Politiek kritiek
(1855)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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La figure noble, sérieuse, austère, que nous avons sous les yeux, n'est pas en désaccord avec l'homme, l'homme de conviction, l'homme supérieur, mais dont malheurcusement l'histoire dira, que dans sa chûte il n'emporta aucune force encore capable d'action. Au moment où il tomba, sa carrière était close, il avait survécu à son génie. Les contradictions que l'on remarque assez souvent chez les hommes extraordinaires entre l'exécution et la pensée n'existaient pas chez Guizot, seulement sa pensée était l'erreur. II ne fut jamais un ministre populaire; on ne 1'est pas aisément, quand on ne partage pas les défauts de son peuple. Cependant, même sans popularité, la France aurait pu lui rester soumise, s'il avait su diriger la force contre laquelle il défendait la royauté. Mais chez lui 1'ordre était la résistance a la liberté, au lieu d'en être 1'organisation. II ne faut d'autre preuve de la nécessité d'une représentation nationale sur des bases plus larges, que cello qui ressort du seul fait, évident aujourd'hui, que le gouvernement franÒ«ais, composé des têtes les plus intelligentes et des talents les | |
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plus exercés, n'en était pas moins complètement ignorant de la disposition des esprits. La chûte de Guizot est un exemple frappant de ce que souvent le changemeut qu'on redoutait surgit avec tous ses dangers, faute de l'Tav oir opéré. II a laissé passer le moment de relever le noyau de la nation, placé entre lui-même et la république, en élargissant le droit politique. Ne songeant qu'au présent, il n'a su se créer aucune certitude contre l'avenir et contre le cas probable de la mort prochaine du roi. Toujours, afin de maintenir l'ordre, il a contribué pour sa part à violer les vrais principes du gouvernement représentatif, à rendre tour à tour le pouvoir dépendant de la Chambre et la Chambre l'instrument du pouvoir. Et tous deux, la représentation et le gouvernement, ont été renversés par une seule commotion, comme si aucun lien ne les attachait au peuple. En France maintenant l'instinct populaire, longtemps comprimé, devance l'époque autant que Guizot en était resté en arrière. Partout, dans tous les pays et de tous les trônes, il pleut tout-à-coup des réformes. Mais ce qui eût été sagesse il y a quelques années, à présent n'est plus que contrainte. Que les gouvernements se rapprochent de la bourgeoisie, il n'y a pas là de mal; reste à savoir, si la contrainte portera les fruits qu'aurait portés la sagesse.
Traduit du Hollandais de Thorbecke, 1848. |
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