Verzameld werk. Deel 4: proza
(1979)–Paul van Ostaijen– Auteursrechtelijk beschermdBesprekingen en beschouwingen
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Enquête sur la jeune peinture françaiseGa naar voetnoot1Evidemment - nous en resterons toujours là - je ne comprends pas du tout les prémisses de votre questionnaire sur la jeune peinture française. Il y a là, dans vos prémisses et à peu près en antithèse, les qualificatifs: cosmopolite et belge. Mais, enfin, soyons sérieux: belge, ce n'est là qu'un cosmopolitisme provincial, un cosmopolitisme arbitraire, sans nécessité intellectuelle, un hasard. Le cosmopolitisme parisien est une réalité intellectuelle. C'est une tendance de l'esprit qui se manifeste assez fréquemment que d'évoluer de la race vers une situation cosmopolite. (Exemple: le 18e siècle allemand). Mais jamais l'esprit ne tend à la bâtardise. On peut défendre deux points de vue: d'abord celui de l'esprit nouveau, de l'esprit européen, de l'interpénétration, de la tradition commune, point de vue qui, dans l'objet qui nous occupe, ne connaît plus que des peintres et qui considère que si, demain, un peintre russe vient habiter Paris, il fera partie, avec son apport nouveau, de la jeune peinture française par le fait même de son milieu et du choix de celui-ci. Il importe peu de savoir si les ‘étoiles’ de la jeune peinture française sont des Français ou des étrangers. On pourrait l'appeler: l'école de Paris, sans engagement racique. Je tiens à cette façon de voir, en ajoutant que Breughel est bien moins flamand que Quentin Matsys ou que van Roymerswael et que Hals est plus hollandais que Rembrandt. Et pour les contemporains, je demande: Brancusi est-il Roumain? Oscar Jespers est-il Flamand ou Belge peut-être? Feininger est-il vraiment Américain? Campendonk est-il Allemand? Certes, Van Wijngaerdt est un peintre hollandais. Il l'est par l'anecdote, par tout ce qui n'est pas pictural. La mauvaise peinture, celle-là est toujours nationale. Ou bien: on considère la peinture comme une extériorisation de la race, en mettant l'accent non sur la volonté de connaissance qui s'exprime dans la peinture, mais sur la façon de connaissance et en soulignant les éléments spécifiques qu'on rencontre en elle. Cependant j'estime qu'ici on donne assez facilement dans la spéculation et que l'histoire | |
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de Hamlet, fils des pays brumeux du Nord, me paraît un conte assez gratuit. Mais comme il est impossible d'épuiser ici le pour et le contre de la proposition racique, admettons, comme hypothèse, contre un Hamlet à nous, un Polyeucte latin. Je suivrai donc encore celui qui met en doute l'esprit européen pour adhérer à un point de vue racique. Mais alors, pour que cette façon de voir tienne à quelque chose, il faut mettre l'accent sur l'adjectif. Rejeter cet esprit européen, le remplacer par une conception racique et illustrer cette conception par l'exemple belge, cela ne touche plus à aucune réalité. D'ailleurs, si vous ne le croyez pas, cherchez donc le commun dénominateur racique pour quelques artistes belges p. ex.: Van den Berghe, Oscar Jespers, Creten, Maes, Mambour. Surtout prenez garde de ne pas trouver ceci: ‘la Belgique, un pays ouvert à toutes les influences, aussi bien celles du Nord et de l'Est, que celles du Midi.’ En effet, il faudrait vous répondre que vous montrez un élément purement négatif et que la civilisation plastique qui en serait le résultat, s'appellerait dans l'histoire de l'art: provincialisme à influence mixte. Et je réponds à vos questions: 1. - Influence? oui. Prédominante? oui, pour la peinture allemande, hollandaise et belge. Non, pour la peinture italienne (Carrà, Morandi). Influence prédominante sur la peinture belge? - Mais enfin, cela crève les yeux. 2. - La qualité de la peinture française prise dans son ensemble est-elle supérieure à celle des oeuvres étrangères? oui. A la peinture belge? - Mais oui, n'est-ce pas, ce compte est assez net. 3 a). Comparées à la peinture étrangère, il n'y a pas de tendances caractéristiques françaises. Pour les marques caractéristiques, tout tient à la qualité. Les Français sont meilleurs peintres. La belle matière alors? - Mais non, mais non: Frans Hals est, du côté de la matière, un bien meilleur peintre que Rembrandt. Cependant je dirai: Rembrandt est plus peintre, à cause du problème pictural qu'il ose aborder. La peinture est un moyen de connaissance du monde et les tableaux de Rembrandt marquent les étapes d'une lutte constante pour la conquête de cette connaissance. Evidemment la peinture expressionniste allemande d'abord et la peinture expressionniste belge après - surtout, ne l'oubliez pas, après - considèrent également cette connaissance comme le point essentiel. Mais les tableaux de l'expressionnisme n'expriment pas la lutte pour la conquête de cette connaissance, mais bien au contraire ils se bornent à constater notre impuissance à la conquérir. C'est toute la différence entre le mélodrame et la tragédie. Purement instinctive, cette peinture ne tient, par là, qu'à la matière. Quant à la jeune peinture belge, elle n'a posé les éléments d'aucun problème nouveau. Picasso et Braque en France, Kandinsky en Allemagne, Carrà et Chirico en Italie l'ont fait. 3 b) Matisse. - Picasso, Braque, Gris, Léger, Gleizes, Lurçat. - Modigliani. - Max Ernst, Miró. |
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