Besluit der dichtlievende uitspanningen, met verscheidene byvoegzelen
(1762)–Jan Jacob Mauricius– Auteursrechtvrij
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Avant-propos.LE Poëte, qui avoit suspendu sa Lyre au mur, & qui cependant se jugeoit obligé de donner une preuve de son respect dans cet événement extraordinaire, a dû chercher un milieu, en mettant le Poëme sous le nom de son Fils, qui a déja eu plusieurs fois l'honneur, soit à des jours de Naissance, ou dans d'autres occasions, de presenter à leurs Altesses quelques Vers enfantins. La difficulté étoit de mettre des Vers sérieux dans la bouche d'un Enfant. Pour cet effet la fiction de la Nimphe du Vivier étoit nécessaire, qu'il prie, qu'on veuille excuser avec indulgence, surtout dans une Cantate, ou les fictions sont plus suportables. Il n'est pas même entiérement hors de la vraisemblance, qu'un enfant de près d'onze ons, & qui est deja assés avancé pour son âge, puisse coucher sur le papier une partie d'un hymne, qui se chante lentement, & avec des repètitions: Mais si l'on veut éxactement juger les rêves Poëtiques, suivant toute la rigueur des regles de la vraisemblance, la prérogative quidlibet audendi, dont les Poëtes, de méme que les Peintres, sont en possession depuis longtems, & avec équité, devient superfluë. Horace lui même, dans un cas pareil, l'appelle un délire aimable (amabilis insania.) Od. III. IV. 5. Si encore cela ne suffit pas, la difficulté se trouvera levée par les Vers suivants, qu'un respectable ami du Poëte lui a envoyés. | |
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Cher Enfant, ton Songe est aimable:
Quel tableau séduisant! Chacun doit l'approuver.
Mais y voit-on le vraisemblable?
Un peu l'on pourroit en douter.
Mon pouvoir; (dit Phebus) a levé tout obstacle,
En faveur de ce jour-j'ai fait ce grand miracle.
L'on aura d'ailleurs la bonté de remarquer, que cette piece a été faite en forme de Cantate, & doit par conséquent (surtout dans les dernieres lignes) emprunter son plus grand ornement, & sa plus grande force, du chant & de l'accompagnement. De plus, les expressions dans une Cantate doivent être plus serrées, que dans un autre Poëme plus étendu. Les François ont toujours observé cette régle dans leurs Operas, mais les Italiens n'en ont jamais voulu profiter. Il a été impossible d'éviter dans cette Traduction, les tournures de Phrases Hollandoises, ou Belgicismes, sans affoiblir le sens. Outre cela la langue Hollandoise a pour le serieux des mots composés extrêmement forts, & pour le stile badin des diminutifs gracieux. qu'on ne sauroit rendre en François sans périphrase. Quelque paradoxe que cela paroisse, l'experience nous apprend, qu'il est plus aisé de traduire la Poësie Françoise en Hollandois, que la Hollandoise en François. Ce n'est pas ici le lieu d'entrer dans des détails sur cet Article. Mais que ceux qui ne veulent pas le croire, en fassent l'essay avec l'Ystroom d' Antonides, la description de la ruine de Sodome, au septieme livre du Poëme d'Abraham par Hoogvliet, & les Odes Anacréontiques du Poëte Champêtre, Poot. | |
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Cantate.Spes altera Romae. Virg. AEneid. XII. 168. ‘VOici le jour, ou la Princesse béréditaire d'Orange marche à l'autel avec l'illustre Prince de Weilburg. Tout le Monde fait l'éloge de cet beureux couple. Les Echôs du Bois de ta Haye retentissent des battemens de mains. Il pleut des Lauriers, des Myrtes, & des Palmes. Avec quel empressement ne reprendrois-je pas ma Lyre, suspendue au mur! Avec quel empressement, sur de nouveaux accords, voudrois je joindre anx acclamations de la Patrie, quelques sons d'allegresse! A présent il faut, que leurs Altesses agréënt ma honne volonté, & c'est à Toi, mon fils, que je remets de t'acquiter respectueusement en mon nom de ton devoir, par des Vers enfantins. Ainsi parloit mon Pere. Animé par ce recit, Ah! que n'avois-je des ailes! J'aurois à l'instant volé vers la Haye, pour voir la Pompe de cette Auguste Fête, & présenter, comme autrefois, mes petits Vers à la Cour. Son Altesse m'a toujours gracieusé dans mon enfance. Sa belle bouche m'auroit | |
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honoré de quelques mots de faveur, plus précíeux pour moi, que les Bonbons & les confitures de la nôce. Jetté à présent sur les rivages de l'Elbe, Je me trouve privé de cet honneur. C'est ainsi, que transporté par l'image de la Féte, plein d'impatience, un doux sommeil s'empara de mes yeux. En rêvant je me trouvois près du Vivier de la Haye, & il me sembloit, que j'étois assis dans la fougère, sur cette Colline. Les Tilleuls étoient reverdis. Le Mois de Mars, sut changé en Mai. Le Soleil du Printems s'etoit levé avec un nouvel éclat, & avoit répandu ùne rosée d'argent sur la surface du Bassin. On entendoit le chant mélodieux de mille rossignols. Tout le sommet de la Colline répresentoit un Tapis de fleurs printannieres, fraichement éclôses avant la saison. Je vis la Nimphe du Vivier s'élever des bouillons des eaux. Sa Cour, qui l'entouroit, célebroit ce jour par des accens de joye, & par des chants, qui ne retentissoient que des noms de Charles, & de Caroline. Alors la Nimphe elle même, inspirée par un Génie plus élevé, entonna un Hymne. Je l'ai écouté attentivement, & quoique son chant fut trop sublime pour moi, j'en ai mis par écrit la plus grande partie, le | |
