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Sommaire
Dans cette étude l'habillement n'est pas spécialement regardé comme une nécessité universelle et matérielle pour l'homme, mais surtout comme un besoin universel et socioculturel bien que l'habillement puisse protéger l'homme contre le froid et la pluie. Ce n'est pas sa seule fonction et encore moins la plus importante. C'est par contre l'équilibre entre l'homme et son environnement au sens large.
Entre les demandes culturelles et ses impulsions naturelles l'homme se sert de l'apparence pour régulariser sa sexualité: la façon de s'habiller dénote une forme d'érotisme, une moralité et une notion de féminité ou de masculinité. L'esthétique du vêtement est aussi importante: le corps naturel n'étant jamais assez beau, on le modèle en fonction de l'idéal de beauté qui soit en vigueur dans l'environnement culturel. L'habillement montre aussi la tension qui existe entre l'individu et la société: l'habillement renvoie aux espoirs caressés par la société à l'égard de l'individu. Le vêtement est la carte de visite immédiate de l'individu, il peut exprimer ainsi sa personnalité ou sa solidarité avec les autres. Le vêtement indique la position sociale de l'individu, il peut montrer son état, sa profession, sa fonction, ses origines, son lieu de naissance, sa conviction religieuse, son état civil, son sexe et son âge.
Dans cette étude nous posons la question des changements, qui ont apparu aux Pays-Bas dans la façon de s'habiller entre 1813 et 1920. Nous ne parlons pas seulement des changements de mode concernant l'élite de cette société, mais aussi des changements dans les vêtements de travail, ou encore les costumes régionaux. Il ne s'agit pas d'analyser les changements dans l'habillement en soi -nous n'avons pas écrit une étude historique des costumes-, mais par rapport aux réactions des individus quand l'environnement matériel et socioculturel est modifié. A partir de 1850 et jusqu'en 1920 se déroule aux Pays-Bas un processus de transformation sociale, connu sous le nom de ‘processus de modernisation’. Ce phénomène forme le cadre des changements du comportement de l'habillement. Des théories de modernisation historiques et sociologiques forment aussi une partie importante des outils analytiques.
L'analyse est fait d'une double optique: une synchronique et une diachronique. L'analyse synchronique focalise les développements dans le comportement de l'habillement à moyen terme. Cette période de recherche a été divisée dans ce but en trois parties, l'une séparée de l'autre par des années qui servent comme points de marquage, et qui présentent à chaque fois une nouvelle phase du processus de modernisation: 1813-1850, 1850-1880 et 1880-1920 (chapitre 3-5). Dans chaque partie est analysée d'une manière analogique l'influence sur le comportement de l'habillement de l'organisation de la vie quotidienne (situation de vie, situation de travail,
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loisir, enseignement) et nous voyons aussi la production et la distribution de l'habillement, ainsi que l'ordre social et les valeurs et normes en vigueur à l'égard du comportement de l'habillement (la mentalité, la définition des normes esthétiques, la ‘scène’). Nous esquissons aussi l'influence de ces quatre aspects dans leur interaction réciproque, qui construit la possibilité du choix de l'individu de sa façon de s'habiller. Le rangement social est ici pris comme un critère de sélection pour des influences venant d'autres directions. Le choix de l'individu est limité en fonction de son domicile, il sera different s'il habite dans les villes ou dans les campagnes, il dépendra aussi de sa position sociale, de son sexe et de sa catégorie d'âge.
Entre 1813 et 1850 les Pays-Bas se trouvent encore dans une mode de vie ‘traditionelle’, déterminée par le secteur agraire dominant, une économie à petite échelle dans tous les secteurs, l'isolement des petites communautés de campagne, un rangement social rigide et des normes et des valeurs qui ont des racines religieuses. L'habillement est un produit artisanal, les tailleurs et les couturières travaillent sur commande et donc sur mesure. La production et la distribution ne sont pas séparées. Beaucoup de vêtements sont cousus dans les ménages par les femmes.
