Het naembouck van 1562
(1945)–Joos Lambrecht– Auteursrecht onbekendTweede druk van het Nederlands-Frans woordenboek
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RésuméLe Naembouck, imprimé par Henri Van den Keere à Gand en 1562, est la seconde édition du dictionnaire flamand-français de Joos Lambrecht, dont on n'a pas retrouvé d'exemplaire jusqu'à présent. Cette seconde édition porte comme titre français ‘Vocabulaire des naturelz, & non forains mots flamengs, mis en ordre par a, b, c, avec le françois, pour l'aduancement de la jeunesse es deux langages: de nouveau corrigé & grandement augmenté’. On ne connaît plus du Naembouck qu'un seul exemplaire, conservé au Musée Plantin-Moretus à Anvers. Nous en donnons la description au chapitre I. A la bibliothèque de l'Université de Gand se trouve un autre ‘Dictionnaire Flamen-François’ de Henry Du Tour, imprimé à Gand par Jean de Salenson. Une comparaison des deux ouvrages nous a permis d'établir que ce dernier dictionnaire est le même ouvrage que le premier, sauf pour les deux premières feuilles qui sont recomposées dans un caractère différent et dont on a supprimé quelques mots pour pouvoir établir la liaison avec le feuillet B. Le soi-disant Dictionnaire de Du Tour n'est donc qu'une édition camouflée du Naembouck. Du Tour est d'ailleurs le nom francisé de Van den Keere, ‘maître de français’ à Gand. Il n'est sans doute pas resté étranger à la publication, mais dans l'introduction il dit expressément que plusieurs ‘esprits studieux’ y ont collaboré. L'exemplaire du Musée Plantin-Moretus présente cette particularité qu'il est annoté du commencement à la fin. L'étude de ces notes, ainsi que l'écriture, prouvent que l'annotateur n'est autre que Cornelis Kilianus (Kiliaan), le correcteur bien connu de Plantin et l'auteur d'un dictionnaire flamand-latin qui a été édité trois fois (en 1574, 1588, 1599) et dont la troisième édition est connue sous le titre de Etymologicum linguae teutonicae (Anvers, J. Moretus, 1599). Van den Keere dit dans son introduction du Naembouck que la première édition, celle de J. Lambrecht, était épuisée depuis plusieurs années. Nous avons essayé de déterminer la date de cette édition | |
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(chap. II) et concluons que, selon toute probabilité, elle a dû paraître entre 1550 et 1553, entre l'année de la publication de la Nederlandsche Spellijnghe (1550), l'‘Orthographe néerlandaise’, et celle où le père de Henri Van den Keere acheta l'imprimerie de J. Lambrecht. L'orthographe néerlandaise qu'ont appliquée les auteurs du Naembouck a manifestement subi l'influence de la Nederlandsche Spellijnghe (chap. III). La comparaison des nombreuses annotations de l'exemplaire du Naembouck avec les deux dernières éditions du dictionnaire de Kiliaan établit que Kiliaan s'en est déjà servi pour la seconde édition, celle de 1588, en apportant pourtant certaines modifications à l'orthographe et à la forme de certains mots, ainsi qu'à certaines localisations régionales. Cette dernière constatation permet de conclure que, dans son Etymologicum, Kiliaan entend par la localisation fland. les deux Flandres. D'autre part il appert que Kiliaan a puisé dans d'autres sources que le Naembouck pour faire ses annotations. Celles-ci sont marquées de toute une série de signes conventionnels, dont il ne nous a pas été possible de retrouver la portée exacte. Il est toutefois probable que la plupart d'entre eux renvoient à l'un ou l'autre dictionnaire ou glossaire que Kiliaan a confronté avec le Naembouck (chap. IV). Pour composer le Naembouck, les auteurs se sont servis certainement de trois autres glossaires ou dictionnaires antérieurs, du glossaire annexé au Vocabulaire flamand-français de Noël de Berlaimont, pour lequel nous renvoyons au tome III de notre édition des Colloquia, du Dictionariolum rerum maximè vulgarium du Tournaisien Paludanus (Demarets), glossaire latin-français-flamand de 1544, et du Dictionarium Germanico-latinum de l'humaniste A. Schorus, dictionnaire