Extrait d'un journal de voyage.
Au dîner je me trouvai assis près d'un marchand de fromage de Sardam, très laid, très bossu, très riche, et dont les filles, disait-on, étaient des anges de beauté. Les méchantes langues ne s'interdisaient pas les conjectures sur ce phénomène singulier, et le:
Qu'en dites-vous, ma voisine?
Qu'en dites-vous, mon voisin?
ne s'oubliait pas, lorsqu'il s'agissait des filles du marchand.
Bref, c'était encore un mari très marri.
A travers ses discours lardés et bourrés de fromage d'Hollande, il débita aux divers habitués, tout en gesticulant avec véhémence de ces deux bras qui traînaient jusqu'à terre et qu'il allongeait encore, l'un de sa fourchette et l'autre de son couteau, une petite anecdote sur le grand Empereur.
- Figurez-vous, messieurs, dit le bourgeois, qu'un jour Napoléon s'avisa de venir à Broek et chez nous, pour regarder d'un peu plus près ces richesses dont on lui avait conté tant de merveilles. Son épouse était avec lui. Il visita la maison du czar Pierre. L'impératrice y entra,