Les normes et les valeurs de la société déterminent, que la position sociale de l'individu soit visible dans ses vêtements. Les vêtements ne doivent pas être trop luxueux, en particulier dans les couches inférieures de la société, mais aussi chez l'élite. Les vêtements expriment le rang social, les différentes professions, le sexe, le lieu d'origine, l'état civil et l'âge. Les costumes régionaux tiennent compte de tous ces critères: ils sont par excellence le reflet d'une communauté à petite échelle, suffisamment homogène pour que l'individualité soit subordonnée à la collectivité. On trouve le même aspect dans les vêtements de travail des artisans des villes.
Les normes et les valeurs de l'élite ne sont pas en rapport avec celles des bas-fonds de la société dans les villes ou dans les campagnes: les standards esthétiques par exemple diffèrent. L'élite urbaine -mais parfois aussi l'élite rurale- se conforme dans sa façon de s'habiller aux modes de Paris, de Londres et de Vienne, avec un retard de quelques années. L'élite se distingue des couches inférieures de la société par une consommation démonstrative: elle montre exagérément son bien-être dans son style de vie, entre autre dans ses vêtements à la mode et son apparence prétentieuse, ou alors elle se présente dans un costume régional très somptueux. L'élite se distingue encore en d'autres aspects des classes inférieures: elle porte du linge très propre, des gants et des vêtements entravant la liberté des mouvements pour démontrer qu'elle soit dispensée du travail physique. Les femmes en sont la plus grande preuve. On trouve parmi les hommes de l'élite les normes ‘modernes’ comme l'individualité et la rationalité. C'est à cette époque que commence la polarisation entre la ‘masculinité’ et la ‘féminité’: se faire belle est considéré comme ‘féminin’ tandis que montrer sa personnalité ou sa rationalité est essentiellement
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‘masculin’. Les vêtements féminins ne montrent pas encore ces caractères modernes.
Entre 1850 et 1880 les aspects d'une mode de vie ‘moderne’ se montrent de plus en plus, bien que la mode de vie ‘traditionelle’ continue à dominer.
Des nouvelles voies, des moyens de transport comme le train et le bateau à vapeur et une orientation se développant vers une économie à plus grande échelle diminuent l'isolement et le fort attachement à la propre communauté: le costume régional disparaît progressivement. Cela commence parmi l'élite de village, suivi (plus tard) par les commerçants et quelquefois par ces agriculteurs, qui suivent le processus de modernisation. Les hommes se détournent plus vite des costumes régionaux que les femmes, étant plus en contact avec le monde extérieur.
La tendance vers la grande échelle se dessine dans la production de vêtements: dans les grandes villes et parfois dans les campagnes la production artisanale est remplacée partiellement par un système de manufacture, dans lequel on emploie des travailleurs à domicile, sous les ordres d'un atelier, qui répart le travail. Dans le système de manufacture on trouve la division de travail, on y produit des vêtements en tailles standardisées -à livrer de stock- et les premières machines à coudre commencent à apparaître dans le procédé de production: la confection est née. Les acheteurs de cette confection sont recrutés d'un nouveau groupe qui se montre sur la scène sociale plus particulièrement des grandes villes: les cols blancs, travaillant dans le secteur tertiaire, qui se développe en même temps qu'une économie à plus grande échelle.
Les changements socioculturelles apparaissent principalement chez l'élite et à la ville: on commence à accrocher au processus de modernisation. Par réaction à ce processus, beaucoup se réfugient dans la tradition, principalement dans les campagnes, et l'abîme se creuse entre la mentalité et la culture de la ville et de la campagne. La vieille élite (la bourgeoisie patricienne) se trouve confrontée aux ‘homines novi’ (les entrepreneurs nouveau style, les aristocrates de l'argent). Comme la consommation démonstrative ne suffit plus à différencier la vieille élite des nouveaux riches souvent plus fortunés, la vieille élite saisit l'arme du bon goût (le capital culturel) afin de se distinguer de ces nouveaux riches. L'émancipation de certains groupes de l'église protestante (les futures ‘gereformeerden’) et des catholiques cause un processus de purification. Ce processus, en combinaison avec la polarisation de la masculinité et de la féminité, provoque chez les femmes de l'élite une restriction de l'érotisme dans son apparence. Il en résulte aussi que les costumes régionaux s'assombrissent, eux, qui étaient avant si colorés. Il est frappant de constater que l'élite commence à s'occuper de l'hygiène personelle du corps et de la santé publique. On se rend compte qu'une bonne hygiène, maintenue par l'élite aussi bien que par le peuple, peut agir préventivement contre les épidémies. La combinaison de l'angoisse d'une révolution
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sociale et de la peur des maladies contagieuses porte l'élite à déchaîner une offensive de civilisation dans les bas-fonds de la société. On veut transformer l'ouvrier en petit bourgeois, convenable et propre, en lui donnant un niveau de vie raisonnable. Il a ainsi des raisons pour soutenir l'ordre établi au lieu d'essayer de le renverser.
