Prose et vers
(1838)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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IV.
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Jeune femme aux yeux bleus, au front pur et candide,
Quand la walse t'emporte au bal éblouissant,
Que la gaieté folâtre et le rire agaçant
Te font bondir heureuse en la salle splendide,
Tu crois que d'élégants ce cortège nombreux
Qui t'entoure et te flatte et t'enserre et s'empresse,
Exalte ta beauté, te proclame déesse,
Et t'admire et s'attache à tes pas en tous lieux,
Tu crois que ce sont eux qui t'aiment d'amour tendre.
Enfant, détrompe-toi! Feux follets que leurs feux,
Leurs discours que filets tendus pour te surprendre!
Mais loin de toi soupire un jeune homme pieux,
Un moine qui gémit et prie et ne se lasse;
Cet homme de tes pas voudrait baiser la trace,
Tu l'as pu voir et l'oublier! . . Pauvre chartreux!
Cet homme t'aime bien! Jour et nuit pour ton âme,
Pour ton bonheur il prie; alors que les plaisirs
Soulèvent dans ton coeur les frivoles désirs,
Il pleure et se soulage en excitant sa flamme.
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Pense à lui, jeune femme! A genoux sous le saule
Il implore pour toi le fils du roi des rois;
Prie à ton tour pour lui devant la sainte croix:
Le cloître vous sépare et la pitié console.
Versons, versons des pleurs sur le pauvre Anatole!
Novembre 1834.
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