouloir me donner d'explication. ‘La création d'un fantôme (...) a deux buts: le but élevé qui consiste à apprendre au disciple qu'il n'existe point de dieux en dehors de ceux qu'il crée par sa pensée, et le but, plus intéressé, de pourvoir à sa propre protection. ‘Comment le fantôme protège-t-il son créateur? En apparaissant à sa place. C'est là une pratique courante. Chaque matin, le lama qui y est initié revêt la personnalité de son dieu tutélaire (il pourrait en revêtir une autre s'il le désirait) et l'on suppose, alors, que les êtres malveillants, au lieu de le voir comme un homme, le voient sous celui d'une déité à l'aspect effrayant, ce qui les met en fuite. ‘(...) ‘Quant aux magiciens, ils ne voient dans la création d'un toulpa (fantôme) qu'un moyen de se pourvoir d'un instrument qui exécutera leurs volontés. Et dans ce cas, le fantôme n'est pas nécessairement un dieu tutélaire, mais n'importe quel être ou même quel objet inanimé, propre à servir leurs desseins. ‘Une fois bien formé, ce fantôme tend, disent les occultistes thibétains, à se libérer de la tutelle du magicien. Il arrive qu'il devienne un fils rebelle et l'on raconte que des luttes, dont l'issue est parfois tragique pour le sorcier, s'engagent entre lui et sa créature. ‘On cite aussi des cas où le fantôme envoyé pour accomplir une mission, n'est point revenu et continue ses pérégrinations en marionnette à demi-pensante et demi-consciente. D'autres fois, c'est l'opération de la dissolution qui donne lieu à des | |
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drames. Le magicien s'efforçant de détruire son oeuvre et le fantôme s'acharnant à conserver la vie qui lui a été infusée. [In de kantlijn van deze alinea, op blz. 299, heeft Slauerhoff een streep gezet.] ‘Tous ces contes dramatiques de “matérialisations” en révolte ne sont-ils que pure imagination? ‘C'est possibie. Je ne me porte garante de rien, je me borne à relater ce qui m'a été narré par des gens qu'en d'autres occasions, j'avais trouvés dignes de foi. Mais eux-mêmes peuvent s'illusionner. ‘Quant à la possibilité de créer et d'animer un fantôme, je ne puis guère la mettre en doute. ‘Incrédule à mon ordinaire, je voulus tenter l'expérience moi-même et, afin de ne pas me laisser influencer par les formes impressionnantes des déités lamaïstes que j'avais l'habitude d'avoir sous les yeux, en tableaux et en statues, je choisis un personnage insignifiant: un lama courtaud et corpulent du type innocent et jovial. Après quelques mois, le bonhomme était formé. Il se “fixa” peu à peu et devint une sorte de commensal. Il n'attendait point que je pensasse à lui pour apparaître, mais se montrait au moment où j'avais l'esprit occupé de tout autre chose. L'illusion était surtout visuelle, mais il m'arriva d'être comme frôlée par l'étoffe d'une robe et de sentir la pression d'une main posée sur mon épaule. A ce moment, je n'étais point enfermée, je montais à cheval tous les jours, vivais sous la tente et jouissais, selon mon heureuse habitude, d'une excellente santé. ‘Un changement s'opéra graduellement dans mon lama. Les traits que je lui avais prêtés se modifièrent, sa figure joufflue s'amincit et prit une expression vaguement narquoise et méchante. Il devint plus importun. Bref, il m'échappait. Un jour, un pasteur qui m'apportait du beurre vit le fantôme, qu'il prit pour un lama en chair et en os. ‘J'aurais probablement dû laisser le phénomène suivre son cours, mais cette présence insolite commençait à m'énerver. Elle tournait au cauchemar. Je me décidai à dissiper l'hallucination dont je n'étais pas complètement maîtresse. J'y parvins, mais après six mois d'efforts. Mon lama avait la vie dure. ‘Que j'aie réussi à m'halluciner volontairement n'a rien de surprenant. La chose intéressante dans ces cas de “matérialisation” est que d'autres voient la forme créée par la pensée. Les Thibétains ne sont pas d'accord sur l'explication à donner à ce phénomène. Les uns croient qu'il y a réellement création d'une forme matérielle, les autres ne voient là qu'un cas de suggestion: la pensée du créateur du fantôme s'imposant involontairement à autrui et lui faisant voir ce qu'il voit lui-même.
