La henriade dans la littérature hollandaise
(1927)–H.J. Minderhoud– Auteursrecht onbekend
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Le ‘David’ de Lucrétia van Merken.‘Quant à la langue et au style’, dit Van KampenGa naar voetnoot1., ‘Lucrétia van Merken appartient à l'école de Feitama.’ Née en 1721, elle débuta, à l'âge de 24 ans, par une tragédie. En 1767 parut son David, poème en douze chants. En collaboration avec son mari, Nicolaas Simon van Winter, elle publia deux volumes de tragédies (1772 et 1786), parmi lesquelles il faut nommer Gelonide parce que cette pièce a beaucoup de ressemblance avec Mérope.Ga naar voetnoot2 En 1779 elle donna un second poème épique Germanicus, qui traite des luttes de ce chef contre les Germains et se termine par son entrée triomphale à Rome. Les critiques du temps l'ont loué à l'excès et l'auteur a reçu bien des témoignages d'admiration, e.a. de Marmontel. La prédiction du critique des Letteroefeningen que ce poème passerait à la postérité, n'a cependant pas été confirmée. L'histoire de David se trouve au premier livre de Samuel, Ch. XVIII-XXXI. Après la mort de Goliath, David est mené à la cour du roi Saül, dont il épouse la fille, Mical. Mais le roi d'Israël est jaloux du brillant guerrier qu'est David, et veut le mettre à mort. David se réfugie à Nob. N'y étant pas en sûreté, il se retire auprès d'Akish, roi de Gath. Saül fait massacrer les habitants et les sacrificateurs de Nob. Abiathar cependant se sauve et rejoint David à Keïla. L'armée israélite va assiéger cette ville, mais David, ayant appris de l'Eternel que les habitants le livreront, s'enfuit au désert, où l'ennemi le poursuit. Deux fois, d'abord à la caverne d'En-Guédi, puis au coteau de Hakila, le héros épargne la vie de Saül. Le roi consulte la pythonisse d'Endor. David se met encore sous la protection d'Akish et s'établit à Tsiklag. Il se joint à l'armée des Philistins pour combattre les Israélites. Dans son absence, Tsiklag est pillée par les Amalécites, mais David revient, défait les ravisseurs et reprend le butin qu'ils avaient fait. Jusqu'ici l'auteur a suivi fidèlement le récit biblique. Au XIe | |
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chant cependant, Lucrétia van Merken intercale un songe de David, qui voit le ciel s'ouvrir. Le patriarche Abraham - comme Saint Louis - descend sur une ‘nue embrasée’ pour lui communiquer ‘'t verborgen raadsbesluit’ (Henr. Ch. VII). ‘La Nuit qui, en attendant, monte au vaste ciel avec toutes ses étoiles, ferme l'oeil somnolent d'Israël. Le brave chef lui-même sent disparaître de plus en plus la clarté de son esprit. Le repos bienvenu plane autour de sa couche.Ga naar voetnoot1. Éclairé par un esprit plus élevé, il voit le ciel s'ouvrir et le patriarche Abraham descendre lentement sur une nue embrasée. Avec lui descend une garde divine de choeurs célestes. Le chant se tait et le père Abraham s'adresse au héros, gloire de sa tribu:Ga naar voetnoot2 ‘Mon fils, je descends pour vous communiquer, sur l'ordre de Dieu, la sentence secrète du ciel. La Divinité veut que je vous découvre la voie le long de laquelle sa clémence conduisit et conduira les Hébreux jusqu'à la fin des siècles.Ga naar voetnoot3 Par quelle voie merveilleuse sa providence a-t-elle conduit ma progéniture vers les bords du Nil fertile? Avec quelle bienveillance Dieu l'a-t-il menée à travers la mer et lui a-t-il fourni la manne et l'eau au milieu au désert? Il lui donna un bien plus grand, ses lois, lorsqu'il apparut à Moïse. Il lui donna la terre promise. Ainsi le | |
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Tout-puissant fit triompher mes rejetons.Ga naar voetnoot1. Quelle différence entre ce temps-là et le temps où l'arche de l'alliance tomba aux mains de l'ennemi, jusqu'à ce que celui qui vous a oint ait réconcilié le peuple avec la Divinité. A présent le fils de Kis l'a offensée plus que jamais; il court au combat et en même temps à sa perte, une perte qui vous mettra sur le trône.Ga naar voetnoot2 Quel éclat entoure votre règne, qui sera rehaussé encore par la sagesse de votre fils, par la magnificence du Temple. Mais je vois des princes, trop nombreux, hélas! qui déshonorent la loi du Seigneur. Quel torrent de sang se montre à mes yeux! Mes enfants! où vous entraîne-t-on? qui est-ce qui vous enchaîne? Mais l'astre du salut brille en Orient. Rentrez, enfants d'Abraham, rebâtissez vos villes.Ga naar voetnoot3’ Et le père Abraham, enflammé par l'Esprit divin, prononce | |
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les prédictions suivantes: ‘Je vois un monarque étranger battre la famille de votre tyran et ouvrir vos prisons. En route, ô Israël! rebâtissez la Maison du Seigneur!; ô Ville, ô Sanctuaire, élevez-vous jusqu'aux nues! la Divinité demeure en vous et surveille votre bonheur.Ga naar voetnoot1. ô Tribu de David, votre gloire se perdrait-elle jamais? Non, non! le Christ naîtra enfin de votre race, le Christ, qui va donner sa douce loi au peuple élu. A genoux, Terre! à genoux, adorez sa Majesté.’ En attendant le nuage se lève lentement et l'âme de David, ravie encore, croit voir Jonathan, entouré de lumière. Le patriarche Abraham lui tend les mains et l'entraîne avec lui. L'étrange vision disparaît avec le sommeil et David s'éveille.Ga naar voetnoot2 Au dernier chant l'armée des Philistins bat les Israélites à Guilboa où Saül et ses fils trouvent la mort. |
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