Entre 1880 et 1920 le processus de modernisation aux Pays-Bas prend un grand essor: la mode de vie ‘moderne’ remplace petit à petit la mode de vie ‘traditionelle’. Dans l'industrie du vêtement la confection se substitue de plus en plus au tailleur sur mesure. Le système de manufacture est remplacé en grande partie par une production d'usine. La distribution s'intensifie, des magasins à succursales multiples se forment, des nouvelles méthodes de vente entrent en fonction, tel que la publicité, les prix fixes etc. La production et la distribution du vêtement se séparent: les vêtements sont fabriqués pour les vendre ailleurs (confection en gros).
Le marché de la confection grandit. Non seulement le groupe des cols blancs s'accroît, mais aussi le nombre des ouvriers qui peuvent se permettre des dépenses modérés pour s'habiller. Par suite de l'offensive de la civilisation de l'élite et par des efforts des syndicats le salaire des ouvriers augmente. Le costume régional tend à disparaître de plus en plus et la population rurale commence aussi à porter des vêtements confectionnés. Par contre l'élite méprise la confection: parce qu'elle considère ces vêtements comme des produits mal coupés et de mauvaise qualité, elle préfère encore les vêtements sur mesure. Vers 1920 la confection s'améliore, et l'élite commence à acheter des vêtements confectionnés de qualité supérieure, bien sûr seulement dans des magasins renommés et chics, cherchant toujours à se distinguer du ‘vulgaire’.
La confection de masse, étant capable maintenant de copier les vêtements à la mode de l'élite, nivelle l'apparence. Il n'est plus possible de reconnaître le rang des individus, aussi les indications de lieu d'origine et l'état civil disparaissent. La bipolarisation de la ‘feminité’ et de la ‘masculinité’ est rompue dans une seule direction par la première vague féministe: certains éléments des vêtements pour hommes passent dans la garde-robe des femmes. A cause de son rôle social plus actif la femme va porter des vêtements moins entravants. On ne peut plus distinguer l'âge par l'apparence: la jeunesse devient l'idéal à laquelle le physique doit être adapté.
On cherche à montrer de plus en plus son individualité par sa façon de s'habiller, au fur et à mesure que le processus de l'individualisation (une partie du processus de modernisation) se développe. Le nouveau standard de l'hygiène a été établi chez la bourgeoisie, et est transféré comme une partie du processus de civilisation à la classe ouvrière, et plus tard à la population rurale. L'abîme entre la ville et la campagne, qui a été approfondi au cours du dix-neuvième siècle, se diminue dans ce sens que la mode de vie urbaine soit acceptée de plus en plus à la campagne.
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Dans l'analyse diachronique nous avons esquissé les développements à longue terme, occupant toute la période de recherche. Dans ce tome l'attention est donnée à la structure sous-jacente du changement du comportement de l'habillement et du soin de l'apparence (chapitre 6) et aussi aux glissements qui apparaissent dans l'importance rélative des différents aspects de fonction de vêtements pour l'individu et la société (chapitre 7).
Premièrement l'ascension de l'industrie de confection appartient à la structure sous-jacente: celle-ci offre un grand choix de vêtements aux prix raisonnables, accessible à toutes les bourses, cequi permet à chacun de posséder plusieurs vêtements. L'homme ne se présente plus comme le représentant d'une certaine communauté sociale, mais comme un individu à part entière.
