Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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A M. v..... H...
Sur la côte orageuse, au milieu des frimats,
Quand rugit la tempête,
Le phare, espoir de ceux dont se perdent les mâts,
Dresse sa rouge crête.
Impassible, muet, le front chargé de feux,
Il s'étève, autre étoile
Pour d'autres pélerins, rois-mages curieux,
Dont s'égare la voile.
L'ouragan est debout. Il fouette à triples coups
La vague échevelée;
L'écueil trahit; le gouffre attire, en son courroux,
La carène ébranlée.
Accroupis sur le pout, pilote et matelots,
Dans l'horrible fanfare
Que hurlent dans la nuit les vents avec les flots,
Tous, les yeux sur le phare,
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Invoquent son rayon joyeux, le bras tendu
Vers le fanal qui veille....
Bientôt le vent s'endort. L'équipage abattu
Entre au port qui s'éveille.
Oh, pour celui qui pense à tout moment sous lui
Voir s'ouvrir les abîmes,
C'est la patrie et c'est la vie, alors qu'a lui
Un phare sur les cimes!
Mais le granit altier qui tient tête aux frimats,
Qu'on le prie et l'implore;
Mais que le nautonnier dont il sauve les màts
Le salue et l'adore;
Qu'a l'aube on montre au loin d'un doigt reconnaissant
Le colosse de pierre,
Et que la mer lèche les pieds en s'abaissant
Du géant tutélaire;
A ce front embrasé qu'importe! Sur les flots,
Il règne et règne encore,
Puisque c'est son destin, son besoin. Matelots,
Vos chants, il les ignore!
Sans amour, sans pitié, tirant le fils des mers
Du bras des noirs abîmes,
Il brûle, et jetterait aux océans déserts
Ses lueurs si sublimes.
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Tu te crois délaissé. - ‘Tous m'ont abandonné.’Ga naar voetnoot1) -
Tu te plains. - O notre hôte,
Pour nous trop près des cieux s'élève ton front né
Sur l'orageuse côte!
O mon phare, ô poète!... O nobles amitiés!...
Daigne incliner ta tête!
Du plus humble de tous à tes augustes pieds
La nacelle s'arrête.
Et si tu ne devais, comme un feu de Vesta,
Nourrir les feux de ton génie, ô mon Poète,
Tu sentirais monter à ton superbe faite
Ma chanson imparfaite
Et les vers imparfaits que ma Muse chanta.
1837.
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