Mijn leven
(1877)–Mina Kruseman– AuteursrechtvrijMademoiselle ***, Bruxelles.
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figure est trop blonde pour mes cheveux, que sais-je! Ils prétendent que je suis le mélange de deux types différents, qu'ils ne savent pas réuner ensemble. C'est réellement très amusant à les entendre! Au commencement les femmes américaines ne me plaisaient pas. Comme partout ailleurs dans le monde, je préfère de beaucoup les hommes aux femmes, quoique les femmes sont bonnes aussi, quand on les connait mieux. Il faut les voir chez elles pour les apprécier, ce sont de bonnes mères de famille, à en juger par les peu que je connais. Dans le monde je les trouve détestables! Hautaines, prétentieuses, impolies, coquettes, sans goût, jalouses, etc. etc. petites enfin, de vraies enfants gâtés, capricieuses au possible. Puis elles ont un certain regard méfiant qui me fait rire souvent, car il ne prouve pas pour la fidélité des hommes! Les hommes sont en effet charmants, et me plaisent beaucoup, à moi, à qui les hommes n'ont jamais plu nulle part! Je leur trouve uneGa naar voetnoot1 délicatesse de sentiments et une finesse d'esprit, qui réunies à une grande réserve, à une politesse inébranlable, leur donnent un attrait tout particulier et leur prêtent un air de calme, de douceur et de distinction, qui est très sympathique. Tout cela ne les empèche pas d'être d'un amoureux désolant et de faire des déclarations d'amour à toute femme qu'ils rencontrent, tout en étant charmants pour leurs propres femmes et en les aimant beaucoup, comme ils prétendent! - Si vous étiez ici, vous auriez souvent l'occasion de vous scandaliser sur mon compte, car je sors sans gants et, comme à Paris, j'achète des fruits aux petites charrettes et je les mange dans la rue! Puis je traverse la rue bras dessus bras dessous avec un agent de police, qui, me sachant étrangère, me prend sous sa protection, et fait arrèter les voitures pour me donner le temps de passer. Somme tout, je me plais fort bien ici et tout le monde est bon pour moi. Si je pouvais avoir autant de chance avec la musique que j'ai avec toutes autres choses, tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes! Mais voilà une autre question. Ce matin un musicien me dit la consolante chose que voici: ‘Du talent? Pourquoi faire? Personne ne vous en demandera! De la voix? Non plus! - Ce qu'il vous faut, le voici: un bon inpresario, Strakosch par exemple, et d'énormes articles dans les journaux; des réclames, des réclames, des réclames! Rien que cela, et votre réputation est faite. Sans réclames pas de talent!’ | |
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C'est consolant et désolant tout à la fois! Enfin, nous verrons à quoi le tout aboutira. ......................... Il n'y a qu'une chose qui m'attriste ici. Ce sont les incendies. Personne ne sait m'en dire la raison, mais le fait est qu'il y a pour le moins deux ou trois incendies par jour. Quand je suis venue ici, la grande cloche de l'église et le sifflet de la pompe n'ont pas cessé de me rendre nerveuse pendant deux jours et une nuit consécusifs! C'est horrible! Maintenant j'y suis déjà un peu habituée et je dis comme les autres: ‘Quand la flamme me brulera, je m'en irai.’ .........................
Mina Krüseman. |
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