flamand-latin dont nous avons retracé l'histoire dans notre étude sur Petrus Dasypodius et Antonius Schorus, contribution à l'histoire de l'humanisme. Moins certaine est l'influence du ‘Livre des Métiers’ et du Vocabulaire pour aprendre romain et ‘flameng’ (Chap. V). A son tour le Naembouck a servi de source au Thesaurus teutonicae linguae, dictionnaire flamand-français-latin imprimé par Plantin en 1572 (Chap. VI) et au dictionnaire de Kiliaan (Chap. VII). Les deux ont largement puisé dans le Naembouck, mais, comme nous le disions plus haut pour Kiliaan, en y apportant des modifications d'orthographe ou de forme. Kiliaan en particulier a | |
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adapté beaucoup de vocables, empruntés au Naembouck, à son orthographe systématisée et à ses conceptions étymologiques. De ce fait il supprime nombre de particularités régionales et comme il a sans doute agi de même pour les vocables régionaux provenant d'autres sources, on ne pourra donc se servir de ces mots qu'avec circonspection. Kiliaan fait suivre beaucoup d'emprunts du Naembouck de fland. Quel sens faut-il attribuer à ce terme? La question est controversée. Jusqu'à présent on lisait flandricum et, suivi ou précédé de vetus, on interprète, en supprimant le point qui sépare presque toujours les deux mots, flandricum vetus ou vetus flandricum qu'on traduit par ‘flamand archaïque’. Dans les Colloquia (T. I, p. LXXXVI) nous avions fait quelques objections à cette dernière interprétation. Un nouvel examen de la question montre que Kiliaan, pour parler de ces localisations, se sert parfois de la formule complète Flandris, Brabantis, apud Flandros, Hollandis, etc., c.-à-d. ‘employé par les Flamands, les Brabançons, les Hollandais’. Nous en déduisons que l'abréviation fland. doit être lue non ‘flandricum’, mais Flandris et que dès lors ce terme ne peut être lié à vetus ou inversément. Une seule fois Kiliaan se sert de l'adverbe flandricè, wallicè, ‘flamand’, ‘wallon’, et ce terme corrobore la conclusion précédente. Vetus dès lors ne peut plus avoir que la signification de ‘ancien’ et fland. vetus se traduira simplement par ‘flamand (et) ancien’. Quant aux raisons qui ont décidé Kiliaan à considérer tel vocable comme ‘flamand’ ou ‘ancien’, sans doute faut-il les attribuer au caractère de ses sources ou à une opinion personelle, puisqu'il est acquis que beaucoup de ces mots ne sont ni exclusivement flamands ni archaïques. L'indication fland. ne concerne d'ailleurs souvent que la forme du mot, non le mot lui-même. Sur les 1400 vocables (voir la liste complète Chapitre VIII, pp. LV et s.) qu'il considère comme ‘flamands’, un peu plus de la moitié se retrouvent dans le Naembouck. Rarement il y ajoute vetus, mais ce vetus est assez fréquent pour l'autre moitié, dont on ne connaît pas les sources. Rien n'autorise à croire que Kiliaan ait compulsé d'anciennes chartes; il est prouvé, au contraire, que certains mots sont extraits d'ouvrages d'histoire. Krick-houder p. ex., signalé comme fland. brug. francon. (c.-à-d. du Franc de Bruges) est tiré de Jac. Marchantius, Flandria Commentariorum lib. IIII Descripta (Anvers, Vve Plantin et J. Moretus, 1596); du même livre | |
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il tient vier-schaere (sans localisation) et la localisation à Ypres de voght dans le sens de ‘consul’, bourgmestre. Contrairement à ce que pensait Kluyver, l'auteur de la première étude critique sur le travail de Kiliaan, nous estimons que la recherche des sources de Kiliaan est non seulement utile et fructueuse, mais nécessaire, si on ne veut s'exposer à commettre des erreurs dans le domaine de la dialectologie ou de la géographie linguistique. Le Naembouck complètera heureusement et à plusieurs points de vue nos connaissances de la lexicographie néerlandaise, comme le prouve la comparaison avec le dictionnaire moyen-néerlandais de Verwijs et Verdam et le dictionnaire néerlandais de De Vries et Te Winkel (voir Chap. VIII, pp. CIV et s.). Le Naembouck n'est pas