Mr. le Colonel C. Boston.
New-York 11 November 71.
Monsieur!
A l'instant même je viens de recevoir votre gracieuse lettre, dans laquelle vous me faites la proposition de me mettre institutrice dans une famille. Je vous remercie infiniment de l'intérêt que vous me témoignez, mais ce n'est pas là la carrière que je m'étais rèvée en Amérique.
Je suis chanteuse de grand opéra, la guerre m'a chassée de la France et ne sachant où m'enfuir, je suis venue en Amérique, seule, sans autre recommendation que ma voix, sans autre avenir que mon talent, ne demandant rien qu' a me faire connaitre. Je veux me faire une belle réputation, non pas une grande fortune, l'argent ne me tente pas. Si donc vous pouvez me procurer un engagement pour de bons concerts, j'accepte, sans m'inquiéter des conditions, mais ne me parlez plus d'une existence d'institutrice, j'aime trop mon art pour cela.
En attendant, je vous remercie bien cordialement de la peine que vous vous êtes donnée pour moi et je vous prie Monsieur, d'agréer etc.
Mlle K. Réna.