Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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O vous, qui, ballottés par les vents en furie,
Tendez la pleine voile aux rivages du nord,
Portez, portez mes voeux à ma douce patrie,
A ceux qui me sont chers dites mon triste sort!
Pour écouter ma voix ployez vos blanches aîles!
J'ai là-bas des parents, des amis, nobles coeurs,
Une amante éplorée!... O messagers fidèles,
Saluez-les! Hélas, dans mon exil je meurs!
Bientôt vous planerez, après maints jours d'orage,
Sur de joyeux prés verts aux frais gazons fleuris;
Oh! suspendez alors votre pélerinage;
C'est là que je suis né, c'est mon noble pays!
Le large lac Flévo l'abreuve de ses ondes,
Le vieux Rhin librement y déroule ses flots,
La mer baise ses bords de ses vagues profondes,
Mêlant sa voix sonore aux chants des matelots.
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Tout un peuple à genoux s'y prosterne en silence,
Implorant le Seigneur, humble, fervent, pieux;
Salut à cette plage où ma plus tendre enfance
S'enfuit près des tombeaux où dorment mes aïeux!
Sur la grève déserte une vierge craintive,
Interrogeant les flots, à la faveur du soir
Viendra gémir, se plaindre, et sur la sombre rive,
Devant les grandes eaux, mais vainement, s'asseoir.
Une larme en ses yeux brille comme une étoile;
Elevant vers le ciel son unique désir,
Elle lui redemande une tardive voile
Et l'amant qu'elle attend, si lent à revenir.
Lors descendez vers elle, ô fortunés nuages!
Apportez-lui mes voeux, mes soupirs sans espoir!
Dites-lui bien, qu'aveugle aux décevants mirages
D'un monde, courtisan du vice et du pouvoir,
Je n'ai plus qu'elle en qui je crois, en qui j'espère,
Elle, astre de ma nuit, rayon devant mes pas,
Goutte tombant des cieux, qui calme et désaltère!..
Cher ange de mes jours, ne m'abandonne pas!
Et si la mort, frappant à ma porte modeste,
Refuse au délaissé des parages lointains
Un ami, du destin rompant le cours funeste,
Qui recueille sa cendre et dise ses chagrins;
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Alors dans votre sein, prenez, prenez mon âme!
Emportez, blanes coursiers, du midi vers le nord
Mes suprêmes adieux sur vos aîles de flamme
Et de mon coeur brisé le douloureux accord!
(Traduit du hollandais. - Voyes l'almanach de l'Universitè de Leide pour l'année 1841, page 203.)
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