‘Malgré l'ingéniosité déployée par les Thibétains dans leur désir de trouver une explication rationnelle à tous les prodiges, certains de ceux-ci demeurent inintelligibles, soit qu'ils soient de pures inventions, soit pour d'autres raisons. ‘C'est ainsi qu'ils admettent généralement que les mystiques avancés ne doivent pas nécessairement mourir de la manière ordinaire, mais peuvent, n'importe quand ils le désirent, dissoudre leur corps de façon à n'en laisser aucune trace. ‘Il est raconté que Réstchoungpa disparut de cette manière et que l'épouse de | |
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Marpa, Dagmédma, s'incorpora à son mari au cours d'une méditation particulière. ‘Toutefois, ces traditions, dont les héros vivaient il y a des siècles, nous apparaissent comme de pures légendes. Le fait suivant, de date relativement récente, est plus propre à nous intéresser, d'autant plus qu'au lieu de s'être produit dans un ermitage solitaire, le prodige s'est, dit-on, accompli au grand jour, devant des centaines de témoins. ‘Je dois déclarer, immédiatement, que je ne me trouvais pas parmi eux, et l'on peut imaginer combien je le regrette. Mes renseignements proviennent de gens qui m'ont affirmé avoir vu le phénomène. Le seul lien que j'aie avec le miracle est que j'ai connu celui qui est dit en être le héros. ‘Ce dernier était (...) un des guides spirituels du Trachi-lama. On le dénommait Kyongbou rimpotché. Lors de mon séjour à Jigatzé, il était déjà vieux et vivait en ermite à quelques kilomètres de la ville sur la rive du Yésrou Tsangpo (Brahmapoutre). La mère du Trachi-lama le tenait en grande vénération et, tandis que j'étais auprès d'elle, j'entendis plusieurs histoires extraordinaires à son sujet. ‘L'on disait qu'à mesure que les années s'écoulaient, la taille du savant et saint ascète diminuait. Ceci est, d'après les Thibétains, le signe d'une haute perfection spirituelle, et de nombreuses traditions existent au sujet de mystiques-magiciens qui, ayant été des hommes de haute stature, furent graduellement réduits à des proportions minuscules et, finalement, disparurent. ‘Lorsque l'on commença à parler de la consécration de la nouvelle statue de Maitreya [de toekomstige boeddha], le Trachi-lama exprima le désir de voir Kyongbou rimpotché procéder à la cérémonie, mais celui-ci déclara qu'il serait mort avant que le temple contenant la statue ne soit entièrement terminé. ‘Le Trachi-lama, me dit-on, pria l'ermite de retarder le moment de sa mort, afin de pouvoir consacrer le temple et la statue. ‘Une telle requête peut sembler bizarre à un Occidental, mais elle s'accorde avec la croyance thibétaine que les grands mystiques possèdent le pouvoir de choisir le temps de leur mort. ‘L'ermite, déférant au désir du Trachi-lama, promit donc qu'il officierait quand le jour de la consécration serait venu. ‘Alors, environ un an après mon départ de Jigatzé, temple et statue étant terminés, une date fut fixée pour la solennité de leur consécration. Ce jour venu, le Trachi-lama envoya une magnifique chaise à porteurs et une escorte à Kyongbou rimpotché, pour l'amener à Trachilhumpo. ‘Les hommes de l'escorte virent l'ermite prendre place dans la chaise, celle-ci fut close et l'on se mit en marche. ‘Pendant ce temps, plusieurs milliers de personnes s'étaient assemblées à Trachilhumpo pour assister à la cérémonie. Quel ne fut pas leur étonnement, lorsqu'elles virent arriver Kyongbou rimpotché seul et à pied. Il traversa le temple en silence, s'avança vers la gigantesque statue, s'en approcha jusqu'à la toucher et, graduellement, pénétra en elle. [Naast deze en de vorige alinea heeft Slauerhoff een streep gezet, blz. 302.] ‘Un peu plus tard, la chaise à porteurs entourée de son escorte arriva. On en ouvrit la porte... elle était vide. | |
