Liedjes en andere verzen
(1870)–Emiel Moyson– Auteursrechtvrij
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On ne peut de la Liberté
Se proclamer l'amant fidéle;
Que pour être adulé, fèté,
Jouir de popularité,
Loin de servir la Vérité
Il vaut bien mieux faire fi d'elle!
Il maudissait ses vils bourreaux...
En proie à la morne amertume,
A travers les étroits carreaux
De la lucarne aux lourds barreaux,
Il contemplait, le coeur tout gros,
Le cièl plus noir que de coutume.
Soudain une voix retentit,
- La voix d'une amie adorable,
S'approchant petit à petit; -
Ce que dans son être il sentit,
Lorsque la clef s'appesantit
Dans la serrure inexorable,
Non, nul jamais ne le saura!
Nulle plume ne peut décrire,
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Aucun poëme ne dira
Quelle allégresse l'enivra,
Lorsque la visiteuse entra
Avec son bienveillant sourire.
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II.Depuis le pauvre prisonnier
Revit bien des fois son amie:
Par elle sa foi raffermie
Lui rendit son courage altier.
Aux heures où qui souffre nie,
Il invoquait ‘l'ange gardien,’
La consolatrice bénie
Qui le forçait à croire au bien...
............
Puis quand, plus tard, il vit finir
Cette vie où l'ennui pullule,
Souvent un pieux souvenir
Le reportait à sa cellule.
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Il revoyait à maint instant
La femme noble et généreuse,
Qui s'en retournait toute heureuse
Quand le captif semblait content.
Mais ce qui mouillait sa paupière.
C'était (comme en une oraison
- Car chaque coeur a sa prière! -)
De se rappeler la lumière,
La joie entrant immense, entière,
Avec la visite première
De son amie à la prison!
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