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mieux qu'il m'a étê possible. Qu'on pardonne à un enfant, si en quelques endroits, il n'a pas bien exprimé le sens, & la force des termes. Qui peut compter les célestes flambeaux de la voute azurée? Qu'il compte les vertus, dont cet Auguste Couple est orné. Le Prince Troïen, s'il avoit vu la belle Caroline, sur le sommet d'Ida, en dépit des charmes de Venus, lui auroit donné la Pomme. Et Venus même (dont le gout est si délicat en fait de vraïe beauté) auroit choisi le Prince Charles, préferablement à Adonis. Non, la Princesse est trop profondément gravée dans son coeur. Il n'auroit point donné sa Caroline, pour une Déesse. Voilà la fidélité récompensée. Vous, ó la fleur & la couronne de nos jeunes beautés (Oui, Princesse, ce nom vous est dû, sans flatterie), Vous couronnés le tendre amour de votre Epoux, par le retour de la tendresse la plus pure. Trop tót privée de votre Roïale Mere (dont l'exemple glorieux, dont la sage conduite, dont les tendres soins, ont formé votre jeunesse à la plus parfaite vertu), Vous choisissés dans votre | |
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Charles un ami, & un Guide fidelle. Et quoique ce souvenir émeuve votre caeur, a sbénediction repose sur vous, & vous avés accompli vaeux. Le sage & Rotal Nestor d'Albion, rajeunit de joye, en voïant Weilburg & Orange, deux précieuses branches de la même tige Impériale, jointes ensemble par un lien indissoluble. Et vous, respectable Princesse, qui, par tant de coups redoubles, avez été éprouvée, pendant la longue carriere de vótre vie, & qui avec une patience resignée, & une ferme espérance, avez fléchi votre volonté, sous la volonté du Ciel, mais qui avez aussi chaque fois ressenti, que la Divinité verse du baume dans les plaïes, & ne fait jamais des miracles infructueux, cette joïe ranime votre tendre coeur maternel. Vous voïez déja le Ciel s'ouvrir pour vous, & vous répandez vos bénédictions sur vos illustres Rejettons. Quï vois-je? Le chef de nos Armées? Non, c'est Pallas sous ses traits. Quel est ce jeune Héros, qu'on voit paroitre | |
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avec lui dans la fale du sestin. C'est nôtre Prince chéri, dont aussi nous celebrerons dans peu le jour de naissanee. C'est Guillaume, la joïe & l'espoir des Bataves, dont les vertus sans nombre ornent déja l'Auguste jeunesse, dans son premier printems. La Patrie peut - elle jamais Vous donner assez d'éloges, illustre Louis, qui, chéri de tout le monde, montrerez le mieux par Votre propre exemple, au jeune Stadhouder, par quelle voye un Prince gagne l'amour des Citoyens, & comment la vertu se fait estimer de l'envie même. Ainsi Vos nobles & fidelles soins seront couronnés par la Glorie du Prince! Quels fruits l'Etat n'a t'il pas droit d'attendre d'un tel Arbre, qui cultivé par Vos mains, montre déja de telles fleurs! Croissez, Arbre, déja si riche en fleurs, & que votre feuillage couvre doucement sept contrées de son ombre. Déja la nuit descend, cette nuit beureuse, si longtems desirée, si longtems attendue avec impatience. Quel jour le plus brillant, quel éclat de l'aurore, est comparable à la beauté de cette nuit? Aprochez, Prince chéri, venez recevoir de la main du Ciel, vôtre incomparable Caroline, ce gage inestimable. Contemplex avec transport la modeste pudeur, & le | |
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chaste amour répandre des roses sur ses jouês, qui effaçent la blancheur de la neige. Cytherée séme la couche nuptiale de palmes & de fleurs; Elle méme vous conduit ensemble au Lit somtueux, d'ou l'Etat attend une nombreuse Posterité, qui ne démentira jamais le sang de Nassau & d'Orange. Cessez, Trompettes guerrieres, cessez! Ne troublez pas l'Allegresse de l'beureux Couple, qui jouït à présent des doux fruits d'un fidelle amour. Que vos sons meurtriers n'aprochent jamais de l'enclos du Lion Belgique, qui au milieu du feu, verdit, & fleurit encore, sous le sage gouvernement des Peres de la Patrie. O! Divinité bienfaisante, fais lever pour nous, ce beau jour, ce jour tant soubaité, ou nons puissions voir l'epée meurtriere enchainée dans son fourreau! Oui! puisse cet Hymen fortuné être le présage de la Paix! Le Jeune Mauricius écrivit ceci d'une main enfantine. Son Pere lui donna le ton. | |
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Envoi.
D'Un rivage plus froid, que l'âpre Laponie,
Ou l'Elbe sous la glace est presque ensevelie,Ga naar voetnoot*
Le Flambeau de l'amour mes voiles conduisant,
Je viens vous rendre hommage, o Princesse accomplie,
A vous aussi, Prince charmant,
Qu'une si belle chaine lie.
Cet Hymen, aprouvé des Dieux,
Vous unit par d'aimables noeuds.
Bergers, reprenés vos Musettes.
Tout remplit vos voeux,
Dans ces beaux lieux
Bergers, reprenés vos Musettes:
Chantés les plaisirs amoureux.
Celebrés, celebrés la plus belle des Fêtes.
Hebé, la belle Hebé, rend son Amant heureux.
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