parfait, il porte encore la trace des anciens Vocabularia Rerum, mais se caractérise d'autre part par un traitement systématique de la matière, l'emploi de synonymes, de dictons, d'exemples et l'insertion de proverbes, surtout français, dont nous avons dressé la liste (pp. C-CIV). Nous n'avons pas étudié les sources françaises du Naembouck. BrunotGa naar voetnoot(1) place à la tête de sa liste de dictionnaires français-néerlandais le dictionnaire de Luython. En effet celui-ci a été publié en 1552 et 1554, mais la première édition du Naembouck dont la deuxième a certainement conservé pas mal d'éléments, est au moins aussi ancienne, si pas antérieure (nous la datons de 1550 à 1553). Il y a encore le Paludanus de 1542 qui contient également du français et, comme le Paludanus, Luython est un Vocabularium RerumGa naar voetnoot(2). Comme mon collègue Delbouille me le faisait remarquer, il serait intéressant, pour le français comme pour le néerlandais, d'établir les rapports de tous ces ouvrages entre eux et avec les lexiques français contemporains ou antérieurs, mais c'est là un travail qui dépasse les limites de notre publication et que nous préférons confier aux romanistes. Nous nous sommes contenté (Chap. X) de faire quelques sondages, d'où il résulte: 1) que le français du Naembouck s'adapte au français du XVIe siècle; 2) qu'on y rencontre des mots anciens ou rares que ne donnent ni Godefroy ni Huguet (pp. CXII et s.); 3) qu'on y trouve un substrat rouchi assez important (p. CXVI). Cette dernière constatation est intéressante, parce que nous avons remarqué la même | |
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chose pour le Vocabulaire de Noël de Berlaimont. Il est donc plus que probable, pour ne pas dire certain, que l'origine de la lexicographie franco-néerlandaise doit être cherchée dans la partie nordouest de l'ancien comité du Hainaut et l'ancien comté de Flandre dont sont d'ailleurs originaires quelques maîtres de français, établis en pays flamand au XVIe siècle. Nous n'avons pas eu l'occasion de comparer le Naembouck (1562) à Cotgrave (1611), mais, comme il précède ce dernier d'un demi-siècle, on peut admettre que la lexicologie française y trouvera des données précieuses. Au chapitre XI nous attirons l'attention sur un article de K. Heeroma dont nous admettons certaines conclusions parallèles aux nôtres, mais basées sur des données plus restreintes. Nous ne le suivons pas lorsqu'il prétend que la partie néerlandaise est du flamand de la Flandre orientale et du gantois. Ensuite nous faisons quelques réserves au sujet d'un article de Jacobs sur la signification de ‘vetus’ et de ‘vetus flandricum’ chez Kiliaan. Les mots étudiés dans l'introduction sont relevés dans l'Index. Nous avons reproduit fidèlement le texte du Naembouck, sauf un certain nombre de corrections et de redressements dans l'ordre alphabétique, signalés dans les Aantekeningen (Annotations). On n'a changé l'ordre alphabétique que là où le mot aurait pu échapper au lecteur. Cet ordre n'est d'ailleurs pas parfait, les mots étant souvent groupés par famille et de manière différente. On a respecté ce ‘désordre’ qui ne présente guère d'inconvénient pour la consultation. Au bas de la page nous avons reproduit les notes manuscrites de l'exemplaire du Musée Plantin-Moretus, comparées à la deuxième (K2) et à la troisième édition (K3) du dictionnaire de Kiliaan: entre () ce qui est propre à K2, entre [] ce qui est propre à K3. Un point entre () signale une lettre illisible, un? une leçon incertaine. Dans cette partie les lettres u, i, j, sont remplacées par leurs correspondants modernes v, j, i. On a conservé l'abréviation .j. pour id est; des traductions de Kiliaan non reproduites sont remplacées par des ... La flèche devant les proverbes remplace une main. Après le dictionnaire nous avons imprimé les mots néerlandais qui ne figurent pas dans l'ordre alphabétique, mais à côté de certains mots comme synonymes ou à titre d'explication. |
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