amis comme vous, personne n'a eu des nouvelles de moi; (quelle apologie!) à Multatuli seulement j'ai écrit quelques fois, mais il est si malheureux lui, qu'il ne compte pas! Ah, oui, en parlant de M. il a lu ‘Le Carnet d'un ténor’ et en était enchanté: ‘C'est pensé en artiste’, m'écrit-il, ‘pourquoi Mr Roger ne continue-t-il pas un ouvrage aussi intéressant?’ Moi aussi, je dis ‘encore!’ et puis je regarde le ciel et je me dis: ‘Les jours s'alongent, après les leçons les écrits!’ Sera-ce ainsi? Alors nous devons attendre l'hiver pour les lire. Ici je ne lis pas du tout, je n'écris pas, je ne couds pas, enfin, je ne fais rien; et pourtant je me sens fatiguée à dormir debout! Quel pays que l'Italie! - Les premiers temps je trouvais tout mauvais ici, tout laid, et sombre, et sale! Ces rues étroites sans trottoirs, ces maisons couleur poussière, ces escaliers sans fin, ce peuple gris aux yeux sinistres, ces petits chevaux boiteux, qui ont l'air de danser de misère; ces mendiants aveugles, escorte habituel du beau monde, etc. etc. tout cela me fit regretter Paris, et me fit penser sèrieusement à retourner sur mes pas, après un séjour de trois semaines en Italie! C'eut été honteux pourtant ne pas savoir vivre en Italie! J'étais déja à Rome, et encore je trouvais l'Italie pauvre et laide! Quelle végétation enfantine, comparée à celle des Indes ou de l'Amérique! Et puis quelle misérable manière de vivre! Turin par exemple, est batie comme une ville Orientale, avec des galeries, des arcades, des escaliers et des dalles en pierres, et il y fait un froid comme en Russie! (Un peu moins peut-être!) Et Bologne donc, avec ses rues étroites, dont on a banni le soleil! Et Florence sans verdure ‘Le jardin de Toscane’ comme on l'appelle; un jardin en pierre! Pas d'avenues, pas de squares, pas d'arbres du tout; il faut quitter la ville pour trouver un peu de verdure, ou bien, il faut se rendre à quelque parc princier, fermé au public, et accessible seulement à des jours et à des heures fixes, avec un billet d'entrée spécial. Le régime des billets d'admission est quelque chose d'affreux ici! Figurez vous qu'a Rome on doit avoir un billet spécial pour chaque musée au Vatican; sculptures, stances et loges de Rafaël, bibliothèque, antiquités, mosaiques, etc. etc. et chaque billet est donné (car on ne le paye pas) par un autre Monseigneur, ce qui fait qu'on perd beaucoup plus de temps en courant après les Monseigneurs qu'on n'en emploit à voir tous les muséums ensemble!
Je vous ai dit en partant que j'allais voir le Pape. Eh bien, je l'ai vu, très bien vu, deux fois au lieu d'une!
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Mina Krüseman.
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