Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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Livre VII. | |
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A une enfant.
L'heure de paix et de silence
Plane sur nos modestes toits,
Et la nuit sous son ombre immense
Endort les rumeurs et les voix
Qui dans les villes éveillées
Se répondent ou, débraillées.
Hurlent en choeur dans les festins;
Au foyer éteint le chien veille,
Et, comptant sur l'aube vermeille,
L'homme livre au repos ses jours si peu certains.
Mais quand sur une heureuse couche L'Amour répand les songes d'or,
A mon chevet, il effarouche,
Des esprits du sommeil l'essor.
Mon sang s'allume, et ma pensée,
D'images brûlantes lassée,
- Du coeur ému charme et tourment! - Embrase et martelle ma tête,
Jusqu'à ce que l'aurore jette
A mes sens épuisés un court soulagement.
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L'oeil attaché sur tes épaules,
Qui tremblent au contact de l'eau,
Je te guette à l'ombre des saules,
Près des bords fleuris d'un ruisseau.
Baignant tes pieds de nacre humides,
Tu souris, quand les flots limpides
Prêtent leur transparent miroir
A les grâces, enfant charmante,
Dont le coeur tendre et l'âme aimante
Exercent sur mon être un magique pouvoir.
Quelquefois mon esprit me pousse
Vers l'étroit sentier onduleux,
Mollement recouvert de mousse
Et trop peu large pour nous deux.
La lune argente la verdure,
Dans le taillis le vent murmure;
Tout-à-coup ton coeur enflammé
Déborde, tes bras, ô ma belle!
M'étreignent, et ton oeil révèle
L'amour, l'immense amour, qu'en ton sein j'allumai.
Et toi, tandis que ma pensée
Ebauche un bonheur incertain
Et que l'image commencée
Se change en brouillard du matin,
Sur ta simple couche de roses,
O mon agneau, tu te reposes
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De la fatigue de tes jeux;
Ton souffle est égal et placide,
Point de soucis, âme candide!
Dans tes cieux azurés il n'est rien d'orageux!
La blancheur de ton frais visage
N'ont point altéré de longs pleurs;
Ton sommeil n'est que le passage
Du papillon à d'autres fleurs;
Hors les courses échevelées,
L'ombre de tes nobles allées,
L'hiver, la glace des étangs,
Les lèvres de ta bonne mère,
Tu ne connais rien de la terre,
Et ton monde finit à l'émail de tes champs.
Un jour, quand tes nuits moins tranquilles
De doux pensers te berceront,
Quand parfois des rougeurs fébriles
Glisseront sur ton jeune front,
Quand le zéphire, moins folàtre,
Agitera ton sein d'albàtre,
Alors sur mes jours incomplets
Le soleil se lève, et ta vie
Passe, divine eucharistie,
Sous mon amour ainsi que sous un vaste dais!
1839.
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