Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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A Madame van B....
Serviteurs de la froide prose,
Trop fiers d'une austère raison,
Osez encor flétrir ma rose,
Crier: - démence, illusion!
Poésie, ô triste chimère!
Vapeur stérile de la terre
Qui semble descendre des cieux,
Qui revêt de splendeurs pompeuses
De chères images trompeuses
Et qui s'évapore à nos yeux!
Non! depuis que, l'âme en extase,
J'ai contemplé dans sa candeur
- Mère, qu'un tendre amour embrase
Pour cette riche plante en fleur! -
Votre orgueil, la douce Marie,
Onde de lait jamais tarie,
De votre front charmant joyau,
Ignorant ses attraits, sa grâce,
Chasser chaque penser qui passe
Par un conte auprès du berceau;
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Que ce bel ange de la terre
S'est offert à mon oeil fervent,
Non! tu n'es plus une chimère.
Don sublime! car cette enfant,
Fauvette à la note vibrante,
Flot de poésie enivrante,
Est des anges un pur reflet.
De tels êtres, chastes mensonges,
Disais-je, nous peuplons nos songes...
Mais non! Dieu parfois en permet!
O vous, trois fois heureuse femme,
Qui, bénie aux yeux du Seigneur,
Sentez la beauté de votre âme
- Source abondante de bonheur! -
Se repéter dans votre fille,
Etoile à l'horizon qui brille
Et monte à votre firmament,
Où votre avenir se résume,
Qui vous verse lumière ou brume,
Douleur sombre ou contentement!
Heureuse épouse, heureuse mère,
Belle de votre belle enfant,
A vous des palais, l'onde claire
Où soupire le moindre vent,
A vous un trône, un diadème,
Mais à moi celle qui vous aime!
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- Non, non! dites-vous sans ployer,
Gardez vos trésors, j'ai ma fille;
C'est mon trésor à moi, qui brille
Et rayonne à mon gai foyer!
Il est un astre tutélaire
Que révèrent les matelots,
Vers qui monte l'humble prière
Du nautonnier, bravant les flots
Sur le bâtiment qui chancelle;
C'est la blanche étoile de celle
Qui mit au monde le Sauveur,
L'astre de la vierge Marie,
Qui calme le mortel qui prie
Et soumet la vague en fureur.
Bonne mère, la même étoile
Pour vous a lui dans vos cieux bleus;
Sur votre azur jamais de voile,
Jamais d'ouragan furieux.
Autre étoile propice, amie,
A vous toujours votre Marie
Sourit et docile vous suit.
Oh! quand viendra le crépuscule,
Qu'elle soit le flambeau qui brûle
Et vous fasse oublier la nuit!
1837.
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