Liedjes en andere verzen
(1870)–Emiel Moyson– Auteursrechtvrij
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Les Cris haineur.Ga naar voetnoot(1)
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Ah! ce fut bien ce constant privilége,
Cygne montois, à vos chants départi,
Qui décida le Pape et son Collége
A vous traiter en pécheur converti:
L'Église excuse, en son pieux contrôle,
Maint trait païen, taxé d'écart vineux,
Chez le talent qui s'assigne pour rôle
De refréner les cris haineux.
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Couplets.Il fut un temps oû, mauvais patriotes,
Les Anversois, ne respectant plus rien,
Se comportaient en vrais Iscariotes
Envers l'État, qui leur voulait du bien;
Dieu sait jusqu'où ces trafiquants sauvages
Auraient poussé leurs projets vénéneux,
Si votre luth n'eût fait sur leurs rivages
Mourir leurs cris haineux!
Au jour prochain des noires catastrophes
Les Flamingants juraient de se venger...
Ce fut encor par quelques simples strophes
Que votre voix dissipa le danger:
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Ah! disiez- vous tristement à la Flandre,
En célébrant ton nectar houblonneux,
J'étais bien loin de prévoir cet esclandre
De sombres cris haineux!..
Plus tard surgit l'affaire du Mexique:
Quelques braillards, désespoir du barreau,
A Juarez, l'Indien, le Cacique,
Firent honneur de son Tacamburo!
Ils demandaient pourquoi nos avant-postes
Ne s'étaient pas montrés plus soupconneux...
L'histoire acta vos sublimes ripostes,
Clesse, à leurs cris haineux.
Puis vint le tour du fougueux athéisme,
Pròné bien haut par un tas de rhéteurs:
Qui ne connait, ô barde du déisme,
Votre chanson à ces profanateurs?
Ce fut à vous que la ‘loi du Messie’
Dût de survivre à ce choc ruineux...
Votre art, suave en sa diplomatie,
Dompta les cris haineux.
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Tout allait bien désormais sur la terre;
Seul, un insecte encor faisait du bruit...
Vous l'exigez: il promet de se taire,
Dès que le jour aura chassé la nuit. -
Si d'ici là le marchand réimprime
Votre recueil déjà volumineux,
Bien libre à vous, Monsieur, d'y joindre en prime
Ce chant des cris haineux.
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