A Soeur Phillippe.
Bruxelles 26 Décembre 1866.
Ma chère et bonne Soeur Philippe,
Il me semble que je ne saurai jamais aller jusqu'à la rue des Lombards. Voici près de trois semaines déjà que je suis à peu près rétablie, et pas un jour pour aller vous voir! Pour vous remercier encore de tout ce que vous avez fait pour nous, vous et la soeur supérieure et soeur Cicilienne, et soeur Séraphin, et vous toutes enfin, car l'une vaut l'autre, et je vous aime toutes autant que je vous admire, celles que je ne connais pas par celles que je connais, je crois. J'avais eu l'intention d'aller vous voir le premier jour que l'on me permettrait de sortir, je n'ai pas pu alors, et depuis ce jour, toujours des obstacles, des contrariétés, des occupations pressantes ou du mauvais temps; impossible à faire ce que j'aimais le mieux à faire! Et maintenant que je suis à bout de patience, j'ai pris enfin mon courage à deux mains et je viens vous faire mille et mille excuses pour vous prier de me pardonner mon ingratitude apparente.
Vous avez été bien étonnée peut-être de ne pas avoir reçu les matelas, etc: que je vous avais promis pour cette pauvre femme que vous aviez découverte si bien à point? Pourtant, il ne faut pas trop me gronder pour celà, car c'est le Docteur qui nous a conseillé d'envoyer plutôt tout les effets, dont ma pauvre soeur Delphine s'était servie, à une hospice quelconque, où l'on pourrait les désinfecter convenablement avant de s'en servir, que de les donner à des pauvres qui, par imprudence ou par légèreté,