Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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I.Écrit sous le portrait d'un ami d'enfance.
Devant les traits chéris de notre jeune Alfred,
Pleurons, chers compagnons, d'une larme sincère
L'ami qui, moissonné dans sa fleur printanière,
Vient de tomber aux lieux où naguère il jouait.
Ah! quand nous admirons ce modeste portrait,
Ce front, de la douceur aimable sanctuaire,
Nous croyons contempler son âme tout entière,
Nous pensons du tombeau le voir qui reparaît.
Le contraire destin a voulu se méprendre,
Ou les anges, jaloux et lassés de t'attendre,
A nos soins t'ont ravi, rare et pur diamant!
Camarade, pardonne à ces pleurs, à ces plaintes,
Mais nos coeurs sont troublés et tu nous aimais tant
Et tu t'en Vas si tôt vers les demeures saintes!
1835.
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II.Vents qui soufflez aux lieux où les astres charmants
Qui brillaient dans ma nuit de leur tendre lumière
- Doux et chastes yeux bleus de celle qui m'est chére -
Se cacheol, vents légers, écoutez mes accents!
Ondes qui bruissez sur votre lit de pierre,
Feuillage épais, propice aux plaintes des amants,
Roulant dans tes rameaux paroles de mystère,
Soyez les messagers de mes cruels tourments!
Votre haleine souvent glisse un penser en l'âme,
D'un penser animé bien souvent un accord
Illumine d'un souffle et d'un murmure enflamme;
Zéphir, soupire-lui mon amour! loin du bord
Emporte mes doux voeux pour son bonheur vers elle,
Dis-lui que je m'égare et que ma nef chancelle!
1836.
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III.A V.d.B....
Aveugles sommes-nous, stupides, sourds! Nos sens
N'aperçoivent jamais que la rude matière,
Ne s'élèvent jamais à la sainte lumière
Qui frappe les esprits des fidèles fervents.
Comme le corps l'àme a des yeux, qui dans les champs
Immortels, au-delà de l'aride poussière,
Pénètrent, pour forcer la porte hospitalière
Du trépas ténébreux qui ravit nos parents.
Mais ces yeux de notre âme, ici du corps esclaves,
Ne peuvent secouer leurs terrestres entraves,
S'élancer tout d'un coup vers les cieux du bonheur;
Ils verraient sans cela tous les morts en prière,
Pour leurs fils implorant la clémenoe du Père,
Et nous marcherions tous vers la tombe sans peur.
1836.
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IV.A W.......
Le soleil de ce jour éclaire notre fête,
La même date, ami, nous vit naître tous deux:
Répandons nos parfums, brûlants aux mêmes feux,
Sur le modeste autel de l'amitié parfaite!
Mais avant les éclats du banquet qui s'apprête,
Compare à ton passé l'avenir hasardeux,
Répands ainsi que moi ta prière discrète,
Après... Vivent la joie et les chants et les jeux!
Nous accueillons ravis les doux soins, la tendresse,
Les voeux de nos parents s'échappant avec pleurs;
Mais qu'on m'offre bijoux, festins, bouquets de fleurs,
Coursiers, meubles de soie où se plaît la paresse,
Rien n'égale le don qu'à trois ans accomplis
Je reçus de la main du Seigneur. Tu naquis.
8 Janvier 1837.
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V.C'est bien la force unie à la bonté, la grâce
Et la mâle puissance à la sérénité!
Dans ses membres d'acier quelle charmante audace!
Dans son âme d'azur quelle limpidité!
Le signe dans ses traits de quelque antique race
Est empreint noblement, et la sagacité
Habite en son regard d'un feu pur agité,
Qui de reflets soudains illumine sa face.
Est-ce un jeune Germain, simple, franc, ingénu?
Est-ce un adolescent des bords lointains venu,
Des îles d'Amérique un généreux sauvage,
Drapé dans sa peau fauve, épris et confiant,
Affamé de bonheur, de vivre impatient?...
Non! c'est d'un coeur loyal la plus parfaite image!
1841.
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L'autre soir j'étais au spectacle. T..... était avec moi. Il me fit remarquer un jeune homme qui causait avec une femme dans une logo d'avant-scène. Nous tâchions de nous rendre raison, par quelque image, de l'impression que nous faisait ce visage, à la fois tendre et moqueur, et d'une innocence si séduisante. Si j'avais songè à Chérubin, j'aurais dil qu'il y avait du Chérubin en lui, mais je trouvai alors qu'il ressemblait aux jeunes héros de Retsch; mon ami était pour les pages d'Albert Durer. | |
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VI.Quel est ce noble enfant aux longs cheveux dorés
Dont la nappe au flot pur cache la fine oreille?
Les mystères voilés d'une amour sans pareille
Ombragent mollement ses regards adorés.
Sur ses traits dé1icats, avec soin colorés,
Se léve transparente une aurore vermeille,
Et le long col penché de la jeune merveille
A le suivre séduit les esprits déchirés.
Est-ce un ange créé par la main du génie,
Animé par les cieux, charmés de tels reflets?
Un varlet de Durer, virginité bénie?
Sur la page de Retsch, celui qui de la vie,
Bouton à peine éclos, tente les hauts sommets?...Ga naar voetnoot1)
Est-ce Faust rajeuni par Méphistophélès?
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VII.Suzanne.
Prête à sortir des eaux, la fille des Hébreux,
Sur le marbre du bain assise solitaire,
Regardait, confiante aux ombres du mystère,
Ses charmes répétés dans le flot amoureux.
Derrière les buissons discrete du pare ombreux
Cachés, les deux vieillards sortent de leur repaire;
On implore, on insiste, on veut, et l'adultère
Ou le trépas éclate en leur oeil ténébreux.
L'un dans ses doigts calleux serre sa main tremblante;
L'autre voluptueux, sur ce beau sein penché,
Presse un baiser impur sur sa bouche innocente.
Et seule et nue! Accours, ô vengeance trop lente!..
Non! Celle qui défend son amour outragé
Ne voit jamais la mort et toujours le péché.
(Traduit de l'italien de vincent giubega, poéte corse.)
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