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‘Beaucoup affirment que le lama n'a jamais plus été vu depuis ce temps. ‘(...) ‘Nous recueillîmes les opinions suivantes: ‘Kyongbou rimpotché avait créé un fantôme identique à lui qui était entré dans la chaise et s'était comporté comme il a été relaté dans le temple de Maitreya. Ce fantôme s'était évanoui en touchant la statue comme l'avait combiné le lama-magicien qui, pendant ce temps, n'avait peut-être pas bougé de son ermitage. ‘Ou bien, de sa retraite, le lama avait été capable de faire éprouver une hallucination collective à la foule assemblée loin de lui. ‘Quelques-uns insinuèrent que Kyongbou rimpotché était déjà mort quand le miracle se produisit, mais avait laissé derrière lui un tulpa (fantôme), sa créature, pour se rendre à Trachilhumpo.’ (blz. 294-303)
Deze tekst geeft aanleiding tot twee overwegingen. In de eerste plaats zou men eruit kunnen afleiden, dat Wan Tsjen, althans in Slauerhoffs ontwerp, geacht wordt een tulpa te zijn, een ‘fantôme illusoire’. Dank zij wiens geestelijke energie deze manifestatie dan zou zijn ontstaan, is niet duidelijk. Aan de andere kant is het van belang op te merken, dat in de definitieve tekst het woord tulpa níet meer voorkomt. Slauerhoff zou dus ten aanzien van de functie van Wan Tsjen van gedachten kunnen zijn veranderd: niet een ‘fantôme illusoire’, maar een werkelijke goeroe-lama. Het meest waarschijnlijk echter is dat Slauerhoff bemerkt heeft in zijn voorontwerp een fout te hebben gemaakt: hij heeft een verkéérd woord gebruikt, dat de lezer tot gevolgtrekkingen als hierboven zou kunnen verleiden, die helemaal niet zijn bedoeling zijn geweest. Hij moet het woord tulkou hebben bedoeld, door David-Neel verklaard als ‘lama de rang supérieur’ (blz. 10, 89, 109-124). Tulpa is eerder van toepassing op Wan Tsjen, wanneer deze onzichtbaar aanwezig is bij de ontvangst van de vreemdelingen in Tsjong King, tulkou wanneer hij persoonlijk aanwezig is bij de demonstratie van het radiotoestel en de daarop volgende ramp. We komen hierop nog terug in de commentaar bij document C-VII, waarin het woord tulkou wèl is gebruikt, zij het opnieuw verkeerd geschreven, namelijk als tulka. De tweede overweging betreft de door Slauerhoff aangestreepte passage op blz. 299 van David-Neel. Waarom heeft hij hier die streep gezet? Het ligt voor de hand (vooral) bij deze passage te denken aan het fantoom van Camões, die Cameron in Het verboden rijk direct belaagt, die in Het leven op aarde Cameron telkens weer in de gedachten komt en die, zoals we hebben gezien, ook in deel III nog een belangrijke rol had moeten spelen. Kan deze passage misschien één van de ingrediënten zijn geweest, waaruit Slauerhoff de relatie tussen Cameron en Camões heeft opgebouwd? Voor de beantwoording van deze vraag zou men moeten weten of Slauerhoff, die de editie van David-Neels boek uit 1932 bezat, al in 1929 of 1930 had kennis genomen van de eerste druk uit 1929. Hiervan is echter niets bekend. We zullen het er dus op moeten houden, dat de streep in de kantlijn als een herkenningsteken begrepen moet worden.
Ook de wonderlijke manier waarop Wan Tsjen zich voortbeweegt, vinden we bij David-Neel uitgebreid beschreven: | |
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‘Par le terme collectif loung-gom les Thibétains désignent de très nombreuses pratiques, visant des buts divers, les uns spirituels, les autres physiques, qui combinent la concentration d'esprit avec différentes gymnastiques de la respiration. Cependant, le nom loung-gom est plus spécialement appliqué à un genre d'entraînement mi-psychique, mi-physique, destiné à faire acquérir à celui qui le pratique, une légèreté et une célérité supernormales. Le loung-gom-pa est un athlète capable de parcourir, avec une rapidité extraordinaire, des distances considérables, sans se sustenter, ni prendre de repos. ‘(...) ‘Il est, toutefois, à remarquer que l'exploit requis du loung-gom-pa se rapporte plus à une miraculeuse endurance qu'à une rapidité momentanée de sa course. Il ne s'agit pas, pour lui, de fournir, à toute vitesse, une course de 12 à 15 kilomètres, comme dans nos épreuves sportives, mais, comme il vient d'être dit, de couvrir, sans arrêt, des distances de plusieurs centaines de kilomètres, en soutenant une allure de marche excessivement vive. ‘(...) Cependant, bien qu'un bon nombre de moines s'efforcent de pratiquer les exercices de loung-gom, il est certain que très peu obtiennent le résultat qu'ils souhaitent et les véritables loung-gom-pas doivent être fort rares.