Un autre facteur structurel est formé par les changements dans l'organisation de la vie quotidienne. On n'habite plus sur le lieu de son travail: les vêtements que l'on porte au travail (ambiance publique) deviennent différents de ceux que l'on met chez soi (ambiance privée). Dans les maisons le confort augmente -le chauffage s'améliore- et les vêtements deviennent plus légers. Les nouveaux moyens de transport (train, tramway, bicyclette, voiture) obligent ses usagers à porter des vêtements moins volumineux et plus pratiques. L'augmentation du temps libre et l'extension des loisirs offrent un nouveau théâtre pour se montrer à la mode et un nouveau cadre de référence pour le comportement d'habillement individuel (sport, théâtre, cinéma). Le sport joue un rôle important: participer à des activités sportives demande des vêtements pratiques, donnant assez de liberté de mouvement. La popularité du sport amène de plus en plus une nouvelle image esthétique, correspondant à la beauté d'un corps athlétique et sain.
La lutte entre les opposants et les partisans de la modernisation, entre les ‘trendsetters’ (locomotives) et les conservateurs, amène un troisième facteur. L'élite fonctionne souvent comme une locomotive, cherchant sans cesse des moyens pour se distinguer des autres qui, à leur tour, essaient de la copier, principalement ces groupes qui montent l'échelle sociale. Cette spirale de distinction et d'imitation crée des changements rapides de la mode en périodes de grande mobilité sociale (par exemple entre 1880 et 1920 aux Pays-Bas). En toute période, la jeunesse, comme nouvelle-venue dans l'ordre social et à cause de son ambition de se conquérir une place au soleil, est la première à réaliser des changements dans la façon de s'habiller et dans son apparence. Cette influence se renforce encore plus au début du vingtième siècle: la jeunesse devient l'idéal, avoir l'air jeune devient une norme à laquelle on juge l'apparence. Les couturiers dessinent les tendances de la mode et imposent leurs idées au public, grâce au circuit de la mode (l'offre des magasins, la présentation des nouvelles modes, la publicité). Le public peut avoir quand-même le dernier mot: la haute nouveauté n'est pas toujours bien accueillie, quand elle n'est pas conforme au goût de la masse.
Les opposants de la modernisation se trouvent principalement parmi
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les groupes religieux les plus stricts. Ils réfusent les vêtements à la mode, expression du processus de modernisation, en légalisant leur condamnation par des références aux normes et valeurs traditionelles. Principalement le nivellement des différences entre les classes et l'impudeur des vêtements féminins sont attaqués avec vigueur. Ces deux aspects sont le reflet de l'ébranlement de la société de classe, voulue par dieu. Ca touche la vie familiale, dont la femme est la mère, l'épouse et le pivot du ménage, et aussi la division des rôles et les différences de pouvoir entre les femmes et les hommes dans l'ordre social. Par opposition quelques groupes de la population réagissent par un développement de traditionalisme aux changements dans la société: ils accentuent leurs traditions et leur propre identité, rejetant les tendances modernisantes.
La deuxième voie de l'analyse à longue terme concerne les glissements apparus dans l'importance relative des aspects différents de fonction d'habillement et du soin de l'apparence. La possibilité de distinguer à l'aide des vétements la position sociale -le rang, le lieu d'origine, l'âge et l'état civil- du porteur diminue. Malgré cela le vêtement permet parfois de reconnaître la profession (un militaire, un garçon de café). Dans la société moderne à grande échelle le vêtement devient de plus en plus une carte de visite: quand les hommes ne se connaissent plus personnellement, il est pratique de reconnaître certains signes à l'apparence de quelque'un pour savoir à qui on a à faire. Le vêtement est une façade qui ne renvoie plus à la fonction et au rôle social, mais à l'identification de l'individu à la vie moderne, à un groupe social ou une idéologie. Le vêtement garde son fonction comme symbole de prestige. Ces symboles varient en ce qui concernent la classe sociale, la région, le sexe et l'âge. Malgré le nivellement, à première vue, dans l'apparence des rangs/classes différents, il reste quand-même une distinction subtile dans la coupe, le finissage et un choix avec goût.
