Mademoiselle B. La Haye.
Ginneken, 29 Mai 1858.
Chère Demoiselle
Maintenant que nous sommes un peu en ordre, je veux vous prouver que je tiens parole et que la distance ne me fait pas oublier mes amis, ce que je ne saurais mieux faire qu'en vous racontant tout ce que nous regarde, et les impressions que notre nouveau séjour a faites sur nous. La ville de Breda est assez jolie et le Ginneken en a le nom; le village n'est pas petit, et serait riant s'il y avait du monde pour l'égayer, mais on ne voit ici presque personne dans la rue; du reste on a des bois etc. ou l'on peut se promener, presque toujours en compagnie du vent et de la poussière qui remplacent les êtres vivants, qu'on s'imagine pouvoir y rencontrer.
Notre maison n'est ni grande, ni petite et bien située, et nous plaira peut-être si nous y serons un peu habitués. Papa et Maman ont une chambre de devant comme Fi et Jenny, Henriette et moi nous habitons une chambre de derrière, d'où l'on peut voir le jardin et le bois, mais, comme notre jardin est nouvellement aangelegen, les arbres ne nous abritent pas assez des rayons du soleil pour pouvoir nous y plaire.
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Mina.