‘Ma première rencontre avec un loung-gom-pa eut lieu dans le désert d'herbe au nord du Thibet. ‘Vers la fin de l'après-midi, nous chevauchions en flânant à travers un vaste plateau, lorsque je remarquai, très loin devant nous, un peu sur notre gauche, une minuscule tache noire que mes jumelles me montrèrent comme étant un homme. Je fus très surprise. Les rencontres ne sont pas fréquentes dans cette région, depuis dix jours nous n'avions pas vu un être humain. De plus, des gens à pied et seuls, ne s'aventurent guère dans ces immenses solitudes. Qui pouvait être ce voyageur? ‘(...) ‘Comme je continuais à l'observer avec mes jumelles, je m'aperçus que sa démarche était singulière et qu'il avançait étrangement vite. Bien qu'à l'oeil nu, mes gens ne pussent guère distinguer qu'un point noir se mouvant sur l'herbe, il ne se passa pas très longtemps avant qu'ils ne remarquassent aussi la vitesse surprenante avec laquelle ce point se déplaçait. (...) ‘(...) ‘(...) D'après ce que je savais de la technique du procédé, l'homme marchait dans un état de transe. Par conséquent, il était probable que, bien qu'il n'en dût pas mourir, il éprouverait un choc nerveux pénible s'il était brusquement tiré de cet état particulier. Jusqu'à quel point ce choc pouvait-il être dangereux, je n'en savais rien et ne voulais pas faire du lama l'objet d'une expérience, peut-être cruelle, dont je ne pouvais mesurer les suites. (...) ‘(...) ‘Il était arrivé à une petite distance de nous. Je pouvais distinguer nettement sa face impassible et ses yeux largement ouverts qui semblaient contempler fixement un point situé quelque part, haut, dans l'espace vide. Le lama ne courait point. Il paraissait | |
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s'enlever de terre à chacun de ses pas et avancer par bonds, comme s'il avait été doué de l'élasticité d'une balle. Il était vêtu de la robe et de la toge monastiques usuelles, toutes deux passablement râpées. Sa main gauche s'agrippait à un pli de la toge et demeurait à moitié cachée par l'étoffe. Sa main droite tenait un pourba (un poignard rituel). En marchant, il remuait légèrement le bras droit, rythmant son pas comme si le pourba, dont la pointe se trouvait fort éloignée du sol, eût été véritablement en contact avec lui et qu'il s'y fût appuyé comme sur une canne. ‘(...) ‘(...) En tenant compte du nombre d'heures pendant lesquelles nous avions voyagé au trot habituel de nos bêtes; déduisant le temps pendant lequel nous étions demeurés campés, j'arrivai à la conclusion que pour atteindre à l'endroit où nous l'avions trouvé vers la fin de l'après-midi, le loung-gom-pa, après avoir passé près des dokpas [herders], devait avoir marché toute la nuit et le lendemain, sans s'arrêter, à une vitesse à peu près égale à celle avec laquelle nous l'avions vu avancer. C'était la continuité de cette rapidité qui était merveilleuse, car marcher pendant vingt-quatre heures consécutives est loin d'être considéré comme un record par les montagnards du Thibet.’ (blz. 201-206) ‘D'après les renseignements que j'ai obtenus de différentes sources, la pratique de cette espèce particulière de loung-gom peut être rapidement esquissée comme suit: ‘Le premier pas avant de commencer son étude est, comme toujours, de recevoir l'initiation appropriée. Il faut ensuite s'exercer pendant plusieurs années, et sous la direction d'un maître expérimenté, à de nombreuses variétés de gymnastiques respiratoires. C'est seulement quand le disciple s'y montre suffisamment avancé qu'il lui est permis d'entreprendre les marches elles-mêmes. ‘Une nouvelle initiation lui est conférée à ce moment et son gourou lui apprend une formule mystique. Le novice concentre ses pensées sur la répétition mentale et cadencée de cette formule qui rythme le jeu de la respiration pendant la marche, les pas s'effectuant en mesure, avec les syllabes de la formule. ‘Le marcheur ne doit ni parler, ni penser à aucune chose, ni regarder de droite à gauche. Il lui faut tenir les yeux fixés sur un unique objet, éloigné, et ne jamais permettre à son attention d'en être détournée par quoi que ce soit. ‘Lorsque l'état de transe a été atteint, bién qu'une grande part de la conscience normale se trouve abolie, celle-ci demeure assez active pour faire éviter au marcheur les obstacles qui peuvent exister sur son chemin et le maintenir dans la direction de son but. Cependant, ces deux choses se produisent mécaniquement sans provoquer aucune réflexion dans l'individu en transe. ‘(...) ‘Laissant à part ce qui semble être de l'exagération, il résulte de mon expérience très limitée de cette pratique et de ce que j'ai appris des lamas dignes de confiance, que l'on parvient à ne plus sentir le poids de son corps. Une sorte d'anesthésie amortit aussi les sensations causées par les heurts contre les pierres et les autres obstacles que l'on peut rencontrer, et l'on marche pendant des heures, avec une vitesse inaccoutumée, éprouvant cette agréable griserie bien connue des automobilistes qui font de la vitesse.’ (blz. 214-217) |