En fonction du sexe, le comportement de l'habillement et le soin de l'apparence changent imperceptiblement. Au début du dix-neuvième siècle toutes les catégories sociales connaissent un habillement spécifique au sexe. Chez l'élite, une polarisation de ‘feminité’ et ‘masculinité’ apparaît, qui doit légitimer ainsi les rélations sociales existantes entre les sexes. La femme est au foyer, l'homme travaille hors de chez lui. Il est le chef de famille, elle est le coeur. La vie publique appartient à l'homme, la vie privée à la femme. Craignant la sexualité de la femme, son physique doit être bridé. Au début du vingtième siècle la femme se soustraît de se rôle: elle commence à porter des vêtements masculins, à faire du sport, à étudier et à travailler. Elle s'exprime par une apparence plus libérée et plus érotique.
Dans des événements spéciaux, se passent aussi des glissements dans l'habillement. Dans la vie traditionelle il est d'usage d'exprimer les phases de l'âge dans l'apparence par différentes sortes de vêtements correspondantes à certains rites de passage, comme le baptême, la
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correspondantes à certains rites de passage, comme le baptême, la communion, la confirmation, le mariage et les funérailles. En outre, le jour du seigneur, on ‘s'endimanche’. Quand la vie urbaine commence à dominer, ces rites ne sont plus ancrés dans la religion et dans des des communautés homogènes et fermées. Les rites se perdent, ainsi que l'habillement correspondant.
Exprimer sa propre identité dans l'habillement et dans l'apparence est une fonction qui gagne beaucoup d'importance avec l'individualisation qui progresse. On trouve cet aspect dans l'habillement des hommes d'élite au début du dix-neuvième siècle, chez les dames vers 1900, et autour de 1920 cela commence à toucher les couches inférieures de la société. Puisque le vêtement correspond moins à la position sociale, on cherche d'autre point d'appui dans la vie sociale, particulièrement dans les grandes villes, où la foule est anonyme. Il faut montrer de la personnalité dans un monde où la position sociale de l'individu n'est plus fixée à la naissance, mais peut être influencée par ses propres efforts. Le processus de modernisation efface l'ancienne identité -comme un membre d'une communauté fermée, d'une certaine religion, d'un certain rang. Il n'est pas du tout facile de trouver cette propre identité ou de la propager: beaucoup sont confrontés à une crise d'identité. Pour résoudre ce problème ils choississent une identité dérivée: on cherche un appui en suivant la mode ou s'en identifiant par l'apparence de certains groupes, de personnes ou d'idéologies.
Chaque époque a sa propre image idéale et esthétique. C'est aussi vrai pour des différents groupes sociaux. Le goût n'est pas hériditaire, mais appris. Ainsi le goût est une catégorie sociale, bien qu'il contienne aussi un composant personel. Il y a autant de standards esthétiques que des groupes sociaux dans une société, se caractérisant par une propre (sub)culture. Chacun d'eux méprisera l'autre qu'il considera comme laid. L'ancien standard sera méprisé de la même façon: celui-ci une fois abandonné par ce groupe, on ne le trouve plus beau (dans les vieilles images ou chez autres).
Finalement (chapitre 8) nous étudions l'apparition et l'évolution des changements de style. Les vêtements et le soin de l'apparence remplissent une fonction médiatrice entre l'homme et son environnement: les transformations de l'environnement influencent la façon de s'habiller, parce que l'ancienne ne correspond plus aux nouvelles circonstances. Nous repoussons les théories qui affirment que les changements de style sont sujet à un cycle régulier, remettant en valeur la mode passée présentée comme nouvelle. Il est plus adéquat de proposer un modèle de spirale irrégulière, qui tient compte du développement historique: il est vrai que l'on se base souvent sur des vieux styles, mais ce-ci sont interprétés à nouveau, et traduits selon les normes de sa propre période. D'autre part le modèle de la spirale exprime que, jusqu'à un certain point, la succession des images de style est prévisible. Enfin cette visualisation donne la possibilité de tenir compte de l'influence des facteurs environnants comme
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calmes les enroulements de la spirale sont réguliers et très proches l'un de l'autre, pendant des périodes mouvementées les enroulements sont irréguliers et la spirale s'étire.
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